Estevanico revient des USA a Azemmour

Rencontre : Estevanico, de l’ombre a la lumière, Une rencontre scientifique tenue Samedi 18 Mai 2013 dans le cadre des activités du fetival Remp Arts d’Azemmour, et ce au complexe culturel Abdallah LAROUI, avec comme participants Aboulkacem CHEBRI et Chouaib HALIFI et projection d’un documentaire TV. Aux USA, une statue d’Estevanico avec les statues des douze grands explorateurs nous rappellent ces grands et longs 16 et le 17ème siècles.

Dans son exposé intitulé «Maroc-Portugal-Amériques : une histoire universelle partagée», Aboulkacem CHEBRI a bien voulu démontrer comment, du 16ème au 19ème siècle, le Maroc a joué un rôle capital pour les rencontres culturelles et civilisationelles entre l’Afrique du Nord et subsaharienne d’une part et l’Ibérie (Portugal / Espagne), le Brésil et les Etats Unis d’Amériques d’autre part. En retraçant la carte archéologique de l’occupation portugaise, ce spécialiste du patrimoine maroco-portugais a élucidé les conditions historiques qui ont prévalu a la pénétration portugaise au Maroc et les phases successives de la conquête des Amériques par les Européens, qui n’ont pas découvert l’Amérique en 1492 mais ils l’ont tout simplement exploré et ravagé, puisque les Indiens y vivaient déja et avaient sophistiqué des civilisations bien importantes que celles des Européens bourrés de leur eurocentrisme. c’est cet eurocentrisme qui serait a l’origine des déformations qu a connu l’histoire d’Estevanico (Estebanico), l’esclave Azemmouri qui, envoyé a la recherche de cités légendaires d’or, fut le premier africain et arabo-musulman a explorer les côtes des actuels USA, encore inconnus aux européens du 16ème siècle. Estevanico nous est connu principalement a travers le récit de l’accompagnateur Cabeza de VACA et d’autres écrits tous occidentaux, a passer au crible de la critique selon l’auteur. Le chercheur a bien voulu souligner la coïncidence entre les «dévcouvertes» américaines et méxicaines d’Estevanico, la reconnaissance de l’Indépendance des USA par Sidi Mohamed Ben Abdallah et le transfert des Mazaganais portugais du Doukkala au Brésil (en 1769-1770) où le Portugal leur avait préparé une nouvelle ville nommée, tout simplement, Villa Nova de Mazago dont les habitants célèbrent encore le passé maroco-doukkali de leurs ancêtres. Le chapeau dit méxicain est selon Chebri une autre influence marocaine du fait qu il n’est que la «taraza» marocaine, surtout celle des Jbala du Nord et du porteur d’eau (guerrab).

Souvenirs «marocains» en Amériques l’on peut aussi les noter a présent, postule Chouaib HALIFI , dans des pratiques culturelles et anthropologiques des tribus Zui, rappelant l’histoire extraordinaire et incroyable d’Estevanico qui serait l’un des personnages déifiés par les tribus indiennes. Estevanico, dit Mustapha Azemmouri, fut pris esclave sur Azemmour par les Portugais, revendu sur le marché espagnol, ira dans un long périple fabuleux qui s’achèvera par son décès énigmatique vers 1539, après avoir exploré les côtes des USA, en homme libre. HALIFI a magistralement suivi ce périple qu il a étalé en six phases depuis l’asservissement a Azemmour, son achat par l’espagol Andrès Dorantes, sa participation a deux expéditions aux Amériques a partir de 1527, sa survie avec trois personnes sur six cent de l’expédition de Panfilo Narvaès, la captivité par les Amérindiens pendant deux ans, les services près le Roi de Mexico Mendonza et la dernière expédition, avec le suspect Marcos de Niza, et qui verra la disparition d’estevanico et la naissance du mythe qu on n’est pas encore parvenu de nos jours a élucider. Halifi remet en question a juste titre la version répandue du décès d’Estevanico et postule au contraire que les Indiens le serait caché et adopté et aurait dit le contraire pour intimider les conquistadors sauvages.

Estevanico était très intelligent, avait un don pour l’apprentissage des langues indiennes et possédait des vertus de guerrir les malades «a la marocaine», ce qui lui a valu non seulement le respect, mais de gagner le rang des Dieux immortels, c’est pourquoi Estevanico ne refusait pas les offrandes, y compris les belles filles qu on lui offrait pour gagner «sa bénédiction», raconte Halifi avec humour et sérénité.

Le documentaire télévisé de Ahmed ZAD était en cette rencontre comme une synthèse visuelle des exposés de Chebri et Halifi, puisqu il a bien retracé l’occupation portugaise des Doukkala avant de suivre la vie d’Estevanico et son mystère. Le journaliste a bien documenté son travail et a inteviewé des spécialistes, marocains et étrangers, surtout des intellectuels arabes spécialistes de la littérature des voyages, qu on dit littérature de la Rihla. Le documentaire n’a pas omis de soulever les énigmes comme les irrégularités qui ont entaché les récits et écrits sur Estevanico, depuis le récit fandateur de Cabeza de Vaca. Ce travail peut être considéré comme un hommage a Estebanico, mais aussi aux civilisations indiennes vu sa critique argumentée des œuvres cinématographiques américaines qui ont «diabolisé» lesdites civilisations.

Le riche débat d’un auditoire averti était l’occasion pour dire combien les Marocains igorent totalement cette histoire d’Estevanico et tout le monde a exigé de tenir un autre colloque plus élargi pour approfondir le sujet. Nécessité est de faire connaitre Estevanico d’abord aux Marocains et puis au reste du monde, a travers les rencontres scientifiques, les médias et les œuvres cinématographiques et dramaturgiques. l’on a bien mis l’accent sur qulques déformations préméditées de l’histoire d’Estevanico que les Marocains sont les premiers concernés pour s’atteler a les redresser. Heureusement que Choaib HALIFI, Mustapha OUAARAB et Aboulkacem CHEBRI, entre autres, médias compris, ont commencé a s’intéresser sériusement a Estebanico. Force est de dire que le sujet Estevanico doit être aujourd hui exploité comme trait d’union entre les peuples, les cultures et les civilisations puisqu il rassemble tous les ingrédients en mesure de réussir la où d’autres approches ont échoué ou peinent a relever le défi.

La rencontre s’est déroulée et s’est achevée en toute convivialité entre les Marocains, après que certains marocains aliénés et des étrangers avaient protesté contre la présentation de la deuxième conférence en langue arabe et ils ont quitté la salle, sachant que le colloque était bilingue. Il semble que ces «dissidents» formaient un groupe de touristes dont la conférence était tout simplement un produit touristique folklorique et non une rencontre scientifique.

Azemmour 19-5-2013


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