Environnement dans les DOUKKALA:Disparition de plusieurs espèces de poissons et de gibiers

Les questions de l’environnement et les problèmes écologiques retiennent de plus en plus l’attention du monde, surtout a notre époque après que l’homme ait vu se développer son savoir-faire au dépens de la sagesse et de la raison.
De nos jours, les problèmes de l’environnement sont devenus une réalité incontournable qui menace la vie actuelle et future de l’homme, a moins qu il se décide a recourir intelligemment a sa conscience pour revenir sur son comportement destructeur du milieu naturel et de la planète Terre.

L’environnement se définit comme étant le milieu ou l’espace où évolue l’être humain, comportant des phénomènes naturels et civilisationnels sur lesquels il agit et dont il subit l’influence, lui permettant d’assurer sa subsistance et celle des autres espèces qui vivent sur la terre.

Définition : l’environnement se constitue d’un certain nombre de conditions et matières ou des interactions se produisent a l’état où se trouve la vie. Ces interactions peuvent être ponctuelles comme celles qu entretient l’individu avec son milieu, ou bien cycliques comme les cycles éoliens et hydrauliques. Les zones d’interaction peuvent être délimitées comme elles peuvent être aussi étendues a toute une sphère biologique comme l’atmosphère où se concentrent les gaz, l’hydrosphère comportant les richesses en eau de la terre et la lithosphère constituée elle, de la croute terrestre.

En d’autres termes, l’environnement comporte les trois dimensions : écologiques, socio-économique et culturelle (systèmes des valeurs), c’est pourquoi, en réalité, l’Homme vit dans un environnement formé de trois dimensions qui interagissent, influent les unes sur les autres :
– le domaine biologique: c’est le milieu naturel que Dieu a crée et ou l’homme représente une espèce vivante parmi tant d’autres.
– Le domaine conçu par l’Homme: il comporte tout ce que l’Homme a réalisé et conçu dans son environnement.
– Le domaine social: il s’agit la des systèmes qui organisent la vie socio-économique des êtres humains comme les traditions, leurs institutions administratives, législatives et socio-économiques.

L’environnement est en outre considéré comme formant un système fonctionnel dont les éléments organiques ou non, complémentaires et interdépendants interagissent. Ce système dispose de ressources et de réserves ainsi que d’énergies et de matières essentielles qui fonctionnent d’une manière naturelle. Mais quand l’équilibre écologique est perturbé par l’action de l’Homme, l’écosystème tendra d’abord a s’auto- rééquilibrer. Ainsi par exemple par alternance, la flore aura tendance a générer une population végétale stable selon les énergies dont elle dispose. Cette stabilité dans le système écologique traduit par ailleurs l’équilibre dynamique entre les ressources énergétiques et la matière ainsi qu entre leurs productions.

A partir de cette définition, l’environnement se constitue des deux systèmes que sont l’environnement naturel et l’environnement civilisationnel :
– l’environnement naturel comprend le sol, l’eau et le gaz ainsi que la faune, la flore et les diverses relations naturelles qui résultent des interactions entre les éléments du système naturel où évolue la créature humaine.

– l’environnement civilisationnel: ce sont les systèmes conçus par l’homme dans son milieu naturel comme l’organisation de la cité et du monde rural tels que l’habitat, les rues, les centres industriels, la technologie, l’agriculture, les institutions sociales et économiques ainsi que toutes les activités visant a assurer les besoins de l’Homme dans sa vie, mais aussi tous les moyens auxquels il recourt pour résoudre les problèmes résultant des rapports qu ils entretient avec son milieu naturel.

Il est bien difficile voire impossible d’établir une distinction entre ces deux environnements. Mais l’Homme depuis qu il est apparu sur terre et a travers les différentes étapes de l’évolution de sa civilisation, n’a pas manqué d’influer sur la majorité, sinon sur tous les systèmes naturels dans les rapports qu il a entretenus avec eux et par les transformations qu il leur a fait subir. En contre partie, et en tant que créature organique, l’être humain compte sur les différentes ressources de l’environnement pour assurer ses besoins vitaux tels que la lumière, la température, l’habitat, l’eau la nourriture, l’air etc

Dans la province des DOUKKALA, qui de part sa position géographique privilégiée, dispose de plusieurs moyens a même de lui permettre de connaitre un développement important, une région en pleine métamorphose a différents niveaux ; industriel, touristique, agricole entre autres…

De même la croissance démographique de sa population accentue d’avantage ces changements en particulier sur le plan environnemental et celui des ressources naturelles. Tout ce développement s’accompagne tout naturellement d’une croissance continue de la demande en eau. Selon les études accomplies ces dernières années, le taux de ressources en eau naturelle au Maroc avoisine les 1000 m3 par habitant et par année, ce qui est un indice de pénurie en eau qui place le Maroc derrière certains pays comme l’Iran et la Syrie mais loin devant d’autres tels que l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes unis, le Koweït, la Jordanie et a un degré moindre devant la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte. Selon les prévisions ce taux tendrait a baisser davantage au Maroc durant les huit prochaines années pour atteindre environ 700m3/habitant/année. De nombreuses causes naturelles et anthropiques sont a l’origine de cette situation pour le moins catastrophique.

