Conférence du directeur de l’ISCAE a l’ENCG El Jadida

Monsieur Rachid MRABET Directeur de l’ISCAE, était l’invité de l’Ecole Nationale de Commerce et de gestion d’EL JADIDA, le jeudi 14 décembre 2006. Nous présentons un résumé de la conférence telle qu elle a été présentée par Mr MRABET:

Cette animation ne peut pas prétendre faire un tour complet de la question du management mais va présenter quelques idées sur le concept de la gestion d’une manière synthétique, éclairer l’assistance sur ce phénomène qui prend de plus en plus de place dans la vie de tous les jours.

La première question qui se pose quand on aborde le sujet est de savoir s’il y a une différence entre les deux concepts gestion et management.
La réponse est non, « management » est la traduction pure et simple du mot « gestion ».

On se rend compte de jour en jour que le terme de « gestion » a été galvaudé, utilisé dans nombre de situations touchant différents domaines. On parle de gestion financière, gestion des ressources humaines, gestion commerciale, gestion patrimoniale… Chacun de nous gère son budget ou son portefeuille. Tout le monde s’approprie le concept qui envahit notre quotidien. On gère ses vacances, ses envies ou son stress. Les termes en rapport avec le monde de la gestion sont utilisés dans des domaines aussi éloignés les uns des autres. On dit que « la santé est devenu un capital », « on s’investit dans une relation » ou alors « il faut être compétitif », « chacun doit faire son bilan » ou « qu il saisisse une opportunité… »

De nos jours, on est passé de « l’homo oconomicus » a « l’homo gestionus ». Nos pensées sont versées dans la performance de l’être en référence au volet économique, mangerial, dans le but suprême d’accéder au bonheur et au bien êtreLe terme « gestion » est utilisé comme un gadget, un vocable incontournable dans le langage de tous les jours.

Et malgré l’utilisation tout azimuts du mot « gestion », peut-on véritablement dire que « la culture gestionnaire » est réellement assimilée par ceux qui en réclament la paternité ?

Rien n’est moins s»r !

Au tout début de la généralisation du concept de « gestion », on assimilait celui-ci soit a la comptabilité, soit a l’activité commerciale, toute performance d’un gestionnaire avait trait a ces deux notions. Cette conception n’est pas totalement fausse car depuis les origines les plus lointaines, l’homme a toujours utilisée une certaine forme de comptabilité pour diriger sa vie et celle de sa famille.

Définition :

Les sciences de gestion ont pour objet :« la connaissance de la pratique gestionnaire » En d’autres termes c’est savoir comment diriger les individus et les structures organisationnelles : le champ de la gestion concerne évidemment toutes les organisations, les structures mais aussi les outils qui permettent de gérer toute organisation privée ou publique…

La question qui se pose est : « faut-il enseigner la pratique gestionnaire ou seulement les outils qui en dépendent ? » Ainsi, l’enseignement de la gestion est partagé entre deux visions diamétralement opposés : l’empirisme ou la rationalité technique.

L’empirisme :

c’est la méthode des études de cas, études faites sur des documents qui transmettent un certain vécu, une certaine expérience,un ensemble de pratiques qu on pourrait transposer a des situations similaires et en obtenir des leçons et des recettes a appliquer dans d’autres circonstances. Cette méthode a occupé et occupe encore un champs important dans le monde de la gestion, une méthode qui privilégie la pratique par rapport aux études et a la théorie. Beaucoup de gestionnaires croient que c’est la meilleure méthode de formation. La presse a son tour met constamment en valeur les praticiens, les leaders de leur profession qui sont en vérité ses propres sponsors… Tous les magasines ainsi que les revues spécialisées montrent et démontrent la prédominance de la réussite des praticiens. Des interviews et reportages sont constamment édités couvrant l’expérience d’hommes d’affaires ,gestionnaires aguerris se permettant parfois de donner des conseils aux débutants et des recettes aux personnes inexpérimentées.

Aujourd hui la gestion du point de vue empirique est de plus en plus banalisée dans un discours mêlant souvent le vécu des managers a ce qui est émotionnel.

Le rationalisme :

Toute cette version empirique en vogue dans la presse et les mass medias est complètement écartée de la littérature managériale des enseignants qui privilégient l’application des techniques rationnelles et abstraites de la gestion.
Rationnaliser la gestion c’est maitriser les co»ts et si la comptabilité générale permet de donner une idée globale et chiffrée d’une entreprise, la comptabilité analytique permet d’apporter une analyse synthétique et rationnelle de la réalité.

Entre empirisme ou rationalisme on en arrive a se demander quelle est la version la plus valable? Est ce qu on peut arriver a faire un choix judicieux?
En vérité, le management regroupe les deux méthodes. Il y a une telle imbrication entre les deux techniques qu il est difficile de les dissocier. Toute pratique managériale mêle les techniques et outils théoriques avec l’expérience et la pratique. Le bon manager est celui qui a l’intelligence de détecter les problèmes pour mieux les résoudre (certains l’appellent capacité de synthèse ou globalisation…)

On a tendance a comparer la gestion a la médecine : les deux domaines se basent sur un champ de connaissances variées et ne sont pas loin de la pratique, indissociables de l’exercice professionnel.

A la fin de cette conférence, un débat fructueux et franc a eu lieu avec l’assistance des étudiants de l’ENCG d’El Jadida et de la faculté.

Une conférence a ne pas oublier.

Tarik BOUBIYA

Auteur/autrice