L esprit de la Culture de Derb

Le sujet de la culture de « Derb » est toujours aussi vivace. Etrangement, cela me fait penser aux jeux de la rue, comme des grands Innovateurs.
Parce que pour ceux qui s’intéressent aux comportements observables, la culture de ma rue, sans infrastructures, peut être sélectionnée comme signification des règles de jeux de l’Enfance qui peuvent être retenues comme fil conducteur en harmonie avec le contexte culturel, économique, social, et écologique des années soixante la rue d’Oran Mazagan, rue des Porteurs d’eau, le premier métier au Royaume.

Dés mes premières années, j étais installé dans une petite chambre, puis dans une grande chambre, dans une maison sans fenêtres, comme un orphelin la rue d’Oran, et je m y suis attaché en raison de la qualité de ses habitants, de son ambiance cordiale et familiale qui y règne entre les voisins et de son style de vivre. Et de ma rue, j avais adopté une approche « communicationnelle » ou systémique qui intègre cinq dimensions : l’individu, le groupe (ou le réseau), le contexte, le temps, et bien évidemment l’observation (sinon l’observateur).

L’individu : Je joue son rôle et vous de jauger mes paroles.
Le groupe (ou le réseau) : Je dicte les surnoms et vous de découvrir les vrais noms et juger la véracité de mes dire.

Le contexte : Je montre où et comment et pourquoi on a passé nos heures, et comment on a géré notre temps Mazagan.

Le temps : Bien sur chaque chose dite preuve de son temps, le temps ici sonne par des noms où des fonctions pour simplifier l’archive de la Rue d’Oran.

Et bien évidemment l’observation (sinon l’observateur) : Qui êtes-vous, mes chers témoins. J ai confiance votre Justice.

Parce que dans ma rue, on a joué chaque jeu dans son temps, et par nos moyens qui étaient dérisoires on innove dans chaque jeu et on se prépare pour chaque saison.

En hiver on n’a pas de chance avec la météo, la pluie tombe mais on décide bien s’amuser quand même, même si dans notre temps on n’a ni TV ni Net Pendant toute cette saison, notre monde d’Enfance et notre mode de jeux deviennent couper en deux, les amis Pyross, adorateurs des jeux du Soleil, quand le soleil se montre, pour jouer les 7firates jeu des troues avec une balle de tennis sur une ponte d’une maison dans la rue, ou le jeu de Blaydates , partage de la terre, jeu avec un clou pointu sur rectangle parterre, et les amis Hydross, amoureux des jeux de la pluie, pour jouer qui son bateau va être le premier, quand elle pleut.

Et pendant les vacances du nouvel an, l’époque c’étaient 15 jours, les Amis Hydross et Pyross s’affrontent, la Pluie réveille les mercenaires Hydross qui déchaînent leur colère pour couler ou voler les bateaux et violer la règle du jeu, et dés que le soleil se montre, les chevaliers Pyross laissent la neige .
Fin de 1969, ma rue, après avoir rangé son bâche et allumé sa première ampoule de la nuit, nous a laissés sain et sauf sans tousser sans être enrhumé en jaugeant nos gorges au son d’un moteur qui n’arrête pas a démarrer et étire enfin ses bras de tonnerre où les éclairs sur ciel illuminent la mémoire de la rue… ma rue.

Les premiers jours de vacance, le matin on voit la pluie tombe, l’eau coule abondamment sur les bords du sentier et nous, nous nous penchons préparer des bateaux en papier avec un drapeau collé sur une allumette pour une course des planches voiles la darse, un des jeux que nous avons l’habitude d’assister chaque année pendant la fête de la jeunesse au Port de Mazagan.

Moi, toujours je choisis le design de mon bateau. moi-même, je choisis la qualité du papier, et la couleur du drapeau, papier blanc, le slogan couleur rouge dedans une étoile verte et en bas le nom et le numéro du bateau, un tout petit bout de papier collé sur une allumette de couleur verte. Heureux celui qui son bateau arrive le premier ! Si c’est un Hydross c’est une panique, et si c’est un Pyross c’est une autre panique.

