Elles sont a plaindre ces poitrines !

Que de soucis burinent les mines
Et paralysent de surcroît les babines.
L’angoisse agresse aussi les échines.
Bouchées tout le temps par diverses angines,
Les pauvres poitrines chargées de toxines,
Aussi pernicieuses que des margines,
Semblent perdre l’usage de leurs narines.

Bien que les passages soient truffés d’épines
Et les haies, de barbelés ou d’aubépines,
Les pièges tendus par les vermines,
Caïds d’officines puant de nicotines,
Sont plus risqués pour les lèche-vitrines
Mais également pour les poitrines.
Dans ces galas de charme, les ballerines
Roulent tout le gotha dans les farines !

Rêvant de luxe et de limousines
Entraînées par d’énormes turbines,
Les femmes aux poitrines d’ondines
Fuient les repas de certaines cantines
Bien que servis au sein de balsamines.
Le plaisir de go»ter les célèbres tajines,
Méchouis et brochettes en terrines.
Change avec les sandwichs d’usines.

Que faire avec les coutumes mesquines
Dictées par la loi du boss des « machines » ?
Peu enclin a prodiguer, le radin lésine.
Louant au rabais ses forces pour des prunes,
La troupe, nerfs a fleur de peau, rumine.
La douleur que ne peut soulager l’aspirine
Turlupine les misérables poitrines
Hier encore coffre-fort pour les comptines.

Exténuées pour un salaire de famine,
Vêtues d’une gabardine ou crinoline
Trop sale pour la laver dans une bassine,
S en tenant aux rares restes de cuisine,
Couchant au sol parfois par temps de bruine,
Ne pouvant plus découvrir leurs canines,
Tellement est désolante leur ruine,
Elles sont a plaindre ces poitrines.

Moussa Ettalibi, Dr Sci., Rabat le 22-02-2012

Moussa Ettalibi, Dr Sci.
Eljadida.com

Auteur/autrice