Des festivals? Oui, mais pour quel cinema?

On n’entend plus parler ces derniers temps que de festivals de cinéma organisés un peu partout dans le pays : Marrakech bien s»r, mais aussi Tanger, Agadir, Khouribga

Or, on a beau chercher une bonne raison qui puisse justifier cet engouement, on a du mal a en trouver. Bien au contraire : Le nombre des salles de cinéma au Maroc continue de diminuer d’année en année. La production des films nationaux continue d’être insignifiante, sans parler de la qualité

Or toutes ces centaines de millions de centimes d’aide qu on continue a distribuer aussi bien arbitrairement que généreusement a certains « producteurs » nationaux et tout cet argent qu on continue a dépenser lors de ces festivals, il doit bien provenir de quelque part ? Et s’il n’est pas a ceux qui organisent ces festivals, ni a ceux qui distribuent les « subventions » précitées, ni encore moins aux sponsors, alors ce n’est autre que l’argent du malheureux contribuable.

Or, il se trouve, bien malheureusement, que ce contribuable, personne ne lui a demandé directement ou indirectement et a ce jour, s’il était d’accord ou pas pour que son argent soit « dépensé » de la sorte.

L’arroseur arrosé :

Ce qui arrive autour de nous, nous pousse a se demander s’il suffit qu un responsable quelconque se réveille un « beau » matin dans son petit patelin qui manque de tout : Centre culturel, terrain de sport au lieu du « TERRA » habituel, salles des sports, jardins, électrification, égoutset décide comme pour se faire plaisir, de créer un festival de cinéma dans une ville qui, comble de l’ironie, ne possède même pas une salle de projection ?

Il faut souligner que le festival de Cannes, entre autres, a été crée après plus d’un siècle de cinéma Français. La France est le pays ou ont eu lieu les toutes premières projections mondiales grâce aux frères Lumières, avec comme projection inaugurale, « l’arroseur arrosé ».

Mais chez nous, tout indique que des éclairés ont préféré commencer par les festivals, avant d’avoir un cinéma !

Et si on fait abstraction de tout, pour nous focaliser sur une notion comme « la culture », doit-on la comprendre et l’interpréter exactement comme nos voisins du Nord ?

Il se peut que nous ne soyons pas un peuple qui possède une culture cinématographique, ce qui expliquerait en grande partie, le fait que les gens n’y vont pas, que les investisseurs sont réticents quand il s’agit d’y mettre leur argent et que nos « acteurs » sont très souvent réduits au chômage quand ils ne sont pas prêts a se contenter de seconds rôles pour subsister

Ce qui est dit a propos du cinéma est aussi vrai pour le théâtre. Les édifices laissés par les colons et qui se comptent sur les doigts d’une seule main, sont les seuls presque a survivre cahin-caha a ce jour. On n’en a construit depuis l’indépendance que dalle ! Et peut être que c’est tant mieux ainsi ! Car a El Jadida, le théâtre est la majorité du temps fermé et quand il finit par ouvrir ses portes, O miracle !, c’est pour qu on y joue du Chaabi. Personne n’a quoi que ce soit contre cette couleur musicale, mais un théâtre est il la véritable place pour le Chaabi, surtout quand certains spectateurs entrant en transe prennent les fauteuils pour des « Qaada » ?

Ne pouvons-nous pas marquer un temps d’arrêt, un temps de réflexion, et avoir le courage de nous demander, ne serait-ce qu un instant, si notre fausse route n’incombe pas a cette « culture » acquise au fil du temps, voire imposée par le colonisateur et que nous continuons a subir aujourd hui comme épreuve, sans nous en rendre compte et de manière inconsciente ?

UN FESTIVAL DE LA HALQA

-Il se peut que nous empruntions un chemin contre notre véritable nature ?
-Il se peut que notre culture naturelle soit la Halqa et non le cimèma ?
-Il se peut que Jamaa Lafna et sa Halqa soient un échantillon plus proche et plus représentatif de notre véritable entité et culture ?
-c’est peut être dans ce sens qu il faudra qu on cherche notre véritable Ego ?
-c’est peut être cela notre culture, notre authenticité, nos origines, notre particularité et ce qu on devra plutôt chercher a préserver dans l’avenir ?
Tant de question qui signifient une chose : Qu a un moment donné, nous avons br»lé des étapes, sauté quelques maillons de la chaineet dénaturé la nature

Au moins avec la Halqa, le citoyen lambda se sentira au cœur d’un festival qu il finance et c’est beaucoup mieux pour lui que ces films indous qu on lui projette sur des écrans géants, dans des conditions inconfortables, l’obligeant a défier le froid, la fatigue et tant d’autres inconvénients pour suivre un « film ».

Et tout ce « cinéma », on nous la joue, pour pouvoir « hululer » a cor et a cri, que ces pseudos- festivals appartiennent au peuple. Mon œil ! (et je dis mon œil par respect pour ceux qui me lisent, car j aurai préféré citer une autre partie de l’anatomie humaine, plus en adéquation avec la comédie qu ils nous jouent a tous.. . Mais tant pisMon œil. a va).

Il est fort a craindre, que ce genre de festivités, a priori destinés a promouvoir l’Art du cinéma dans notre pays, ne se transforme en un rendez-vous festif tout court, où certains n’y viennent plus que pour se taper sans vergogne, caviar et champagne sur le dos d’une population male soignée, peu scolarisée et éduquée, dont une partie est affamée et qui continuent a payer régulièrement la note des « invités V.I.P », tout en se « contentant » de regarder des films de série B a Jamaa Lafna dans des conditions abaissantes et avilissantesTout un symbole du respect qu ont les organisateurs envers les véritables bailleurs de fond de ces rendez-vous.
Vous dites des festivals pour rehausser le niveau de notre cinéma ? Mon œil…

Abdellah HANBALI
Ahdate Doukkalia

Auteur/autrice