Depuis les préparatifs et pendant la fabrication, avant même de mettre les bateaux concurrents sur l’eau qui coule comme sur un ruisseau, ils commencent partager les insultes, comme avant le match Algérie-Egypte.
Un souffle du vent applaudit la fin des préparatifs et s’étale sous nos yeux aux rayons clairs voyants du soleil. Chacun tient sa création en main, on observe une courte minute de silence collé sur le mur qui tirait sur ma rue un nuage pour nous reposer un peu. Un autre souffle du vent vient doucement se reposer sur nos visages mouillés en attendant entendre la voix atroce d’une de nos Ommis, nos mamans, qui a peur qu on attrape le mal de l’hiver, et on retourne en courant chacun devant sa maison pour la feinter et revenir placer nos bateaux pour une autre course derrière les papiers au jeu d’enfance de mon temps.

«Cours vite et tout de suite..» je souffle doucement a mon bateau.. « Ne sois pas le sal bateau des égouts!!! ». Maintes fois il m a écouté, et nous étions arrivés les premiers. Hassan Kinini, n’est ni Pyross, ni Hydross, le premier maladroit et le dernier concurrent de toutes les courses, tend sa lance pierre pour renverser le bateau en tête du pluton.
« Je vais renverser le premier bateau, je vais le faire noyer, je vais le br»ler, je vais le sauter, je vais le bombarder !!… Pchakhhhh! »

L’œil de Ommi Fatna, sa mère, qui se mêle de notre jeu, se gonfle faisant une bosse multicolore, comme un dos d’âne sur son maigre visage bronzé, et commence a dévoiler nos noms et le secret de notre journée de pluie par sa voix criarde dans la rue en galopant de près par un triple saut a pas en ralenti vers la maison d’Ommi Menni, la maman d’un autre Hassan connu entre nous par Hassan Amiro, pour lui montrer son œil gonflé a moitié fermé. c’est notre moment d’assister ce qui se passe dans les coulisses d’une scène Shakespearienne en quiproquo entre Ommi Fatna la maman de Hassan Kinini et Ommi Menni la maman de Hassan Amiro.

Ommi Fatna : « Tiens ma voisine, regarde ce que j ai reçu comme cadeau de la part de notre fils Hassan ?

Ommi Menni riposte : « Votre fils Hassan pas le notre, le mien est adroit. »

Ommi Fatna tient le coup et s’excuse auprès de Ommi Menni : « Pardonne-moi ma sœur et voisine, je crois que mon fils est aussi le tien, mais comme tu es ingrat, je prie Dieu, que quand mon fils cherche viser un œil trouvera le tien ! ».

Ommi Menni lève ses bras et ses yeux en priant la pluie pour que, ce que va lancer Hassan Kinini touche la barre transversale et retourne directement vers les deux yeux de Ommi Fatna, pour équilibrer le gonflage.

Des gouttes de pluie interviennent pour éteindre l’étincelle de cette flamme d’humour afin de les séparer sans prise de tête, puis la pluie s’arrête. Et sans Hassan Kinini on reprend la course et sous le toit de la maison de Ommi Wicha se déroule la cérémonie de la remise des prix de jeu la pluie, jeu .pour accueillir la pluie en jouant sous ses gouttes une fois et une fois sous les rayons d’un soleil hivernal… ».

La pluie était belle ce temps la ! Du bout de ses gouttes, on jouait sur le long de ma rue au rythme de notre dernière chanson d’enfance O Pluie ! pleut et pleut encore.. Tes fils sont dans mon coffre-fort ? Les Hydross sont envolés par le vent et les Pyross par la canicule sont fatigués! , chanson qui nous donnait un malin plaisir a résonner pour recevoir l’hiver a cœur ouvert sans parapluie sans vêtements de cuir. Enfants du béton, enfants blindés que nous étions, par nature nous connaissions tous les jeux de l’hivers, et chaque jeu a son temps que le vent emportait dans nos cœurs.

A suivre..

El Bachir Boukhairat
Eljadida.com

Auteur/autrice