Afin de disposer des réserves hydriques nécessaires a la production d’énergie, de ressources en eau pour la consommation et l’irrigation, régulation des crues, tourisme pêche…le Maroc , en plus des nombreux barrages collinaires, a entrepris depuis plusieurs décennies, la réalisation de dizaines de barrages dont celui d’AL MASSIRA disposant d’une retenue parmi les plus grandes au Maroc, permettant de réguler annuellement 1400 Mm3, avec une capacité de 2700m3, destinée a l’irrigation des plaines de DOUKKALA et ABDA et a l’approvisionnement des unités industrielles de la zone côtière comprise entre Casablanca et Safi. Sans oublier ceux de SI DAOUI et BEN MAACHOU. La construction de ces derniers barrages a causé la fermeture au passage de l’alose, ce merveilleux poisson qui faisait la réputation de la ville d’AZEMMOUR. Combien même on regrette avec amertume ces tagines succulents a l’alose qui ont bercé notre enfance et notre mémoire gastronomique.

Voisin de la sardine, l’alose, appelé aussi allache, a chair estimée, se développant dans la mer et venant prendre dans les cours d’eau au printemps, plus exactement dans l’oued OUM ERRABIA voire BOUREGRAG ou l’OUED SEBOU.

Aujourd hui l’alose a complètement disparu dans la baie d’AZEMMOUR, et pour cause : l’accès de ce poisson de la mer vers les oueds précités a l’époque de la pondaison est bloqué par les barrages.

Dans ce registre des disparitions, qui se souvient de l’AINE SRAHNA et la petite forêt du CAP BLANC ? Quand les Mazaganais avaient l’habitude de camper les weekends dans ce havre de paix autour d’un tagine de poisson ou d’un plat de bœuf aux pruneaux !

Pleure ô campagne bien aimée ! Le camping mythique du CAP BLANC, son restaurant et sa belle piscine ont cédé la place aux complexes électrochimiques de JORF LASFAR !

Il faut souligner également que d’autres espèces de poisson ont disparu des DOUKKALA, notons entre autres, TASSERGALE connue par le nom de SARGANA, l’ombrine, chevrette et certains fruits de mer comme les pieds de biche et d’autres!

Ne parlons pas des loup bar ( sea-bass) , du rouget , rascasse, langouste, Homard, crevettes, crabe et les calmar, poulpe sèche… toutes ces espèces sont en voie de disparition dans les DOUKKALAS a cause de la pêche anarchique qui ne respecte pas l’époque de pondaison , d’ailleurs il y a lieu de prévoir des arrêts biologiques…

L’arrachement des algues avec leurs racines y est aussi pour quelque chose ainsi que les rejets du réseau d’égouts de la ville qui sont pleins de toxiques et de déchets de certaines usines de la zone industrielle voire les rejets du complexe d’industrie chimique nommé phosphore III et IV qui sont déversés directement dans l’eau de mer par deux collecteurs!

Ces phénomènes dégradants de l’environnement ont été la cause directe de la disparition d’une énorme richesse aquatique propre au DOUKKALA, allusion faite aux ormeaux (oreille de mer), les concombres de mer, lombric (vers de Mazagan), les bigorneaux (coquillage comestible appelé aussi vigneaux, escargot de mer), le chapeau chinois, le couteau (mollusque bivalve a coquille allongée qui vit enfui dans le sable de plage), la palourde, les huitres d’OUALIDIYA, les moules, les crevettes grises qu on pêchait avec les mains dans les rochers da la plage ainsi que les oursins…cette singulière richesse aquatique!

