Doukkala-Abda, Il était une fois … un puits

Depuis des lustres, les tribus des Doukkalas et des Abdas racontaient dans leurs veillées la fameuse histoire du puits dont les deux cousins se disputaient la propriété.

Il était une fois un puits de la discorde qui se situerait, d’après les vieux, quelque part entre les Sheim et les Zememra. d’autres croient pouvoir le localiser ailleurs ; il est vrai qu avec leurs 13.285 km2 les Doukala-Abda s’étalent bien le long d’une côte atlantique de 300 km…

Déja les Doukkalis se targuaient d’une profondeur historique que les Abdis se devaient d’équilibrer ailleurs. En effet, que ce soit a partir de la Ville ocre, Marrakech, et la Cité des vents, Essaouira, le voyageur d’antan sortait par BAB DOUKKALA (Porte des Doukkalas).

Vers le 19e siècle, Doukkala la Rouge, en l’occurrence Abda (pour la distinguer de Doukkala la Blanche) prend de l’ampleur grâce a l’importance du port de Safi et au rôle prépondérant du Caïd Aïssa ben Omar El Abdi. La Casbah de celui-ci, a 25 km au nord de Safi, est devenue alors le centre d’un pouvoir despotique, certes s’exerçant sous une tutelle presque suzeraine du Makhzen (Pouvoir central) a Fès, mais sans partage. Un despotisme qui était pour beaucoup dans la genèse d’une expression artistique populaire, a savoir le chant Aïta : un cri de douleur face a la dictature et aux exactions, semblable dans sa démarche humaine au Jazz du «deep South» américain.

Toutefois, la Région, que ce soit la rouge ou la blanche, et au regard de sa position géographique, a été un lieu de rencontres peu ou prou pacifiques, mais qui ont abouti, en fin de compte, a un brassage civilisationnel hors pair, principalement dans les centres citadins du littoral : Azemmour, El Jadida et Safi.

L’empreinte portugaise demeure solide dans les remparts, voire le vocabulaire ; la tradition sépharade et andalouse est forte dans la cuisine, les habits et la musique. La dimension arabo-musulmane reste inébranlable comme en témoigne le nombre des mosquées, des marabouts (mausolées d’anciens résistants a la percée lusitanienne)…

La ville de Safi constitue un «Little Morocco» culturel grâce a la coexistence des différentes composantes du Maroc pluriel : dimension amazighe (noms des poissons en langue amazighe), dimension sépharade (Mausolée Ouled Ben Zmirou, saints juifs vénérés par les 2 communautés), affluent africain (les Gnaouas sont aussi a Safi) et andalou (musique andalouse), traces européennes (avant le Protectorat) tout cela baignant dans une aire arabo-musulmane (Sidi Chiker : une des 1ères mosquées du sud marocain et le système d’hostellerie initié par le Saint tutélaire de Safi, Sidi Abou Med Saleh pour accompagner les pèlerins jusqu en Arabie au Moyen Age)
Sur l’ensemble de la Région Doukkala-Abda le brassage des cultures est une réalité liée au terroir et aux hommes qui ont su, tout au long de l’histoire, créer des richesses.

c’est pour cela que le puits a été un sujet de dispute anecdotique : chacun des 2 000 000 d’habitants voulait profiter de l’eau, source de toute vie, pour cultiver la terre et produire…

c’est pour cela que la région Doukkala-Abda expose une partie de son potentiel lors de ce 1er Salon international de l’Agriculture, rencontre qui se déroule a Meknès du 20 au 27 avril courant, sous le Haut Patronage de S.M Mohammed VI.

Sad Laqabi
Albayane.ma

Auteur/autrice