Haro sur les motos !

Même a l’approche d’un barrage de sécurité, le bipède conducteur de la bi-roue ne fait pas attention a la présence de l’agent de l’ordre, provocant ainsi, crescendo, la hargne micmac-tectonique de sa moto. Au contraire, des coups saccadés d’accélérateurs hâtent, dans l’implicite du message gestuel évident, l’agent de l’ordre a laisser libre la voie, et plus vite que ça, a ces tournées assourdissantes qui suscitent au quotidien le mépris, l’indignation et l’ahurissement de la population jdidie en quête de virées nocturnes paisibles. Ainsi, 65 des 1.234 accidents enregistrés a El Jadida en 2007 et 60 des 1.459 autres accidents en 2008 sont causés par des vélomotoristes.

Par ailleurs, l’excès de vitesse, slalomer entre véhicules en déplacement et se frayer des brèches de chemins entre les passagers, en dehors des désagréments produits, des accidents, parfois mortels, sont enregistrés par moments. Des gamins percutés ou encore des télescopages en direct contre des obstacles fixes ou en mouvement sont autant de cas relevés a longueur de la semaine, surtout au niveau des points de jonction des chemins de quartiers et des routes ou au niveau des carrefours. Cela s’explique par le fait que les bruits assourdissants émoussent la capacité de contrôle et de maîtrise du mouvement ainsi que la reconnaissance et l’appréciation en temps réel de l’espace et des orientations a prendre.

Avenue Ibn Khaldoun, Mohammed V, Mohammed VI, Nabeul, Ibno Badiss, places Abdelkrim El Khattabi, El Hansali, quartiers Lalla Zahra, du Plateau et Sâada, la route de Sidi Bouzid ou même le centre-ville d’El Jadida sont autant d’endroits pour les coups d’accélérateurs…. Les « pauvres » habitants de ces endroits ont aussi, comme leurs semblables des quartiers huppés, le tympan fragile .

Il faut tracasser dans leurs retranchements ces arrogances. Entre 70 et 45 décibels, respectivement le jour et la nuit, ces normes de sonorisation s’avèrent largement dépassées en l’absence d’actions coercitives pour rappeler a ces «producteurs » de surdité chronique qu il ne faut pas trop faire hurler leur «Take May Brother Way, non pardon, cela n’a rien avoir avec la Harley Davidson».

De nombreux citoyens crient chaque jour haro sur le big-bang quotidien des «pétaro-cyclettes» pour dénoncer ce phénomène, qui se contredit avec le minimum du civisme. Et ce sans parler «des violations» des sens interdits… Sens dessus, sens dessous, les conducteurs de motocyclettes surgissent parfois même du néant.

Attention ça sillonne tous azimuts! Un guêpier tendu ces derniers jours, par les forces de l’ordre sur la place Mohammed V, s’est soldé, dit-on, par la mise hors d’état de «déflagrations quotidiennes» d’un lot important de «pétaro-cyclettes» pour diverses infractions commises, même les grandes cylindrées de luxe n’étaient pas, cette fois, absoutes de cette opération de décontamination de la pollution sonore même si le motard est un fils a papa. Bref, si le terrorisme routier fait 4000 morts/an et constitue au regard des chiffres un fléau a l’échelle nationale, nous ne nous étonnons pas que l’on parlera demain aussi de la surdité comme un fléau de santé publique, de surcroît qu un «ventre affamé n’a point d’oreille».

Motards en folie

L’image des motards en folie est souvent synonyme d’inconscience, de violence, mais aussi de liberté, de solidarité, de passion.
c’est précisément ce qui rend les motards si différents, si inaccessibles et tellement difficiles a comprendre par tout le monde. Autonomes, libres et ignorant les règles routières, les motards sont souvent qualifiés de fous ! Ces personnages n’ont souvent pas conscience des risques qu ils prennent. Leur vie est souvent en jeu.
c’est pourquoi les notions de prise de risque, inconfort, rébellion viennent poser une question essentielle: pourquoi ces jeunes sont-ils, dans une certaine mesure, disposés a enfreindre les lois?…

Abdelmajid Nejdi
LE MATIN

Auteur/autrice