Faits et méfaits de certains Mostafa Mazaganais (4)

Bonjour tout le monde !

Je vous souhaite vivement bonne lecture de mes articles, qui relatent des événements véridiques vécus par moi-même. n’hésitez pas de me faire des remarques constructives si cela vous paraît opportun.

Signalons de prime abord et a titre de rappel que, la plupart des enfants nés a Mazagan entre 1930 et 1950, portent le prénom de « Mostafa ». Rien qu a Derb Lahlali où je suis né et élevé jusqu a l’âge de dix ans, chaque maison avait un de leurs enfants qui portait ce même prénom, très répandu a l’époque principalement a El-Jadida. c’était la une spécificité Mazaganaise.

Tout le monde s’accorde a dire qu au sein d’une quelconque famille a El-Jadida, l’enfant fétiche devrait
s appeler ipso facto « Mostafa ».

/-Parmi les cafés les plus connus et les plus renommés d’El-Jadida durant les années quarante et cinquante, situé a proximité de l’ex-hôtel”Mazagan”
, il faudrait citer celui du café qui portait le même nom que son propriétaire « Mostafa Ould Laouia ».

Ce personnage était d’une famille de vieille souche Mazaganaise connue de tout un chacun. Il avait une physionomie souriante, était courtaud, portant constamment une blouse grise, chaussant des babouches jaunes, coiffant un tarbouch (fez rouge), utilisant souvent sa bicyclette anglaise noire pour ses déplacements en ville ; toujours distrait, sa voix et sa façon de se comporter vis-a-vis de ses clients en parlant comme un livre, corroborèrent bel et bien l’hypothèse qui laissa a présager qu il avait un penchant pour la culture « gay », dont il était l’un des défenseurs acharnés en catimini ; puisque ce genre de personnage ne manquait nul point a Mazagan, au vu et su des citadins avertis.

Ces personnes qualifiées communément d’atypiques ou « d’homo », que Dieu le tout Puissant pardonne leurs méfaits et actes délictueux et les aide a prendre « le droit chemin », furent peu nombreuses mais connues de tous a l’époque, dont on voit présentement leur nombre augmenter, malheureusement d’une façon exponentielle, notamment dans les villes et villages Marocains a vocation touristique comme :
Marrakech, Agadir, Essaouira, Tanger, Fès, Meknès, Casablanca, El-Jadidaetc

Ce même café a la fois pittoresque et original, rassemblait une clientèle a la fois fidèle et assidue, constituée principalement de valeureux pêcheurs Mazaganais et certains agriculteurs traditionnels originaires du côté du phare « Dar daw tout près de l’actuel Jorf Lasfar » sis auprès de Moulay Abdellah, exploiteurs de petits champs agricoles, alimentant la ville d’El-Jadida en légumes, en faisant l’allée et le retour en parcourant les10Km séparant la ville de leur lieu de travail, sur des bicyclettes vétustes, plus ou moins chargées de produits agricoles, hiver comme été.

Dans ce même café très animé, on y servait a longueur de journée et une bonne partie de la soirée, du thé a la menthe dans de grands verres, du café noir fait sur une grande cafetière artisanale en cuivre, du café au lait. Il était l’endroit idéal et le lieu de rencontre prisé pour les habitués fumeurs de kif (mélange de chanvre indien et de tabac), qui dégageaient une fumée mettant en douce euphorie tous les gens présents du voisinage, fumeurs ou pas.
On y jouait, aux différents jeux de cartes, aux dames, au domino, au baby foot, au loto particulièrement pendant les nuits ramadanesques.

Faut-il signaler dorénavant que, c’est ici qu il y a eu lieu l’émergence des premiers champions d’El-Jadida de baby foot ; sport, qui va se répandre comme une traînée de poudre dans toute la ville. En effet, il importe a l’occasion de citer pour mémoire et exhumer quelques noms de grands champions de la discipline, en l’occurrence Bellahbib fils d’un brigadier de police, et Ronda gérant des « bechkira des Berrada sis Mer Sid Daoui », qui le talonnait toujours de près.
Que Dieu le tout Puissant les ait tous les deux en sa miséricorde !

Qui parmi les adolescents Jdidis des années cinquante et soixante ne se rappellent pas de leur vivant de ce café unique de son genre, magique par-dessus le marché par son décor extravagant et ses images féeriques accrochées aux murs?

Ayant été a l’époque jeune apprenti coiffeur, exerçant dans un salon de coiffure pour hommes, situé a un jet de pierre de ce café très captivant, animé le jour comme le soir, dont l’image extraordinaire de ce dernier m accompagne a tout moment. J ai toujours gardé en mémoire des souvenirs intacts et ineffaçables des nuits ramadanesques pendant lesquelles j ai assisté et même participé a des parties de jeu du loto, pleines de suspens, au point que tout un chacun des joueurs participants a ce jeu peu connu a cette époque, avaient les yeux en boules de loto.
Pour les gens qui ignorent ce jeu du hasard, il convient de leur rappeler explicitement que le loto joué dans le café de Mostafa Ould Laouia, est par définition un jeu de société où le gagnant est le premier a avoir couvert son carton de jetons, qu il a fait correspondre aux numéros de jetons tirés au sort et révélés et annoncés a haute voix par Mostafa le propriétaire du café. Pour arrêter le tirage des jetons, et par conséquent recommencer une autre partie, le gagnant doit se lever et s’écrier a haute voix : « stop !»

Dois-je avouer sincèrement que c’était sur les billards un peu vieillots de ce même café, que j ai appris a jouer au baby foot ; jeu que j ai vite assimilé et maîtrisé parfaitement par la suite, au point de devenir champion incontesté d’El-Jadida de la discipline début des années soixante.

En dépit de mon métier de coiffeur devenu de plus en plus lucratif et sans jamais étais dépensier, j ai pu la plupart des temps jouer gratuitement dans un autre café, appartenant a un autre Si Mostafa, situé en face de la « Qissariat Lihoud jouxtant l’ex-cinéma Metropole-Rif-Taj », et ce grâce a ma façon astucieuse de jouer qui me permettait d’être toujours gagnant des parties, en livrant ainsi un spectacle qui ébahissait l’assistance.

Si Mostafa est décédé après avoir eu souvent du cœur a l’ouvrage, été de son vivant l’unique grand animateur du jeu de Loto a Mazagan.

Que Dieu le Tout-Puissant pardonne ses péchés et l’ait en sa miséricorde !

Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com