L école est sanctuaire autant que la chapelle

Il parait que certains de nos enfants ou plutôt certains de nos élèves, qui n’ont réussi a apprendre les bonnes manières ni chez eux ni dans nos écoles, sont a des centaines d’années lumières de comprendre ce que Victor Marie Hugo voulait dire et exprimer dans son poème : « Chaque enfant qu on enseigne, » écrit au 19ème siècle.

Dès que certains de nos collèges ici a El Jadida et a Azemour avaient affichés les résultats de la neuvième année, que des bandes d’élèves ayant recalés s’étaient armés de pierres qu ils avaient lancées sur les vitres des classes et sur les fonctionnaires surpris par ce comportement étranger.

Ces voyous ont osé franchir un pas en détruisant un bien public et en mettant en danger la vie d’autrui, pour la simple raison d’avoir échoué a la fin de l’année, constatant cela, je mesure a tel point on s’éloigne des valeurs et on s’engouffre dans la violence, cette violence est visible partout, dans nos stades, dans nos écoles, dans nos rues envahies par des vendeurs venus de nulle part et de partout.

Je crois aussi que même dans les familles on n’apprend pas a nos enfants de travailler pour mériter quelques chose, quand Victor Hugo avait écrit ce poème, il revenait d’un bagne, je crois que si éducation rimait avec apprentissage on n’en serait pas la a constater impuissants les dégâts et a redouter de nouvelles attaques.

Ecrit après la visite d’un bagne
Chaque enfant qu on enseigne est un homme qu on gagne.
Quatre vingt-dix voleurs sur cent qui sont au bagne
Ne sont jamais allés a l’école une fois,
Et ne savent pas lire, et signent d’une croix.
c’est dans cette ombre-la qu ils ont trouvé le crime.
L’ignorance est la nuit qui commence l’abîme.
Où rampe la raison, l’honnêteté périt.

Dieu, le premier auteur de tout ce qu on écrit,
A mis, sur cette terre où les hommes sont ivres,
Les ailes des esprits dans les pages des livres.
Tout homme ouvrant un livre y trouve une aile, et peut
Planer la-haut où l’âme en liberté se meut.
L’école est sanctuaire autant que la chapelle.
L’alphabet que l’enfant avec son doigt épelle
Contient sous chaque lettre une vertu ; le cœur
S éclaire doucement a cette humble lueur.
Donc au petit enfant donnez le petit livre.
Marchez, la lampe en main, pour qu il puisse vous suivre.

La nuit produit l’erreur et l’erreur l’attentat.
Faute d’enseignement, on jette dans l’état
Des hommes animaux, têtes inachevées,
Tristes instincts qui vont les prunelles crevées,
Aveugles effrayants, au regard sépulcral,
Qui marchent a tâtons dans le monde moral.
Allumons les esprits, c’est notre loi première,
Et du suif le plus vil faisons une lumière.
L’intelligence veut être ouverte ici-bas ;
Le germe a droit d’éclore ; et qui ne pense pas
Ne vit pas. Ces voleurs avaient le droit de vivre.
Songeons-y bien, l’école en or change le cuivre,
Tandis que l’ignorance en plomb transforme l’or.

Je dis que ces voleurs possédaient un trésor,
Leur pensée immortelle, auguste et nécessaire ;
Je dis qu ils ont le droit, du fond de leur misère,
De se tourner vers vous, a qui le jour sourit,
Et de vous demander compte de leur esprit ;
Je dis qu ils étaient l’homme et qu on en fit la brute ;
Je dis que je nous blâme et que je plains leur chute ;
Je dis que ce sont eux qui sont les dépouillés ;
Je dis que les forfaits dont ils se sont souillés
Ont pour point de départ ce qui n’est pas leur faute ;
Pouvaient-ils s’éclairer du flambeau qu on leur ôte ?
Ils sont les malheureux et non les ennemis.
Le premier crime fut sur eux-mêmes commis ;
On a de la pensée éteint en eux la flamme :
Et la société leur a volé leur âme.

Abderrahim Sannah
Eljadida.com

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