Azemmour attend toujours la réhabilitation de son patrimoine

L ancienne médina d’Azemmour, dépositaire d’un passé historique millénaire, a perdu quelques atouts de son équipement socio-spatial originel.
Ainsi plusieurs édifices historiques, qui constituent des bâtiments de valeur et disposant de statuts privilégiés tels que «la capitainerie», «Borddjs», «Dar El Kadi», portes de bastions, citadelle portugaise, passages couverts et des arcades, sont désaffectés et subissent une dégradation totale.

Il en va de même pour les anciennes maisons qui ne sont plus habitées par les familles d’origines mais restent sous-occupées sévissant parfois les effets de l’indivision des héritiers. Le processus de délabrement est général et touche tous les édifices historiques de l’ancienne médina. «Le paysage de cette cité historique ne transmet plus de message culturel, il devient ainsi anachronique, se dégrade et se marginalise».
Où est passé le projet de création d’une maison d’art a l’ancienne médina d’Azemmour ?
Dans le cadre de la revalorisation de l’ancienne médina d’Azemmour, un projet de création d’une maison d’art a été programmé a la place de l’ancienne école de filles construite dans les années 1940.

Le projet fait partie, croyons-nous savoir, d’un ambitieux programme de restructuration de ladite médina.
Malheureusement le projet est tombé a l’eau, juste après la démolition d’une partie de cette ancienne école.

Pour la renaissance des anciens métiers

Depuis des décennies, la médina d’Azemmour a connu un abandon de métiers traditionnels tels que tisserands, fileuses, cordonniers, tanneurs, forgerons, poteries et travail du bois. Azemmour fut aussi un des centres principaux de la broderie.

Les dessins d’Azemmour sont parmi les plus éton
On y trouve des animaux fantastiques (dragons, paons, et lions) qui rappèlent certaines figures héraldiques du Moyen Age et que l’on retrouve dans l’art persan.

Aussi les tapis dit «Azemmour» caractérisés par un dragon et un encadrement. Les Juifs d’Azemmour étaient, eux aussi, réputés par certains métiers : les bijoux, l’argent, la fabrication d’ustensiles en fer blanc.
Actuellement plus rien ne reste de ce que fut la renommée d’Azemmour sauf quelques rares métiers tel que tisserands et broderie.
Appel aux responsables concernés pour faire revivre les anciens métiers en état de déperdition

Mohamed Lafhal Ben Cherki, doyen des élus de la région d’Azemmour

Agriculteur de fonction, M. Ben Cherki a assuré durant plusieurs années, des responsabilités de parlementaire, d’élu communal et de président de la chambre d’agriculture. Homme de terrain, M. Ben cherki a consacré toute sa vie au développement de la région d’El Jadida sur le plan agricole et social.
Pour lui «la Province d’El Jadida offre une panoplie de possibilités pour les investisseurs potentiels dans le domaine de l’agriculture, notamment la production agricole directe, l’agro-industrie (betterave, viticulture, tomate, vigne, aliments de bétail…).

L’existence d’un périmètre irrigué important constitue une véritable opportunité de développement qui nécessite l’intervention de tous les acteurs dans un cadre de partenariat actif ».

Les aménagements hydro-agricoles, l’encadrement et la vulgarisation assurés par l’ORMVAD et la DPA d’El Jadida, l’expérience des agriculteurs, les organisations professionnelles, les usines agro-industrielles (sucreries, laiteries, …), deux zones industrielles, le port Jorf Lasfar, futur autoroute et la position stratégique de Doukala, sont autant d’atouts qui sont a même de renforcer les perspectives de développement du secteur agricole dans cette province.

Deuxième pôle industriel du pays, la province d’El Jadida connaît, depuis quelques temps, une transformation en profondeur grâce au développement de ses activités agricoles, touristiques et industrielles. De telles activités constituent désormais le principal atout pour son essor économique.

Le tourisme, une crise structurelle

La ville d’Azemmour a toutes les potentialités pour assumer un grand rôle dans le développement du secteur touristique.
Le cadre naturel enchanteur des sites balnéaires (El Haouzia), des monuments historiques et la situation géographique fait de cette ville un lieu prisé de tourisme et mérite largement l’escapade. Supposons que les touristes affluent sur Azemmour, que leur proposent concrètement les structures touristiques de la ville aujourd hui ? Aucune infrastructure de base ! Il n’y a aucun hôtel où un touriste puisse passer quelques jours a Azemmour.

Il est de même pour la restaura Il n’existe aucun restaurant digne de visite et qui peut donner envie aux touristes d’apprécier un service de qualité, une cuisine de choix… Il n’y a aucun lieu de promenade où le visiteur puisse se fondre dans la population et acheter quelques objets de souvenirs de la ville. Devant cette situation, les responsables des départements concernés doivent trouver de nouvelles formules pour sensibiliser les investisseurs locaux et nationaux pour venir réaliser des projets touristiques a Azemmour.

