El Jadida/Immobilier OPA hostile sur la corniche

El Jadida s’apprête a changer de visage. La capitale de Doukkala s’allie a un promoteur immobilier de taille, a savoir la CGI, afin «de mener a bien un projet d’aménagement urbain qui lui tient a cœur depuis toujours», selon un cadre local. c’est un projet grandiose qui élira domicile sur l’ancien site de l’aérodrome pour un investissement de 5 milliards de DH.

Objectif: concevoir et mettre en place un nouveau maillage de la ville via la reconversion de la façade maritime. Mais cela ne peut être possible que si les administrations, qui y sont logées depuis fort longtemps, venaient a déménager. Cela permettrait en effet de les remplacer par du résidentiel, l’hôtellerie, des services et des loisirs. Le tout sur 40.000 m2.
D énormes opportunités pour les promoteurs immobiliers et touristiques, mais qui restent suspendues pour l’instant. Il faut savoir qu un mètre carré pied dans l’eau multiplie jusqu a dix fois celui du m2 dans la zone de transfert (près de la gare ONCF).

Cette reconversion, dont les bienfaits sont mis en avant par les autorités locales, n’est pas tâche aisée. Car il faut, non seulement déloger les administrations, mais aussi les familles qui habitent le long de cette façade maritime. Si avec les résidents, le problème peut être solutionné grâce a l’expropriation pour un «projet urbain d’utilité publique», la tâche risque d’être autrement plus ardue avec les administrations (Eaux et forêts, agence urbaine, cadastre, DPA, etc.) qui relèvent de tutelles différentes? Difficile de les convaincre de plier bagage. Cela rappelle un projet pareil qui tenait a cœur au maire de Casablanca, en l’occurrence le transfert des administrations qui occupent le parc de la Ligue arabe pour en faire un espace vert continu. En vain. Ces institutions étatiques (Gendarmerie royale, ministère de la Jeunesse et des Sports, etc.) refusaient de déloger. El Jadida réussira-t-elle la où Casablanca a échoué?

Quoi qu il en soit, le site proposé pour ces administrations se situe près de la gare ferroviaire, et dont le plan d’aménagement et la distribution spatiale sont déja arrêtés. Les immeubles de haut et moyen standing vont en effet se tailler la part du lion, soit 640.000 m2. Les équipements publics et les espaces verts ont décroché quelque 360.000 m2. Sans pour autant oublier le pôle administratif sur 68.000 m2. Et pour la zone villas, 30.000 m2 ont été octroyés.

Les équipements socio-récréatifs ne sont pas en reste. Une superficie de 85.000 m2 va y être consacrée. Sont ainsi programmés sur les plans de la CGI deux hôtels, un complexe sportif, un centre commercial, un centre de santé, quatre écoles, une maison de jeunes, un foyer féminin, deux mosquées et un centre socioculturel.

Travail et loisirs, fini les cités-dortoirs !

La nouvelle zone de services fait de la mixité spatiale son principe directeur. Travail et loisirs couplés. Fini les cités-dortoirs qui se transforment en villes fantômes le jour et créent a la collectivité d’énormes problèmes en termes de mobilité et de déplacement.

A noter que la requalification urbaine, une des variantes de l’aménagement urbain, se compose d’une tranche urgente d’un co»t de 565 millions de DH. Cette composante fait la part belle au renforcement des prestations basiques: renforcement de la voirie et des trottoirs, aménagement des carrefours, éclairage public, signalisation et espaces verts.

Ali JAFRY
L’Economiste

Auteur/autrice