Des pylônes électrique en plein coeur des murailles de la Casbah de Boulaaouane: une faute de go»t ou un crime?

Les habitants des villages voisins de la Casbah de Boulaouane sont tout heureux a l’idée d’avoir bientôt l’électricité dans leurs douars. Mais tous s’émeuvent, et tous nos lecteurs avec eux, que pour ce faire, on ait d» planter des pylônes, devant l’illustre façade de ce monument unique, a quelques centimètres des murailles. l’un de ces pylônes semble même barrer l’entrée de la casbah. Pourtant, ce site est classé monument historique, par Dahir datant du 11 mars 1924. c’est dire qu aucun ouvrage n’aurait d» être entrepris sans concertation avec les plus hautes autorités concernées… En a-t-il été ainsi ? A voir les résultats, on se le demande ! Car il, y avait mille et une façon d’atteindre les douars d’alentour sans défigurer ce site extraordinaire, l’une des 7 merveilles des Doukkala…

Avec la Cité portugaise, la casbah de Boulaouane est en effet l’un des pôles les plus prestigieux et les plus attractifs des Doukkala, surtout qu elle se trouve dans un décor majestueux. Elle surplombe en effet les méandres de l’Oum R bia et les coteaux plantés d’agrumes ou de céréales. Cette fortification daterait, selon certains historiens, de l’époque du Sultan Almohade Abdelmoumen Ben Ali. Elle fut dominée pour une certaine période par les Portugais avant qu elle ne soit reconstruite en 1704 ( ou 1710 ?) par le Sultan Alaouite Moulay Ismaïl. Par son emplacement, elle a joué un rôle stratégique de première importance, car elle servait de poste d’observation que le Sultan Moulay Ismaïl utilisait pour étendre son pouvoir jusqu aux rives atlantiques, après avoir guerroyé contre les Chrétiens, et notamment les Portugais.

c’est dire que cette casbah revêt aujourd hui une importance exceptionnelle : Comme lieu de culture et de mémoire, d’abord. Mais aussi, parce que, au moment où nos responsables tentent d’affiner une stratégie pour un développement du tourisme rural, cette casbah devenait l’un des centres d’intérêt majeurs.

c’est la raison pour laquelle il est urgent de réparer le mal qui est en train d’être commis. Avec ces piquets enfoncés au cœur de ses murailles, comme des poignards dans les entrailles d’une victime muette, la casbah de Boulaouane perdra de sa beauté et de sa majesté… Et personne ne pourra dire : « on ne savait pas ! ». Réveillons-nous avant qu il ne soit trop tard !

Aboulkacem Aboufariss

Auteur/autrice