Ferracha : Une lutte acharnée a El Jadida

Le phénomène des marchands ambulants, communément appelés «Ferracha», a pris depuis plus de cinq mois des proportions alarmantes, a tel point qu il est devenu incontrôlable, avec des conséquences négatives. Ainsi, la chaussée est devenue le souk le plus impopulaire de toute la ville. Un mélange pittoresque de commerçants et de vendeurs a même la terre offrant «l affaire du jour», ou encore un bric-a-brac d’objets hétéroclites neufs ou vieillots, de la friperie et différents produits de contrebande, des légumes et des poissons sans aucun respect des normes sanitaires. Il ne s’agissait pas d’un signe de prospérité. c’était beaucoup plus la volonté de certains «mafiosi» de profiter de la paralysie de la vie économique locale de ces derniers mois, due a la baisse constante du pouvoir d’achat.

Beaucoup de «Ferracha» occupaient la voie publique tout au long de l’avenue Zerktouni ainsi que sur les places Allal El Kasmi et El Hansali, Bir Brahim, Saâda, Essafaâ, El Barkaoui, Lalla Zahra et même en plein centre-ville. Cette situation a aggravé davantage le sentiment d’insécurité des citoyens. On assistait également a des «guerres de territoire» entre des gangs. Et si, par malheur, on réclamait un stationnement autorisé dans ces quartiers conquis, on n’était pas s»r de s’en tirer indemne. Utiliser un véhicule dans ces lieux relevait du suicide. Mais ce lundi 18 juillet, les autorités provinciales et locales ont décidé de mettre fin a cet état de fait en menant une campagne sans répit pour assainir les lieux. Cette campagne concernait les cafés, les locaux commerciaux de fruits, de légumes et de différents produits alimentaires, des gargotes, des marchands ambulants, des Ferracha, des marchands d’ameublement et des prestataires de services (garagistes, tôliers, etc.).

Tout le monde a été sommé de s’assujettir a la loi, car il s’agit aussi de l’image touristique d’une ville qui accueille chaque été des milliers de visiteurs nationaux et étrangers. Par conséquent, plus de 176 charrettes a deux roues (a bras) ainsi que toute marchandise ou tout matériel gênant déposé illégalement devant les locaux, sur les trottoirs ou même sur la chaussée étaient systématiquement saisis et confisqués par les services compétents. Et ce pour veiller au respect de la loi et des droits de chacun.

La campagne sillonnait donc le centre-ville et d’autres rues et ruelles pour imposer l’ordre, en confisquant la marchandise des vendeurs ambulants, des Ferracha et celle des propriétaires de boutiques ne respectant pas les règles. Des règles qui consistent a ne pas exposer la marchandise en dehors de la boutique pour éviter de gêner les passants. «Les commerçants, les Ferracha, les gargotiers et les marchands ambulants avaient été prévenus des conséquences du non-respect de la loi. Mais ils n’ont pas pris ces avertissements au sérieux. La marchandise ne doit pas être exposée a plus de 60 centimètres de la porte de la boutique ou sur les trottoirs ou sur la chaussée. Et nous avons le droit de la confisquer et de la distribuer aux des différents établissements sociaux de la ville», explique l’un des responsables. Chose dite, chose faite. Plusieurs commerçants ont vu la marchandise exposée sur les trottoirs, sur la chaussée ou a l’extérieur de leurs échoppes saisie. Ce qui n’a pas semblé plaire a certains. Mais malgré quelques protestations, les propriétaires de magasins semblent bien apprécier cette initiative qui écarte, en fin de compte, leurs rudes concurrents, a savoir les marchands ambulants et les Ferracha.

Pas de distinction entre les contrevenants

Fini donc le temps des complaisances, du favoritisme et du clientélisme ! l’occupation illégale du domaine public n’est plus tolérée. On se plaindra et on rouspétera contre cette louable initiative des autorités provinciales et locales. Mais il faut se mettre dans la tête que tout le monde est sommé d’obéir et de respecter Dame Loi qui reste suprême. On peut même menacer de s’élever contre cette campagne et les mesures qui en découlent par une manifestation ou une autre forme d’expression. Mais quelle que soit l’arme brandie, la ferme décision des autorités de lutter contre ce phénomène, mettant en danger la vie des citoyens et dégradant l’esthétique d’une coquette ville telle El Jadida, jouit d’un écho favorable et de l’appui des populations. Cette réaction vive des autorités serait encore beaucoup plus appréciée si cette campagne perdurait.

Abdelmajid Nejdi
Le Matin

Auteur/autrice