Interview avec Mohammed BOUSSATI, Président du Festival de l’art de la HALKA

Mohammed BOUSSATI, acteur et comédien connu sur le plan artistique marocain et international. Il a participé dans plusieurs œuvres cinématographiques et films télévisés et a remporté plusieurs prix dans différents festivals. Notre artiste est aussi président du festival de la HALKA depuis 2009, qui sera organisé entre le 11 et 15 avril a Sidi Bennour.

Qu est ce que vous pouvez dire de la quatrième édition du festival mondial de la HALKA d’El Jadida ?

Le festival international de l’art de la HALKA dans sa quatrième édition sera organisé a Sidi Bennour entre le 11 et le 15 avril et ce, en collaboration avec le conseil régional du tourisme. Cette édition sera organisée dans le but de réhabiliter l’art de la HALKA en tant que composante du patrimoine culturel immatériel au Maroc et au monde entier. Le festival vise a faire connaitre aux jeunes les moyens d’animation propres a cet art populaire.

Cette quatrième édition sera marquée par la participation d’animateurs venants de la France, le Portugal, l’Espagne, la Roumanie et de la Tunisie, en plus du Maroc. Les événements de ce festival se dérouleront a El Jadida, Azemmour, Sidi Bennour et Oualidiya. Le festival comprendra des spectacles de fantaisie marocaine rassemblant 1000 cavaliers, a côté de représentations théâtrales en pleine air et colloques intellectuels traitant des sujets relatifs au patrimoine immatériel, en plus de deux grands carnavals. Cette édition sera marquée par la participation de plusieurs pays et comprendra la plus grande HALKA du monde. Dotée d’une position stratégique, une vision sur la mer et une contiguïté de la cité portugaise, la place Labrija a El Jadida a été choisie pour abriter cet événement.

Toutefois, l’aide des autorités locales et administratives a El Jadida nous est très précieuse, et nous profitons de cet interview de leur lancer un appel de coeur, afin d’élever cet événement a un rang international, faisant de la ville côtière d’El jadida, la première ville a abriter la plus grande Halqa au monde inscrite au Guiness Book Records.

Quelle est votre évaluation des précédentes éditions ?

Marquée par les difficultés de commencement, la première édition n’était pas a la hauteur de nos ambitions. Malgré qu au début, l’idée de l’organisation d’un festival dédié a ce type d’art a été mal accueillie par quelques parties, le Pacha de la ville de Sidi Bennour a apprécié l’idée et nous a aidé pour réussir cette première expérience. La deuxième édition a connu une progression palpable. l’éventail des événements de la troisième édition a été élargi par l’organisation de soirées artistiques et de spectacles de fantasia. Cette année, de peur de tomber dans la redondance, nous avons pensé a l’organisation de la plus grande HALKA du monde. Faute d’espace, cette édition sera organisée a El Jadida au lieu de Sidi Bennour.

Que pourriez-vous nous dire de la HALKA en tant qu héritage populaire ?

La HALKA est un art ancien. c’est une forme de théâtre populaire représenté en plein air. Le représentant de la HALKA est un narrateur chevronné, un personnificateur compétent, un comédien maîtrisant les techniques de la farce et du sarcasme, tout en sachant comment tirer du gain de ses spectateurs.

La force du narrateur de la HALKA provient de sa contiguïté du spectateur et sa capacité de rassembler le plus large public possible. Il est doté d’une forte intuition, d’un prompt réflexe et d’une grande habileté a clore le spectacle pour recueillir les dons. La HALKA désigne une figure géométrique affectant la forme d’une ligne courbe. On dit : «les gens encerclent quelqu un» s’ils l’ont entouré d’un cercle. Les gens dans le cas de la HALKA entourent le narrateur par curiosité pour assister a sa représentation. Le narrateur se déplace librement au milieu de ce cercle pour représenter sa pièce. Le cercle s’élargit au fur et a mesure avec l’augmentation du nombre des spectateurs.

Le narrateur de la HALKA est un artiste errant qui rapporte les événements qui se passent dans les régions lointaines. Il voyage de ville en ville, dans les Souks hebdomadaires et les festivals, colportant ainsi, toutes leurs histoires et traditions qu il raconte a ses nouveaux spectateurs.

La HALKA est un art très vaste qui a ses propres règles et qui mérite d’être préservé et enseigné dans les académies et les conservatoires, en vue de protéger la mémoire collective de la négligence et de désuétude en portant un intérêt spécial aux anciens narrateurs de la HALKA dont la plupart nous ont quitté. De part ces qualités, le narrateur de la HALKA se distingue du comédien qui interprète ses rôles uniquement sur la scène du théâtre.

Vous ne voyez pas que la HALKA qui était activement présente dans les souks quotidiens et les festivals est en voie de disparition ?

Durant les cinq premières années qui ont suivi la fondation du festival, cinq piliers de l’art de la HALKA nous ont quitté. Les défunts avaient une grande renommée a l’échelle nationale, parmi lesquels le narrateur Doukkali, connu sous le nom de «Zaâtout» et un autre connu sous le nom de «Qnia», qui était connu par ses nombreux voyages, en plus de «Lahnawat». Ces professeurs nous ont quitté sans laisser de successeurs qui porteront le relais. Des parties culturelles sont responsables de cette perte. Sans leur négligence, l’art de la HALKA aurait pu être enseigné.

M. Nadia
Eljadida.com

Auteur/autrice