A coeur ouvert, avec les membres de la Compagnie Tour de cirque a El Jadida

La compagnie Tour de Cirque a joué devant le public jdidi, un spectacle le Dimanche 15 février 2009 au théâtre municipal d’El Jadida. Un drôle de petit duo nous a entrainé dans son deux pièces, occasion d’un spectacle ou la jonglerie et la magie s’allient a l’humour et la poésie. Un décor mobile leur a offert un terrain propice aux jeux amoureux, aux disputes, aux curieuses explorations. Ce spectacle de nouveau cirque est un spectacle pour tous, utilisant le mime et le jeu clownesque comme langage universel, sur un thème de la rencontre et l’esprit poétique et humoristique, pour s’adresser aux petits et grands.

De même, la Compagnie a organisé un atelier de cirque du 12 au 14 février 2009 a la salle du parc Hassan 2, cette compagnie qui, au cours de ses tournées, propose a ceux qui le souhaitent, des initiations aux Arts du Cirque, ces tournées l’a menée en Afrique depuis janvier 2009.

Eljadida.ma a rencontré les membres de la Compagnie: le Père Farid, la Maman Marion et leurs enfants Chamsi et Maélla, qui nous ont conté leur aventure pour le plaisir des lecteurs. Au cours du spectacle, Maélla s’est blessé a la tête. Nous lui souhaitons un bon rétablissement.

Bientôt dix ans que l’association Tour de Cirque a été créée par quatre élèves de l’école de cirque Annie Fratellini a Paris. Voulez-vous nous parler de votre commencement dans le monde du spectacle circassien?

Nous nous sommes rencontrés il y a dix ans avec Farid a l’école de cirque Fratellini. Nous avions déja a ce moment la le projet de partir en voyage avec un spectacle. c’est cet amour du cirque et de la rencontre qui nous a rapproché. De mon côté, j avais commencé le cirque dans une école de loisir a l’âge de 11 ans. J ai toujours eu envie de faire du cirque.

L’association Tour de Cirque a pour but de promouvoir et développer les arts du Cirque a travers quatre activités essentielles: le cirque éducatif, la création de spectacles, l’organisation de tournées internationales et nationales et la co-organisation annuelle du Festival “Shamlalou”…, parlez-nous en un peu !

Nous avons toujours voulu rendre accessible “les arts du cirque” a tous. Nous avons donc commencé a faire des spectacles, aussi bien en théâtre que dans des toutes petites communes françaises qui ne connaissait pas ce mouvement de “nouveau cirque” que nous interprétons.
Par la suite, nous avons découvert que le cirque a de grandes valeurs humaines et sociales (écoute des autres, travail en groupe, confiance en soi…) et nous avons commencé des stages dans des milieux difficiles (milieu carcéral entre autre). Les arts du cirque sont vastes et chacun peu y trouver sa voie. Lors des stages, nous avons toujours été surpris de la motivation et de l’acharnement que les jeunes mettaient en œuvres pour y arriver.

Quelles sont les différentes techniques en art de cirque que vous utilisez dans vos spectacles?

Les technique de cirque sont pour ce spectacle la : le jonglage et la magie, mais nous mettons aussi beaucoup de jeu d’acteur puisque nous racontons une histoire. La magie se transforme alors en “images magiques”. Nous essayons de mettre beaucoup d’humour et de poésie quand nous jouons nos spectacles.

Vous avez comme principe l’ouverture et l’accessibilité a l’art et a la culture pour tous le monde. Voulez-vous nous expliquer davantage cette approche?

Autrefois en France, le cirque était un spectacle très populaire, il s’arrêtait dans les villages et les gens se rassemblaient autour du chapiteau pour un moment de détente et d’émerveillement. Nous voulons aujourd hui proposer au plus d’amateur possible de voir un spectacle de “nouveau cirque”. c’est pourquoi nous sortons fréquemment des sentiers battus et des cadres institutionnels pour proposer des spectacles dans des lieux qui n’ont pas l’habitude d’en recevoir. Quand nous trouvons des financements, nous repoussons les limites. Ainsi par exemple, nous sommes intervenus en 2000 dans les camps de réfugiés en Guinée, en proposant des formations et des spectacles. Offrir quelques heures de formation, de détente, de rêves, c’est la seule chose que nous savons faire, alors nous souhaitons partager cela.

Tout au long de l’année, la compagnie se rend dans différentes régions ou pays pour présenter ses spectacles et organiser avec les associations locales (souvent sociales ou humanitaires) des ateliers et formations en art de cirque pour des populations en grande difficulté. Pourquoi avez-vous ciblés les populations en détresse comme spectateurs et apprentis?

Par le biais des Instituts et Alliances, nous contactons les organisations locales sociales et humanitaires afin de jouer des spectacles et faire plaisir aux enfants en situation précaire. Le cirque se spécifie par les différentes façons de jouer dans les spectacles dont le but est de faire le cirque pour tout le monde. Ainsi, la Compagnie a comme principe de faire des spectacles caritatifs et non pas pour gagner de l’argent. Dans ce sens, les spectacles joués dans les milieux défavorisés ont pour but de faire sortir les gens du quotidien et de les insérer dans la vie normale.

Entre votre premier spectacle intitulé “Nomades” et votre dernier spectacle “Derrière la porte”, objet de votre tournée en Afrique; vous avez joué d’importantes représentations de cirque en France et a l’étranger. Quelles sont les spécificités de chaque spectacle?

