Le Portugal et le Maroc, de la confrontation a la coopération

Deux ouvrages d’histoire intitulés “Mazagan : une ville luso-marocaine déportée a l’Amazonie” et “La Chronique de Santa Cruz do Cabo de Guê d’Agoa de Narba” ont été présentés jeudi soir a Rabat, a l’initiative de l’ambassade du Portugal et du Centre culturel portugais.

Ecrit par le professeur José Manuel Azevedo e Silva, le premier livre raconte l’histoire inédite de Mazagan (El Jadida actuellement), une ville située sur la côte marocaine qui a été évacuée et transportée vers l’autre côté de l’Atlantique, en Amazonie (Brésil).

Intervenant lors de la présentation de son livre, le Pr. José Azevedo a rappelé que cette ville-forteresse représentait le dernier bastion portugais sur le Maghreb septentrional.

Le 11 mars 1769, toute la garnison militaire de la ville et sa population, composée de 425 familles et 2.092 personnes, embarquée dans 12 navires, se dirige vers Lisbonne, précise-t-il, ajoutant que six mois après, elle reprend vers la marge gauche du fleuve Amazone où elle va fonder la Nouvelle ville de Mazagan (vila Nova de Mazagao).

Le deuxième livre : “La Chronique de Santa Cruz do Cabo de Guê d’Agoa de Narba” (l actuel Agadir), un ouvrage collectif, écrit en portugais et en arabe par José Manuel Azevedo e Silva, Joao Marinho dos Santos, et Mohamed Nadir, comprend trois études illustrées par des images notamment de la région d’Agadir, avant sa destruction par le tremblement de terre de 1960.

Pour Mme Maria Helena da Cruz Coelho, de l’Université de Coimbra, qui présentait l’ouvrage, “cette dualité linguistique manifeste d’emblée une ferme volonté de collaboration entre historiens portugais et marocains”.

“Le Portugal et le Maroc partagent un passé largement commun -et qui n’a pas toujours été pacifique- désirent en ce début du XXIe siècle, instituer un nouveau dialogue, ouvert et sans complexes”, a relevé Mme Maria da Cruz, ajoutant que “Seule une connaissance approfondie, une confrontation franche de ce passé peut permettre de construire le moment présent, qui est déja le passé de demain”.

D ailleurs la première étude réalisée par le prof Marinho dos Santos s’inspire de cette idée et porte sur le thème : “Le Portugal et le Maroc : de la confrontation a la coopération”.

Pour situer le lecteur dans le contexte spécifique des récits de “La Chronique de Santa Cruz do Cabo de Guê d’Agoa de Narba”, Marinho dos Santos tente d’expliquer la présence des portugais au Maroc de 1415 a 1541, année où le Portugal commence a perdre, sous l’effet d’une politique globale ou impériale, presque toutes ses places-fortes d’Afrique du Nord.

Dans la 2e étude : “la région du Souss durant l’occupation portugaise”, le chercheur marocain Mohamed Nadir, tout en s’appuyant sur des descriptions laissées par les géographes arabes, les chroniqueurs et les voyageurs européens, donne une synthèse de la réalité géographique, économique, sociale et politique du Sous, des temps médiévaux jusqu au XVIème siècle.

Il retrace ensuite l’histoire de la ville depuis sa fondation en 1505, a sa reddition en 1541, a travers des aspects divers et significatifs.

L’auteur évoque par ailleurs les destructions subies par la forteresse, fondée par Joao Lopes de Sequiera, et les reconstructions rendues nécessaires par les attaques des Maures, notamment en citant le terrible siège de 1533 et l’assaut final de 1541.

Quant a la 3e étude, qui constitue la véritable raison d’être de l’ouvrage, elle traite d’une chronique de la présence des Portugais dans la place de Santa Cruz do Cabo de Guer (Agadir) depuis sa fondation en 1505, jusqu a sa chute en 1541.

Réalisée par José Azevedo, l’étude décrit en détail le manuscrit de la chronique en question, qui fut découvert en 1775, année de l’établissement du premier catalogue de la Bibliothèque du Monastère d’Alcobaça, aujourd hui l’un des principaux fonds des manuscrits de la Bibliothèque nationale de Lisbonne.

Dans ce manuscrit anonyme, dont l’auteur est vraisemblablement le fils d’un “chevalier fort honoré” qui accompagnait le premier capitaine Francisco de Castro, en 1513, le chroniqueur insiste sur la véracité des faits qu il rapporte et exerce son esprit critique sur les rumeurs ou les récits qu il tient de tierces personnes qu il ne juge pas dignes de foi.

Mais en rédigeant sa chronique, entre 1560 et 1570, l’auteur se fixe une règle de présenter les aspects généraux, les grands cadres factuels, pour faire ressortir la vivacité des détails.

José Manuel Azevedo e Silva est professeur d’Histoire a l’Université de Coimbra. Il a axé son activité d’enseignant sur l’Histoire des découvertes et de l’expansion portugaise et de l’histoire du Brésil. Son confrère Joao Marinho dos Santos, est coordinateur scientifique du Centre d’Histoire de la Société et Culture et directeur de l’Institut d’Histoire de l’Expansion d’outre-mer.

Quant a Mohamed Nadir, il est maître dans l’histoire de l’Expansion portugaise a la Faculté de lettres de l’Université de Coimbra. Il titulaire d’une licence a l’Université Mohammed V de Rabat, et d’un diplôme de l’université Complutense de Madrid en relations internationales, Diplomatie et Moyens de communication. Il prépare actuellement un doctorat a l’Université de Coimbra.


MAP

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