El-Jadida, Le flop du siècle : une affaire sordide

Au lieu de galeries marchandes, des marécages putrides.
El-Jadida avait hérité du protectorat une usine connue sous le nom de SOMED, une vespasienne et un local utilisé pour abriter les bêtes (surtout des chevaux) et tout le matériel servant au ramassage des ordures ménagères de la ville.

Quelques années plus tard, les deux principales têtes pensantes d’un certain conseil municipal du milieu des années quatre-vingt eurent l’idée géniale de raser l’édifice désaffecté et ses annexes pour ériger des galeries marchandes avec des parkings a leur sous-sol. Toute la ville applaudit alors, car il fallait évoluer avec son temps et le projet semblait intéressant.

Hélas, ce qui devait être un pas de géant vers le développement s’avéra un saut de nain dans les profondeurs de l’abîme. Et l’abîme n’est autre que ces fondations transformées en marécages nauséabonds, au fond desquels stagnent des eaux putrides provenant des pluies ou de la nappe phréatique et pullulant de moustiques qui mettent en péril la santé des habitants du voisinage.

La raison pour laquelle ce projet prometteur a avorté n’a trait ni a une gestion malhabile, ni au surgissement de problèmes inopinés. Il s’agit tout simplement de sabotage. l’emplacement du terrain qui devait contenir le nouveau bâtiment, a quelques mètres du centre-ville, n’avait pas manqué d’aiguiser les convoitises, si bien que des manœuvres secrètes et des manigances de toutes sortes, dans lesquelles auraient pu tremper certains conseillers même, ne tarda pas a sonner le glas du projet. Et ce, aux dépens du contribuable et a la déception des habitants qui voyaient dans les futures galeries un « plus » et un tremplin pour l’essor de leurs quartiers. Quant a l’entrepreneur, qui fut amené a déclarer faillite, il poursuit toujours le conseil de la ville, en attendant, depuis presque un quart de siècle, le règlement de son affaire.

Le président actuel du conseil communal, que nous avons contacté pour nous enquérir de l’état présent des lieux, surtout que les habitants du voisinage commencent a désespérer après avoir adressé a maintes reprises leurs doléances légitimes aux autorités compétentes, nous a déclaré : « Nous venons d’écrire au ministère de l’Intérieur, et nous n’attendons que sa réponse favorable avant de procéder a une mise en vente et de clore ce dossier une bonne fois pour toute. Pour moi, ce dossier, a l’instar du terrain pour le cimetière, de celui pour le futur marché de gros et de la manière de dédommager les commerçants qui y sont déja, sont autant d’épines que je viens malheureusement d’hériter et qui m empêchent de pouvoir m atteler enfin a mon propre programme. »

Abdellah HANBALI
AHDATE DOUKKALIA

Auteur/autrice