Chaque spectacle est une nouvelle aventure. Déja parce qu il faut former une équipe avec laquelle nous allons créer, nous déplacer, jouer. Passer des mois avec d’autres artistes n’est pas forcement facile au quotidien !
Nous avons deux autres créations qui ont bien tournées : une avec des portés acrobatiques et l’autre avec un petit trapèze volant qui est venue au Maroc en 2002. Une fois l’équipe constituée, il faut encore créer le spectacle, faire les costumes, trouver les musiques, vendre la création. c’est une vraie aventure a chaque fois. En moyenne un spectacle tourne bien au bout d’un an de création et vit 2 ou 3 ans.

Les représentations en Colombie vous ont prouvé que la demande en spectacle vivant a l’étranger est importante. Alors, vous avez revisité ces tournées express en une tournée au long-court. Resultat: traverser l’Afrique par la façade ouest en dix mois…

Effectivement, nous avons constaté une demande croissante en spectacle circassien. Ceci dit, nous avons organisé cette tournée africaine afin de toucher un public nombreux et diversifié.

Pour votre traversée en Afrique, vous avez monté votre nouvelle création “Derrière la porte”: magie nouvelle et jonglerie. Voulez-vous nous parler du spectacle “Derrière la porte” que vous avez joué au théâtre municipale a El Jadida au Maroc?

Nous avons toujours créé nos spectacles avec au moins 4 artistes et 1 technicien. Parfois beaucoup plus. Pour cette tournée africaine, nous avons décidé de partir a deux et nous gérons tout pendant le spectacle : la prestation, la musique, la lumière, le montage et démontage. c’est un vrai défi en soi de tout faire ! Le spectacle est comme tout ceux que nous créons : il raconte l’histoire de personnage dans un contexte particulier, avec comme langage le cirque. Ici, c’est la rencontre d’un couple et son quotidien. Bien s»r avec humour !

Vous avez aussi animé des ateliers de formations en art de cirque du 12 au 14 février 2009 a El Jadida…

Nous avons constaté que les jeunes marocains sont très motivés même s’ils n’arrivent pas a assumer complètement le jeu circassien. Mais, ils ont montré durant les ateliers des capacités qu ils doivent bien gérer. Généralement, les jeunes marocains sont intéressés par les différentes formes culturelles ce qui les aide a s’adapter facilement aux nouveautés.

Comment avez-vous trouvé les spectateurs marocains et les spectateurs jdidis en particulier?

Nous avons joué devant des gens de différentes nationalités et cultures, et nos spectacles ont fait rire tout le monde car le spectacle en art de cirque est universel.

Pour boucler la boucle, vous avez un long chemin a parcourir. Comment préparez-vous physiquement et psychologiquement pour ce long périple?

Nous avons beaucoup préparé en amont : j ai regardé les cartes, nous avons établi un parcours avec Eve, notre administratrice, vérifié que les frontières étaient ouvertes. J ai expliqué aux enfants ce que nous allions faire. Maintenant que nous sommes lancés, nous voyons au jour le jour, comme pour n’importe quelle tournée. Avec les dates de spectacles comme seule contrainte de temps. c’est très agréable.

Le vendredi 5 décembre 2008, vous avez écrit dans votre site: “Nous avons appris que Shemsi était diabétique. Une simple analyse d’urine et la vie bascule. Nous passons une partie du mois d’octobre a l’hôpital. Le projet n’existe plus. Une chose est sure: je n’ai pas envie de faire rire!”. Pouvez-vous nous expliquer davantage?

Quand on apprend que son enfant est malade, la nouvelle est si violente qu on en veut au monde entier. Nous avons découvert que notre enfant allait devoir se faire des piq»res quotidiennes et vérifier son alimentation en permanence pour vivre. c’est très dur, nous avons été très attristés avant d’admettre la nouvelle.
Alors quand nous devions aller dans les théâtres pour jouer notre spectacle et donner un maximum pour les faire rire, c’était très dur. Je pensais a mon garçon en espérant qu il aille bien et j avais du mal a me concentrer. J avais du mal a rendre les autres gais alors que j étais moi même si lugubre. Mais Shemsi a une formidable énergie et actuellement va bien. Nous avons donc décidé de poursuivre l’aventure en famille.

En guise de conclusion, un message de Shemsi et de Maélla pour les enfants du monde?

Shemsi: Je m appelle Shemsi et j ai 7 ans. J ai les yeux bleus. Le 15 janvier 2009, je vais partir en Afrique, avec Papa et Maman et Maélla, pour faire des spectacles. Je trouve bien de découvrir des choses, et moins bien de quitter mes copains. J aime les animaux et l’école. c’est maman qui va me faire l’école (et papa). J espère voir des lions. J aime les beaux paysages et les pecheurs du Maroc. J ai visité la Cité portugaise d’El Jadida, le marché de légumes aussi.

Maélla: Je m appelle Maélla et j ai 6 ans. Je n’ai pas encore de dents tombées. J aime bien quand c’est Noel ou les anniversaires (les anniversaires a moi évidemment). J aimerais bien avoir un cheval pour aller a l’école au galop. Ce que j aimerais bien aussi, c’est que quelqu un vienne avec nous en Afrique, ça me ferait beaucoup plaisir parce que quand on est partis a plein en Inde, on s’était fait des copains. Je n’aime pas qu on vende le camion et qu a la place on prenne un 4.4. Et aussi, ce que je n’aime pas, c’est que je ne peux pas avoir de chat parce qu on part en voyage et mon père est allergique. J ai pas envie de rater l’école…Mais, si ma mère elle fait l’école, j espère que je n’aurai pas a faire le travail sur le fichier (et le reste). J aimerai faire la connaissance des enfants du monde pour leurs raconter des histoires belles et amusantes.

Merci Shemsi… Merci Maélla…

Interviewé par Abdelali NAJAH


Eljadida.com

Auteur/autrice