Driss CHRAIBI dignement célébré au Café Littéraire

Depuis quelques jours déja, El Jadida ressuscite de mille éclats, sur le plan artistique et culturel. Côté café littéraire, n’allez pas chercher très loin, en association avec l’alliance franco-marocaine le café ALI BABA et la Faculté des Lettres El Jadida, c’est une jdidie qui est a l’origine de ce sursaut culturel sans précédent, en l’occurrence Melle FEDWA MISK doctorante a la Faculté de Médecine et passionnée de littérature. Elle est en accompagnée “des amis du café Littéraire” dont Melle SEFRIOUI KENZA docteur en littérature a la Sorbonne et journaliste longtemps responsable de la rubrique littéraire du Journal Hebdomadaire avant d’intégrer récemment les ondes de Radio-Plus, avec l’écrivain et professeur universitaire KACEM BASFAO, enseignant chercheur et chef du Département de langue et littérature françaises a l’Université de AIN CHOCK de Casablanca, critique littéraire et grand ami de son vivant de l’écrivain DRISS CHRAIBI.

La nouvelle du renouveau culturel est accueillie avec une grande satisfaction dans le milieu des intellectuels et des étudiants d’El Jadida, qui viennent nombreux a ces soirées culturelles de très haute facture.

On est jeudi 9 décembre 2010 : dans la salle intérieure au rez-de-chaussée du Café ALI BABA et au tout début de la soirée, l’auteur du livre « Une vie sans concessions » aux éditions Tarik, Mr KADIRI Abdeslam a entamé les débats par ces mots :
– Le livre que j ai écrit est le résultat de mes entretiens avec Driss CHRAIBI, réalisés en deux temps en 2004 et 2006, entretiens qui ont donné naissance a ce recueil. Je suis heureux parmi vous a El Jadida, la ville de naissance de CHRAIBI, une ville qu il chérissait particulièrement. Chraïbi a toujours fui le tapage médiatique, il y a chez lui une remise en cause quasi quotidienne. Il pensait sans cesse a son pays, le Maroc et sa ville, El Jadida. Il avait une force de caractère et n’hésitait pas a dire non quand il le voulait. Il était constamment a la recherche de son propre mode de pensée. Dans ses écrits il a abordé des thèmes d’une extraordinaire actualité, par exemple la condition de la femme, l’immigration, la question berbère… Je pense que son premier roman « Le passé simple » n’est pas une œuvre autobiographique, Chraïbi voulait rompre avec la littérature colonialeLe meilleur hommage qu on puisse lui rendre est de lire ses livres…

Dans le feu du débat, autour de Driss Chraïbi, KACEM BASFAO qui est un des compagnons de route du Maitre, reprend la parole :
– Chraïbi est un « commenceur », il a écrit le passé simple en 1954, au moment ou SEFRIOUI écrit « la boite a merveilles », et quand on lit les deux ouvrages, c’est un monde qui les sépare. Nous sommes devant un écrivain de stature universelle. Si on prend par exemple le nom d’un des personnages de son premier livre : DRISS FERDI, on a tout compris, le mot « Ferdi » nous renvoie a deux sens : seul, unique, mais aussi Ferdi nous fait penser a pistolet ou revolver en arabe dialectalIl s’agit de prendre du recul, se soustraire a tout ce qui est patriarche, seigneur, le père sévère a la maison, au même moment on entend voler les mouches!! Alors, et pour la première fois, on est en face d’un individu Il a fallu attendre longtemps, quinze ans voire vingt ans après, avant que ces thèmes ne soient repris par d’autres écrivains maghrébins, Rachid BOUDJEDRA, Mouloud FERAOUNE, Tahar BEN JELLOUNE

Ensuite, après la lecture d’un passage du roman « Une enquête au pays » par Melle Fedwa MISK, le micro fut cedé aux collégiennes azemmouris du Lycée IBN BAJA, pour la lecture des textes du Mentor, en célébration de cet hommage a l’enfant terrible de la littérature marocaine.

Le must de cette soirée est venu de KACEM BASFAO, en réponse a une question que je lui ai posée, se rapportant au pourquoi de la dimension amazighe de certaines œuvres de Driss Chraïbi. La réponse est bien la, on la trouve dans les séjours effectués par BASFAO chez l’écrivain jdidi quand il est allé l’interviewer sur ses écrits, dans le cadre de la préparation de sa thèse doctorale. Il nous dit a ce sujet :
– En 1975, je suis parti chez Chraïbi a Fontenay-le-Fleury, après une longue période d’hésitation, ne connaissant pas le personnage et pour éviter une possible surprise. En arrivant chez lui, on a très vite sympathisé ce qui a donné lieu par la suite a des dizaines d’heures d’enregistrements. Je suis allé le voir pour 3 jours, on est resté ensemble durant une quinzaine de jours. Lors de ces longs échanges, Driss Chraïbi a commencé a s’intéresser aux thèmes qu on rencontrait plus tard dans ses écrits : a savoir nos origines berbères, aux éléments originels, a la terre de nos ancêtres, a l’OUM ERRABIA et aux hommes ».

Il y a la une idée précise des débats instructifs dont a été gratifié le public nombreux et assoiffé de culture, qui a repondu présent a cette soirée pas comme les autres, une soirée ou la littérature était reine et/ou Feu Driss Chraïbi en était le vrai roi.

Tarik Boubiya
AHDATE DOUKKALIA

Auteur/autrice