Gnawa Storm exprime son quotidien

Mais il ne cache pas son attachement au patrimoine musical marocain des Gnawa et a son identité arabo-africaine. «Notre début a été entre amis dans notre quartier. Nous sommes déja montés sur la scène rock sous le nom de G n’Sharks lors de l’édition 2002 du Boulevard des jeunes musiciens», se souvient Najib. Dans cette première sortie hors de leur ville natale El Jadida, ils ont joué un répertoire de compositions rock en anglais et en darija .

D ailleurs, c’était la première fois où un groupe non casablancais participe a cette grand- messe. Avant leur premier grand succès au Boulevard des jeunes musiciens, édition 2003, au cours de laquelle ils se sont vu décerner le premier prix, le groupe avait décidé de changer de style car le rock, selon les dires du bassiste et claviériste Abdelhak, était susceptible de les éloigner un peu du public marocain. «Mais nous avons gardé les mêmes influences musicales de Heavy metal . Nous avons également ajouté certains repères de notre musique traditionnelle, notamment la musique gnawie, ainsi que des influences de l’Aïta, Lamchaheb et Nass El Ghiwane», ajoute-il. Et de préciser: «Il en a résulté une sorte d’adaptation qui exprime notre lot quotidien de joie, de tristesse et d’espoir».

Ayant été les premiers créateurs de ce nouveau style de musique dit «Heavy gnawi», le groupe Gnawa Storm tente toujours de représenter cette image de vivacité culturelle a travers les différents événements musicaux nationaux et internationaux. Gnawa Storm affiche l’idée d’une fusion entre le nord et le sud et souhaite créer une harmonie entre les peuples du monde entier. Ceci est perceptible dans son langage qui chante l’hymne de la dignité, de l’amour et de la paix pour toute l’humanité. c’est dans cette perspective que les membres du groupe ont décidé de lancer leur premier opus afin d’asseoir leur présence et, surtout, de chercher une reconnaissance du public marocain qui a déja manifesté son admiration lors du Festival international d’Essaouira de la musique du monde en 2004. l’idée de fusionner le style gnawi avec le Heavy metal a déja été tentée sans pour autant donner un résultat satisfaisant. Mais Gnawa Storm l’a réalisée. Ils ont même créé un nouveau style qui rassemble le nord et le sud, l’Orient et l’Occident, musicalement parlant, mais aussi pour montrer au monde que l’humanité est de nature «unie».

D une inspiration de base rock et heavy signée par les pionniers du rock des années 90 (Guns n’Roses, Aerosmith, Joe Satriani, Carlos Santana et les incontournables Metallica). Gnawa Storm a été également influencé par le style «h ssani» du sahara, basé sur des improvisations de la guitare solo avec des interprétations de texte poétiques, le issawi , le plus spirituel des styles traditionnels marocains, basé sur deux instruments: le def (percussion) et la lira (fl»te marocaine). Au bout de cinq années d’existence, Gnawa Storm a une multitude de réalisations a son actif.
A part les concerts enchaînés dans les diverses villes du Royaume, entres autres, Casablanca, Azemmour ou dans leur ville natale, ils ont enflammé la place d’Almassira Al Khadra, a Tanger, avec un chaâbi teinté de sonorité rock avec les tubes «Saâdi bi l’wali jany», «Lalla Malika», «Darling I love you» et «L hbib diali» .

A l’occasion du Festival de Tanjazz, en novembre 2007, notre groupe a joué a côté des pionniers de l’improvisation musicale, entres autres, Sir Charles Quintet, Willie Smith (alias Big Eyes)et Florence Fourcade Quartet. Le Festival des printemps d’Azemmour, dans sa deuxième édition, qui s’est déroulée du 29 au 31 mai 2008, a été une autre opportunité pour les mousquetaires jdidis pour consolider leur rang d’initiateurs de ce genre musical de mélodies uniques. Le groupe va prendre, par la suite, un nouveau départ en enregistrant le premier tube du deuxième album «Because we love Morocco». l’opus «Mchina l’mdina» a été une vraie tempête d’euphonie rock, un album avec des sonorités purement marocaines. «Zinzin», le deuxième tube de l’album, a cartonné dans les ondes radios, avant d’être pris comme le son générique d’une émission radio largement écoutée, au bon matin, qui porte le même nom «Zinzin».

Bonne impression

A rappeler que le tube «Mchina l’mdina», que le public a découvert avec grand plaisir sur les radios marocaines, a été le n° 5 au Top- ten d’Ajial. Le groupe était l’invité de l’émission «Marrakech Express» en février 2008, ce qui démontre une certaine notoriété pour ce groupe mazaganais. Le triste morceau «Njoum Ellil» a laissé une bonne impression chez le public. Inspirée d’une histoire vraie, la chanson rappelle le phénomène du divorce qui déchire certaines familles. Le divorce qui continue a sévir dans notre société et ne cesse de créer une génération de jeunes élevés par l’un des conjoints.

A travers la chanson qui porte le nom de «Goulou el âame zine», le groupe dénonce l’instrumentalisation de l’art dans le jeu électoral. Une attitude a travers laquelle certains musiciens rendent service aux candidats parfois d’une manière qui porte atteinte au corps des artistes en entier.
En revanche, les paroles de la chanson rendent hommage a l’attitude positive des gens qui vivent dans le besoin, mais qui refusent les cadeaux et les privilèges en contrepartie de leurs voix.

Abderrahim Bourkia
Le Matin

Auteur/autrice