L’animation fait défaut

Durant la saison estivale, la ville d’Azemmour est prise d’assaut par des visiteurs étrangers et nationaux, ce qui nous amène a soulever le problème de l’animation locale. Or, en la matière, la ville d’Azemmour souffre d’un manque chronique de loisirs dignes de ce nom, c’est-a-dire des lieux décents et chaleureux, car a part les cafés, ultime refuge de la majorité des visiteurs et habitants, il n’y a pas d’autres lieux où aller.

Nostalgie d’un citoyen azemmouri

De la, l’intérêt et la nécessité d’imaginer de nouvelles formules d’animation adaptées aux besoins spécifiques des visiteurs et de la population locale comme par le passé.

Rifki Mohamed, professeur de langue française retraité, connu par son dynamisme et ses activités associatives (culturelles, artistiques et sportives) nous livre ses impressions sur l’atmosphère ambiante a Azemmour.

Quand on veut échapper a la solitude ou combattre l’ennui qui comprime le cœur ; quand on veut voir quelque chose qui réjouisse l’âme ou qui réconforte l’esprit, malheureusement tous les désirs demeurent inassouvis et vous ne pourriez deviner l’impact d’un tel refoulement et d’une telle amertume. Ces déceptions et cet ennui mortel mènent insidieusement au pessimisme, et la seule issue de dépassement qui soit alors disponible est d’avoir recours a un passé non lointain, a la nostalgie des beaux souvenirs et des belles soirées artistiques qu on organisait pendant notre fervente et ambitieuse jeunesse dans cette petite et merveilleuse ville qu était Azemmour, cette splendide ville propre, un site romantique privilégié pour les touristes venant de toute part.

Azemmour était toujours une source d’inspiration et de création poétique et littéraire pour un grand nombre de penseurs et écrivains.
On espère revoir la cité historique, modèle de tous les temps, refuge d’éminentes personnalités intellectuelles, telles que Roland Barthe, Michel Foucault, Abdallah Laroui et autres et lieu de diverses activités culturelles et artistiques d’autrefois.

Apercu de La ville d’Azemmour

Azemmour, l’ancienne «Azama» des Romains, fut, elle aussi, portugaise au début du XVIe siècle. Cette cité, fort plaisante, située au bord de l’Oum Er-R Biâ, dresse ses importants remparts qui baignent et se reflètent dans l’estuaire de l’Oum Er-R Biâ.

Le destin de cette la ville a toujours été lié au cours d’eau sur les berges duquel elle a été bâtie. Azemmour tira profit, plusieurs décennies, de la pêche a l’alose. La médina forme un quadrilatère allongé au bord du fleuve, limité au nord par la Kasbah, a l’ouest par les quartiers Zaouias, au sud par l’ancienne route de Casablanca et, a l’est, par l’Oued Oum Er-R bie. l’enceinte de la médina présente trois bastions. Il y a le bordj Sidi Moumen.

Puis, au sud-ouest, se dresse un double bastion, l’un demi-circulaire, se trouve au nord de Bab Derb Fougani. Il est surmonté de petites pyramides qu on appelle Seqqala, de bordj de Bâ-Qaïd, l’autre forme un saillant rectangulaire a l’angle sud-ouest de l’enceinte, et surmontant Bab Derb Fougani. Enfin, il y a le bordj Derb Chtouka.

La Kasbah est entièrement entourée de remparts élevés en maçonnerie. Ils sont couronnés d’un chemin d’environ deux mètres de largeur, ce chemin fait communiquer entre eux, six bastions : bordj Hfir, borj Sidi Ouadoud, bordj El Ouasti, bordj Fondok El Hana, bordj Tahouna et bordj El Mellah. On pourra déambuler dans ses rues et voir des portes de maisons, maintes réminiscences d’architecture portugaise. On peut voir aussi Dar El Baroud (la Maison de la poudre), en ruine, qui est dominée par une tour a fenêtres de style gothique. Du chemin de ronde de l’enceinte, panorama sur l’Oued Oum Er-R Biâ.

Saint patron de la ville : Moulay Bouchaib Erraddad

Le mouvement maraboutique est très populaire a Azemmour. Du temps des Almoravides, un homme caractérisa cette époque dans la ville d’Azemmour
« Moulay Bouchaïb Erraddad ». Né en 463 de l’Hégire a « Ayir », cercle d’Abda, province de Safi, il a voyagé dans différentes villes du pays a la recherche de la science, comme Aghmat, Ourika, Fes et Azemmour ainsi que l’Andalousie (Séville et Cordoue).

La ville d’Azemmour est devenue, durant cette période, un lieu de sciences et de savants, et le pôle d’attraction des étudiants des différentes villes du pays.
Moulay Bouchaïb Erraddad est mort en 561 de l’Hégire a l’âge de 98 ans. Son sanctuaire est la première image qui surgit devant le visiteur arrivant a la ville.

Sil Bouhali Bousselham
LE MATIN

Auteur/autrice