CRISE DE SENS

Depuis la fin du XXè.S, des conflits déchirent le monde arabe avec une rare violence. l’Iraq, La Syrie, La Palestine, La Somalie, Le Soudan, Le Yémen, La Lybie etc. Des pays entiers se désagrègent comme des tartes molles ou br»lent comme des torches imbibées. La fréquence des combats, leur ampleur, leur férocité, leurs prétextes, leurs dégâts prouvent qu il y a désormais nécessité et urgence de repenser les outils d’approche de la vie.

Toutes les disciplines sont a repenser. l’histoire, le droit, la morale, même les langues et l’arithmétique sont a revoir. Les mots n’ont plus le même sens, les chiffres n’ont plus la même valeur numérique d’un côté et d’un autre. l’enseignement que nous avons reçu ressemble a une carte routière qui ne correspond plus a la réalité des routes et ne permet plus de déboucher sur les destinations souhaitées. Je ne dirai pas que les maîtres et les penseurs de tous bords qui ont professé ces disciplines, qu ils soient d’Orient, d’Occident, musulmans, chrétiens ou juifs ou même athées, manquaient d’intelligence ou étaient menteurs. Mais il leur était inimaginable de prédire des mutations si brutales et si radicales dans le déroulement des évènements, dans la nature des hommes, dans le sens et les valeurs partagés entre les peuples de la terre. Le cours de l’histoire a rendu obsolète leur enseignement et incompréhensibles les spectacles d’horreur qui défilent devant nos yeux.

Examinons le seul cas de la dernière attaque de GHAZA.

Quelle psychologie peut expliquer pourquoi et comment des arabes se réjouissent du massacre de leurs frères arabes ?

Je ne suis pas amateur de statistiques macabres, mais comment expliquer que la mort d’un seul enfant israélien émeuve le chef des Etats Unis quand celui de milliers d’enfants palestiniens le laisse impassible ?

Comment comprendre et interpréter l’indignation de tous les pays du monde a la démolition de deux tours en Amérique et leur indifférence devant l’apocalypse a GHAZA ?

Comment interpréter et comprendre la passivité et les hésitations de l’assemblée de toutes les nations de la planète pour condamner la plus grande tuerie de civils désarmés en Palestine ?

Comment justifier le silence complice des héritiers des théories les plus enthousiastes des libertés des peuples, des droits de l’homme, devant les manipulations des concepts et des vérités de l’histoire ?

Comment, comment et comment ????

Mon sentiment est que le monde s’est scindé en deux parties aussi contrastées que le jour et la nuit, que le ciel et la terre, que l’enfer et le paradis. Autrefois, nous portions tous un même regard sur les évènements même si nous ne les jugions pas de façon identique. Aujourd hui, nous ne percevons plus la même réalité, nous ne portons plus sur elle des jugements différents mais totalement étrangers. Chaque partie attribue des significations particulières a des mots pourtant communs, des mesures particulières a des quantités en apparence identiques. Chaque partie a désormais sa propre logique, ses propres valeurs, impossibles a transposer dans l’autre. Chacune a désormais ses propres intérêts, son propre calcul pour établir des rapports entre ses membres.

Je crois, pour toutes ces raisons, qu il est nécessaire que nos écoles et nos universités révisent leur enseignement et expliquent a nos enfants et a nos petits enfants que chaque discipline possède un contenu propre a la région du monde dans laquelle elle est enseignée. Cela ne nous avancera pas beaucoup mais nous épargnera au moins les pénibles sentiments d’incompréhension, d’étonnement et d’humiliation qui nous taraudent et empoisonnent notre vie.

Ahmed BENHIMA
EL JADIDA LE 25/08/2014

Ahmed BENHIMA

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