AMMI SALEH LEHMI MALEH

Révolu, le temps de « Aammi Saleh, Lahmi Maleh » ?
Nos abeilles sous la menace des pesticides et des insecticides.

Les abeilles subissent une véritable hécatombe. Elles meurent de plus en plus et a une cadence anormale. Un apiculteur perd chaque année environ le tiers de ses ruches.

Imaginons un seul instant, chaque éleveur perdant annuellement le tiers de son cheptel… ?

Mais ce qui est plus étonnant encore, c’est que les services concernés n’ont pas encore jugé bon de tirer la sonnette d’alarme. Même son de cloche du coté de notre ministère. c’est la politique de : Circulez, il n’y a rien a voir.

Enfant, je me rappelle encore ces essaims d’abeilles (des centaines voire des milliers) bourdonnant autour de « chebbakia » pendant les périodes du Ramadan. On avait parfois du mal a discerner le vendeur, tellement elles foisonnaient, au point d’en faire écran. Pour nous approcher et faire nos courses sans risque d’être piqués, on n’arrêtait pas de répéter, comme une sorte de verset coranique, de sésame ou de pacte de bon voisinage avec les abeilles : « Aammi saleh, lahmi maleh. » !!!

Aujourd hui, tout ceci n’est plus qu un lointain souvenir. Quand je me surprends parfois entrain de raconter ces histoires a mes enfants, je remarque qu ils ont du mal a se représenter ces tableaux ces belles toiles. Tant d’abeilles : Foisonnant, faisant écran ne peuvent être pour eux qu une farce, une illusion… une histoire de plus, imaginée par leur papa, pour les distraire.

Cette incompréhension, est la preuve irréfutable, qu entre mon enfance et le leur, les abeilles ont disparu a une vitesse éclaire. Personne ne semble avoir vu venir la catastrophe.

Et pourtant, sans ces abeilles, notre table ne sera plus jamais la même. : Plus de miel (ça va de soi), plus de café, plus de fruits, sans oublier 80% des plantes a fleurs, pour qui les abeilles sont vectrices de pollen Il restera quelque chose comme du riz, de la pomme de terre pour ne pas dire pas grand-chose a manger sur nos tables !

Alors a quoi est due cette hécatombe ?

D après les premières hypothèses, il y aurait d’abord les accidents naturels, mais aussi et surtout l’usage abusif des pesticides et insecticides. A cause de ces derniers, les abeilles vivent aujourd hui dans une sorte de « désert vert ». En butinant sur des champs traités, les abeilles s’exposent au risque de voir leur système nerveux central s’affecter, suivi d’une mort presque immédiate.
Certains pays d’Europe ont fini par interdire l’utilisation des pesticides en plein jour, quand les abeilles sont dehors et butinent. Mais cela ne se fait pas sans mal, car les agriculteurs, ne trouvant pas leur compte dans cette « rétorsion », font de la résistance.

Une hypothèse n’est pas une preuve scientifique irréfutable et par extension, tout mettre sur le dos des pesticides en les pointant comme unique cause serait vite allé en besogne..

Cette situation de statu quo, n’arrange pas les affaires des défenseurs de l’environnement et surtout pas celle des abeilles. Et c’est pourquoi, l’Angleterre vient d’investir dernièrement 12 millions d’euros dans la recherche scientifique. Cela permettra d’une part de percer le mystère derrière cette surmortalité des abeilles et surtout de couper court a toutes les spéculations et surenchères.

Tout ceci nous amène aux questions suivantes :
– Combien d’apiculteurs au Maroc, sont au courant de ce qui se fait ailleurs pour sauver les abeilles (leurs abeilles) d’une disparition totale ?
– Combien parmi nos « techniciens »spécialisés en agriculture au Maroc, en savent quelque chose a ce propos ?
– Au cas contraire, comment peut-on justifier ce mutisme devant cette situation des plus préoccupantes ?

Si nous avons jugé opportun de tirer cette sonnette d’alarme aujourd hui, c’est pour que nos enfants, nos petits enfants puissent continuer a chanter après nous, ce sésame magique, ce « pacte de bon voisinage » : « Sidi Saleh Lehmi Maleh ». Un monde où ceux qui sont enfants aujourd hui, sauront sauvegarder paix et équilibre de leur écosystème, mieux que leurs parents n’ont réussi a le faire .

Amen.

Abdellah HANBALI
Ahdate Doukkalia

Auteur/autrice