Lettres marocaines (1) : Misère sans frontières

Dernières nouvelles de Paris : ce Samedi 9 Février 2008, le temps est “beau”. c’est-a-dire qu il fait un peu moins froid que d’habitude. Cette année, en effet, l’hiver n’est pas “rude”. Sauf pour les “SDF”, bien s»r, pour lesquels une seule nuit d’hiver “rude” et c’est la mort “naturelle” “potentielle”, dans un coin de rue passante, dans une boîte en carton qu “on” ne remarque même plus. d’ailleurs, n’est-ce-pas, elle est peut-être vide … “on” ne va tout de même pas se mêler de la vie privée des gens.

Les “SDF”, pour ceux qui ne le sauraient pas encore, ce sont les “Sans Domicile Fixe” ou bien les “Sans Abri”, comme vous voulez. A ne pas confondre avec les bons vieux “clochards” d’antan, les “folkloriques”, les “figures”, désormais disparues, des quartiers, populaires ou bourgeois, qui “choisissaient” cette “vie marginale” par aversion pour la vie dite “normale” faite d’obéissance a des règles innombrables et insupportables.

Non, les “SDF” n’ont pas “choisi” du tout de crever a petit froid, a moyen froid ou a grand-froid … Ils peuvent avoir 18 ou 50 ans (rares sont ceux ou celles qui dépassent de beaucoup les 50 ans d’espérance de vie dans de telles conditions), ils ou elles sont, comme on dit ici “en galère”, depuis tant de jours, de nuits, de semaines, de mois ou d’années … enfin tant qu ils ou elles “tiennent”. Sans famille ou avec une famille qui n’en veut plus, sans travail ou avec un travail qui n’en veut plus, sans autres “amis” que des “compagnons de galère” qui peuvent, d’un moment a l’autre se transformer en leurs bourreaux : la routine d’une misère absolue qui se développe en même temps que la mirobolante et inhumaine “croissance” de “pays riches” qui se nourrissent de plus en plus de “leurs” “pauvres” pour rester “riches”.

De plus en plus, il y a les “SDF” “nouvelle vague” : ceux et celles qu on appelle les “travailleurs pauvres” (working-poor), qui disposent d’un travail “a temps plus ou moins plein” mais dont le salaire (souvent “correct”) ne permet pas de trouver un logement, tant les loyers sont inabordables aux hommes ou aux femmes seul(e)s. Les femmes seules avec enfant(s) ont plus de “chances” de bénéficier d’hébergements a court ou moyen terme, mais alors, le phénomène des “enfants pauvres”, quasiment condamnés (pas toujours, heureusement) a connaître, une fois adultes, le même sort que leurs parents, devient encore plus préoccupant.

Il serait profondément injuste de ne pas souligner a quel point la “misère” en France n’a rien de commun avec celle que connaissent les “pauvres” des pays “riches” anglo-saxons, USA ou Grande-Bretagne. En France, la “PROTECTION SOCIALE” existe bel et bien malgré tout et la “Couverture Maladie Universelle” permet de soigner convenablement même les plus indigents, qu ils soient ou non de nationalité française, qu ils soient avec ou sans “papiers”.

Evidemment, ce “tableau”, qui ne peut être que noir, de la “misère ordinaire en pays riche” a pour but, non pas de jeter un quelconque opprobre sur les dits “pays riches” qui ne se réjouissent certainement pas de leur situation paradoxale (et dont tous les dirigeants -je parle des véritables démocraties-, sans aucun doute, quels que soient leurs bords politiques, mettent tout en oeuvre pour éradiquer cette espèce de malédiction, malheureusement inhérente au “système” improprement dit “libéral” de leur économie), mais bien au contraire de mettre les projecteurs, même si “ça fait mal”, sur les aberrations dramatiques d’une LOGIQUE IMPLACABLE DE LA PERFORMANCE ET DU RENDEMENT, au détriment, comme d’habitude et depuis la nuit des temps, DES PLUS VULNERABLES, QUI SE MULTIPLIENT, AU XXIe SIECE, A PLUS GRANDE VITESSE ENCORE QUE LES PLUS FORTS!

Marcel Benatar
Eljadida.com

Auteur/autrice