Les entreprises citoyennes

“Lu pour vous”
Les entreprises citoyennes.
Une mutation de l’entreprise.

Les objectifs de rentabilité d’une entreprise sont-ils compatibles avec la mise en place par celle-ci d’une vraie politique sociale respectueuse des hommes qui la composent et l’entourent ? Telle est la question que l’on pouvait se poser ces dernières décennies tant les exemples de licenciement massifs et de délocalisations inhumaines ont été nombreux. Pourtant les choses sont en train de changer. Sous l’impulsion d’une tendance très anglo-saxonne, de plus en plus de grands groupes internationaux et de PME misent sur une croissance saine et durable dans laquelle l’être humain retrouve toute sa place.

Une implication plus concrète

Avant, la seule responsabilité que l’on reconnaissait a l’entreprise était de faire de l’argent. Celle-ci se contentait essentiellement de participer a des opérations de mécénats culturels ou financiers. Aujourd hui, les grands groupes veulent s’impliquer dans le champ social au sens large. Pour eux, c’est une manière de renforcer une vraie légitimité », explique Henri de Reboul, le délégué général de l’Institut du Mécénat et de la Solidarité (IMS). Cet organisme crée en 1986 rassemble plus de 110 sociétés. Il a pour mission de favoriser l’engagement de ses membres dans des opérations de solidarité ou d’insertion.

Des compétences complémentaires

Les domaines d’intervention dans lesquels les entreprises peuvent s’engager sont extrêmement nombreux et conduisent celles-ci a collaborer de manière de plus en plus étroite avec le tissu associatif français. « Les compétences de ces entités économiques et des associations de solidarité sont complémentaires. Les entreprises peuvent apporter leur savoir-faire en matière de gestion, de logistique mais aussi leurs moyens financiers, tandis que les associations offrent leur connaissance du terrain et leur proximité avec les plus démunis », explique M. de Reboul.

Produit et partage

Plusieurs partenariats types unissent généralement ces deux acteurs. d’abord, le mécénat de solidarité. Ici, une société finance une organisation ou un projet précis en France ou dans un pays en développement. c’est le mode de contribution le plus classique. Mais il existe des formes de collaboration beaucoup plus élaborées. Les opérations « produit partage » permettent ainsi a certaines entreprises de vendre un produit en s’engageant a remettre un pourcentage des sommes récoltées a une association. Chaque année, La Redoute reverse par exemple une partie de ces recettes sur les ours en peluche a Handicap international. De la même manière, l’entreprise de téléphonie SFR a récemment organisé un partenariat avec La Voix de l’Enfant en mettant a disposition son réseau pour effectuer des dons par téléphone. Elle s’engage aussi a reverser sept euros par téléphone récupéré et recyclé, afin de financer la création d’une unité d’accueil pour les enfants victimes de maltraitances. Ces initiatives permettent de valoriser l’entreprise auprès de ses clients et de soutenir une bonne cause.

Mécénat de compétence

Autre forme d’opération gagnant/gagnant : le mécénat de compétence. Celui-ci donne la possibilité a des salariés volontaires et bénévoles de pouvoir mettre leurs compétences au service d’une association durant quelques jours dans l’année. « Ce style de mécénat est une occasion pour l’association de bénéficier des savoir-faire de l’entreprise mais il permet aussi au salarié de donner une autre dimension a son poste en exerçant ses compétences dans un environnement inhabituel. Un regard nouveau qui bénéficie tant a l’entreprise qu a l’association », raconte Isabelle Douard, responsable du programme « Engagement Citoyen » auprès de l’IMS.

La fierté d’appartenance

Grâce a ces collaborations, l’entreprise entretient une bonne image externe avec des clients ou des investisseurs de plus en plus attentifs aux bonnes pratiques des sociétés. Elles constituent aussi pour les salariés de nouveaux outils de motivation. « Ces temps de bénévolat ont un impact véritable sur la bonne ambiance au sein d’un groupe. Il existe un vrai sentiment de fierté d’appartenir a une entreprise qui agit pour les autres », ajoute Isabelle Douard.
Dans le vaste mouvement d’ouverture des grands groupes sur leur environnement social, les associations apparaissent donc comme des relais incontournables pour permettre a l’entreprise de devenir un acteur a part entière de la vie citoyenneté.

Salah Chakor

Auteur/autrice