Elimination prématurée des lions de l’Atlas de la CAN 2008:Incapacité, dérive, ou tratrise ?

Certes, tout le monde a appris l’élimination du Maroc dés le 1er tour de la CAN 2008. Et pour en parler sans trop tarder sur tous les détails, j aimerais faire une approche qui traiterait plus du côté technico tactique

Au vu des deux matchs de préparation contre Bleus de France et le Sénégal, j avais écrit un article dans un numéro du magazine sportif en arabe « Planète Sport Hebdo » où j avais exprimé un relatif optimisme compte tenu de ce que j avais constaté : un style de jeu que n’avait jamais présenté Henry Michel auparavant, organisation et discipline des joueurs qui ont effectivement présenté beaucoup de choses prometteuses :mais un optimisme exprimé sous réserve de l’option de la même tactique de la part du technicien marocain dans la phase finale, chose qu il n’a pas été faite malheureusement !!! Ce qui m a laissé entrevoir la disqualification prématurée des lions de l’Atlas depuis le début du second match Et que je n’ai pas osé l’écrire de peur de semer prématurément le désespoir dans l’esprit des lecteurs fans de l’Equipe Nationale

Oui, le Onze national Marocain qui partait favori pour au moins pour le 2ème tour de la phase finale de la CAN 2008, vient d’être éliminé dans le 1er tour sous la direction technique de Henry Michel qui a pourtant commencé avec le groupe par des choix tactiques et prestations positifs et prometteurs et qui ont laissé tous les marocains rêver du même exploit que celui de 2004 sous la direction du cadre national Badou Zaki.
Et malheureusement et contre toute attente, a ce niveau de la compétition et malgré la victoire contre la Namibie par un large score (5-1) dans le 1er match, dans le second match contre une guinée qui aurait été dans les cordes des Lions de l’Atlas.

Le sélectionneur national a surpris tout le monde par un changement curieusement inadéquat et de la formation et de la tactique — qui a mon avis aurait d» être la même que celle utilisée dans le 1er match et qui consisterait au niveau des offensives placées, en une priorité de passer par les couloirs, tout en usant de temps a autre d’un jeu en profondeur derrière la défense adverse ou sur un attaquant qui fait appel dans le couloir En effet, ce type de d’animation aurait permis d’une part d’éviter :

1) – le jeu dans l’axe qui facilite au bloc équipe adverse de récupérer facilement la balle ;
2) – l’obstacle d’une pelouse qui n’est guère favorable au jeu esthétique et aux gestes techniques recherchés;
3) – les duels dans le milieu adverse qui est plus fort physiquement ;
Et d’une autre part,
4) – ce style, comme dans le match contre la Namibie, aurait obligé l’adversaire a être plus présent dans sa zone, ce qui allégerait la pression guinéenne contre le milieu marocain souffrant déja d’un manque de vrai meneur rapide et technicien et qui aurait donc permis aux lions de l’Atlas de maintenir un haut pressing offensif ;
5) – et évidemment des opportunités franches de butcomme on l’a constaté lors de la 2ème mi-temps de 2ème match.
Qui parmi les entraîneurs les plus profanes au monde aurait pensé au changement au niveau d’un effectif qui aura gagné avec brio un match (5-1) ??? Aucun prétexte ne peut justifier cette dérive si ce n’est l’ignorance ou la traîtrise !!!!!!!!!

Ainsi la responsabilité de ce faux pas des lions de l’Atlas ne peut incomber donc et en grande partie qu au directeur technique qui a encore fait et pour la énième fois, preuve d’une incompétence qui s’est traduite concrètement par une réelle incapacité a la bonne lecture du jeu de l’adversaire (du bon coaching) et d’une instabilité invisiblement trompeuse sur le plan tactique.

Il endosse aussi la responsabilité de la grave blessure du jeune talent et espoir du football marocain Soufiane El lloudi qu il aurait du l’épargner pour le match suivant surtout que les Lions de l’Atlas menaient au score par 4 a 1 contre la Namibie.

Aussi la mauvaise prestation de quelques joueurs connus par leurs qualités techniques et leur maturité tactique et qui se sont débattus vainement comme des diables sur le terrain incombe aux restrictions et a la « stratégie » défectueuse imposée par le coach. Et s’il y avait vraiment une stratégie.

«Qui n’a rien ne donne rien »

Comment peut-on arriver a croire, que ce même entraîneur qui nous avait donné un espoir et un optimisme incommensurables suite au niveau, a la manière et aux bonnes prestations présentées lors de tous les matches de préparation, est lui-même ce bonhomme qui a tout gâché en dépit de l’effectif composé de grands joueurs professionnels dont il disposait ?!!!!
Personne n’aurait imaginé un tel scénario, même parmi les plus pessimistes.

Monsieur Henry Michel doit dans ce cas trouver d’autres excuses et d’autres raisons plus rationnelles pour que les marocains puissent digérer cette humiliation naïve infligée a tout un peuple qui n’est plus en mesure de pardonner de telles trahisons et dérives qui sont malheureusement payées trop trop cher sur tous les plans

Et comme ce n’est pas la 1ère fois que cela nous arrive, que ce soit avec le même technicien ou avec d’autres cadres étrangers, plusieurs questions s’imposent impérativement:

« Jusqu a quand ces responsables du football national vont-ils avoir conscience de leur responsabilité directe quant a l’échec constant de notre football et finir par céder le relais aux gens aptes pour cette responsabilité ? »

« Jusqu a quand nos cadres marocains qui ont montré plus d’une fois leur capacité et leur compétence dans la gestion technico tactique tant au niveau des sélections nationales qu a celui des clubs vont-ils jouir de la confiance et de la reconnaissance qu ils méritent ? »

« Mais que peut-on attendre encore de responsables qui n’ont ni expérience ni formation technique ? »

« Que peut-on encore attendre de quelqu un qui décide d’engager un « entraîneur étranger » pour l’équipe nationale sans avoir la capacité le juger d’avance sur sa vraie valeur ?

«En fin de compte, n’est-il pas alors absurde et trop naïf de continuer a avoir confiance en un organisme qui a montré plus d’une fois son incompétence, son indifférence et sa passivité si ce n’est une traîtrise ? »
Mais comme veulent dire les maximes arabes :

« Qui n’a rien, ne donne rien » ;

« celui qui ne possède pas quelque chose, ne peut pas le donner » ;
« Et si les choses sont confiées aux profanes, il faut s’attendre a l’apocalypse »

Et moi, je dirai : « Malheureusement, dans notre football, l’habit fait vraiment le moine ».

Mohamed RIFKI – professeur chercheur

Auteur/autrice