La mendicité a foison a El Jadida

Dans son édition du 25 octobre 2007, le journal Le Matin a publié en page 20, un article remarquable signé M. Abdelmajid Nejdi. Celui-ci y décrit pour le dénoncer un phénomène social alarmant. Il s’agit de la mendicité a El Jadida qui a atteint, selon les termes de l’auteur, des seuils intolérables. Il s’étonne, a juste titre, que les pouvoirs publics restent inertes face a une situation scandaleuse et dégradante.

J en rapporte, ici, des extraits qui ne dispensent pas de sa lecture intégrale.

L’ampleur du phénomène

Partout où on passe a El Jadida, on est apostrophé par des ombres . Des vieillards, des femmes, des garçons… Ils sont assis a même le sol, blottis les uns contre les autres, ce phénomène honteux s’amplifie de jour en jour et concerne tous les lieux stratégiques de la capitale des Doukkala
On les trouve près des mosquées, des administrations publiques et des banques et tout au long de la place Al Hansali. Les mendiants sont partout où il y a du monde. Au seuil des magasins et des marchés, le long des trottoirs où il devient difficile de se frayer un passage sans y être agressé par des complaintes et des sollicitudes.
A El jadida il n’y a pas d’âge pour mendier, ces gens sont si nombreux qu on ne sait plus qui quémande et qui reçoit la charité.

Les techniques de mendicté

Elles sont différentes et (varient) en fonction du handicap que montrent ces malheureux. La simple main tendue ne suffit plus pour émouvoir le passant. Il faut gémir, exhiber son handicap ou laisser aller les bambins.
Les femmes et les jeunes filles vont (même) vers d’autres créneaux aussi vils que dangereux telle la prostitution.
Les plus jeunes des enfants sont bourrés de somnifères pour qu ils se tiennent tranquilles et ne pleurent pas.

Les enjeux de la mendicité

Selon des propriétaires de magasins, chez lesquels elle dépose momentanément son argent, une vieille femme peut gagner chaque jour entre 600 et 800 dh. Certains mendiants s’adonnent a cette pratique non pas par nécessité ou besoin absolu, mais par une sorte de délectation ou habitude. Ce folklore douloureux cache un business de la mendicité, avec ses lois, ses chefs et ses normes : Ce système emploie des enfants de 1 a 14 ans. Souvent (les mendiantes) louent les enfants d’autrui moyennant une somme de 150 a 200 dh par jour. Le prix d’un enfant cumulant handicap et talent peut aller jusqu a 300 dh par jour.

Attitude des pouvoirs publics

Mais tout cela ne semble pas émouvoir, outre mesure, les pouvoirs publics qui restent inertes face a ces situations scandaleuses et dégradantes aussi bien pour l’être humain que pour la société.

Abdelmajid Nejdi
Le Matin du 25/10/2007 p.20

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