Déchets, un casse-tête marocain

La gestion des déchets solides comme liquides constitue un grand problème dans tous les pays émergents.

Au Maroc, l’augmentation de la masse des déchets solides est exponentielle : 15 millions de tonnes l’an dernier ! Le problème est d’autant plus aigu, que parallèlement, la proportion de matériaux non-dégradables (métaux, matières plastiques ) parmi ces déchets est également croissante.

De même, les eaux usées sont de plus en plus fortement polluées par la présence d’huile de vidange, de produits chimiques (éthers de glycol, pesticides, dérivés d’hydrocarbures, etc.)

L’absence de purification systématique fait courir de graves risques a l’environnement. On peut notamment redouter la contamination des nappes phréatiques. Pour répondre a ces enjeux de taille, plusieurs solutions ont été envisagées.

Pour les déchets solides, la commune urbaine de Tanger avait par exemple envisagé la construction d’un incinérateur, mais les inconvénients sont nombreux : nécessité d’adjoindre un combustible, pollution aérienne, cendres résiduelles très polluantes..

On a aussi tenté d’implanter au Maroc des petites unités de production de biogaz utilisés dans les campagnes chinoises. Ce sont des réservoirs où l’on place les déchets biodégradables préalablement séparés des métaux et plastiques qui seront recyclés de leur côté. Leur décomposition produit du méthane qui est ensuite utilisable comme source d’énergie.

Cependant, dans le contexte marocain, cette solution est assez inefficace. En effet, la capacité d’absorption de ces appareils n’est pas de nature a pouvoir traiter la quantité de déchets variés produite par les métropoles marocaines. Quant aux décharges en plein air, elles induisent les nuisances que l’on sait et ne sont en aucun cas une solution durable.

Pour mettre fin a ces tâtonnements infructueux, l’Université Chouaib Doukkali d’El Jadida va lancer prochainement un projet portant sur la conception et la mise en oeuvre d’un système intégré de gestion durable des déchets solides. Ce projet recevra un financement du programme LIFE-pays tiers de la Commission Européenne, d’un montant de 436.000 euros.

Il sera fondé sur une stratégie intégrant la mise au point d’un système d’information géographique pour l’amélioration de la planification. Ainsi, il facilitera la prise de décision en matière de localisation des installations de gestion des déchets. Il inclura un système de démonstration pilote dans une zone urbaine spécifique du Maroc et des activités de formation.

Dans le même esprit, le programme LIFE-pays tiers viendra en aide a l’Université Hassan Ier de Settat a hauteur de 338.00 euros.Elle aura en charge la délicate question du retraitement des eaux usées.

Plusieurs procédés sont la encore possibles : décantation, filtrage, osmose inverse, passage a l’ozone, etc. Ils sont compatibles et peuvent être successivement employés.

La mission de l’Université Hassan Ier consistera a adapter au Maroc les meilleures technologies disponibles en matière d’eaux usées, de réduction de la pollution, de réutilisation des eaux pour l’irrigation. Elle visera aussi a développer les capacités administratives dans le secteur de la gestion du cycle de l’eau, en particulier dans la province de Settat.

Le Maroc’est bénéficiaire du programme LIFE-pays tiers en tant que «voisin» a fort potentiel touristique de l’Union Européenne.

Il devrait ainsi être capable d’accompagner plus harmonieusement son développement économique et touristique sur le plan environnemental.

Leo Purguette
Liberation

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