Jusqu a une époque récente, les DOUKKALA couvraient les 90% du marché marocain en fruits de mer. Les belles pièces de poissons comme le loup, dorade, sar, pagel, étaient piégés dans la” paskeria” (Mouchkira) unique dans les DOUKKALA. Des lots de terrains titrés en pleine mer, juste a côté des remparts et de la jetée « LMOUNE », les espaces favorables au “pâturage” aquatique qui attiraient de gros poissons dans le mulet. Clôturés d’un mur de pierres rocheuses, les poissons y pénétraient a marée haute pour y être ramassés a marée basse par les propriétaires de la mouchkira …Aujourd hui disparue par manque de poissons, parce que encerclés par les filets de pécheurs éparpillés le long de la côte ! La pollution y est aussi pour quelque chose! Cela dit, il serait souhaitable de prévoir le lâcher de poissons d’eau douce comme la carpe, la perche, back basse, red basse, toutes des espèces qui s’acclimatent a l’environnement de DOUKKALA notamment dans la vallée de BOULAOUANE.

Avant de passer au chapitre de la chasse, il faut tirer la sonnette d’alarme sur la cueillette des algues en rappelant qu il y a une décennie 1 m2 donnait 4 kgs d’algues. Actuellement a peine 700 g/m2! Et pour cause, même au risque de me répéter, l’arrachement de ces plantes aquatiques avec leur racines, l’absence du respect de la régénération et l’exploitation au maximum de la récolte de cette plante très demandée pour ses bienfaits médicaux plastiques et pâtissières, ont provoqué la quasi disparition des algues sur tout le littoral des DOUKKALA unique moyens de subsistance de nombreuses familles de pécheurs a pieds! Ces pécheurs a canne et au gros panier d’osier qu on voyait au bord de la route entre SAFI et EL JADIDA présentant la pêche de la journée, avec a la main de belles pièces de poissons ont hélas disparus de notre paysage a la sortie de la ville.

Alors, que dire de l’exploitation anarchique des sables qui a causé la destruction de la forêt qui existait depuis la nuit des temps entres SIDI ABED et OUALIDIYA sur toute la côte ! Le prétexte, l’autorisation de la restauration des terrains agricoles.

La destruction de cette forêt et d’autres a travers les DOUKKALA a pratiquement participé a la disparition d’un grand nombre de gibier qui vivait dans la région. Entre autres, les perdrix dans le ramassage des œufs da la nature se fait par les bergers, les lièvres, les lapins sauvages, les canards, la caille, les calandres, les bécasses, les bécassines, les griffes, les sangliers…tout ce gibier attirait un grand nombre de chasseurs pour le plaisir de la chasse dans les DOUKKALA. On organisait des battues de sangliers a OULED AISSA dans la forêt d’OUALIDIYA. Précisément a AIN EL GHORE ainsi que dans les forets de BIR JDID et BOULAOUANE…la modernisation de l’agriculture qui use des produits chimiques, pesticides pour lutter contre les parasites végétaux. Entre autres insectes, vers qui restent la nourriture d’oiseaux!

Ajoutez a cela l’envahissement de la compagne par le béton armé et vous comprendriez le pourquoi de la rareté du gibier et le mécontentement du chasseur!
Aussi, il serait souhaitable d’encourager des sociétés touristiques et des associations de chasse pour qu elles fassent des amodiations et réserves de chasse et chemin faisant y lâcher du gibier d’élevage tout en pensant a la verdure de l’environnement. Cela suppose la plantation des arbres a travers tous les espaces disponibles a cet effet, condition sine qua none pour revoir le retour d’un grand nombre de gibier dans les DOUKKALA. Et comme ce gibier appartient a l’Etat comme le stipule la loi de la chasse marocaine, il serait tant d’actualiser cette loi qui date de 1928 avec les propriétaires de terrains ! Encore une condition sine qua none pour le maintien d’un état d’équilibre biologique fondamental pour les usages variés et durable du gibier voire des espèces de poissons et coquillages disparues a cet effet.

Toutes les composantes de notre société ont un rôle primordial a jouer et doivent impérativement travailler en coordination et en synergie, notamment:
– les medias qui ont la capacité d’assurer une sensibilisation a grande échelle moyennant une programmation bien étudiée
– la législation qui doit non seulement assurer un renforcement de l’arsenal juridique existant en matière de protection de l’environnement en général et celui de ressources en eau en particulier, accompagnée d’une mise a jour régulière des textes de lois, mais également et surtout accélérer les processus de parution des textes d’application des décrets existants afin de constater des changements concrets dans notre société allant dans le sens de protéger efficacement et mieux gérer nos ressources aquatiques forestières, sablières, poissonnières et terrestres.

Et pour conclure, paraphrasons le directeur de l’association des DOUKKALA Mr MONCEF qui a dit : “Ce n’est pas la loi qui doit nous faire peur, c’est plutôt l’avenir de nos enfants et de l’humanité qui doit nous préoccuper sérieusement…ce n’est pas la loi qui doit nous réprimander, c’est notre conscience qui doit le faire.”

Mohammed CHERRAF

Auteur/autrice