Lettres marocaines (8) : la Mémoire du Devoir

Depuis que j ai entamé cette série d’articles sur le thème “Comment peut-on être marocain?”, la question qui m est le plus souvent posée est : “Qu est-ce qui te prend, a 62 ans, de t aventurer ainsi sur des “terrains” plus ou moins “minés”, alors que tu pourrais te la couler douce, en te consacrant, comme ton petit collègue Victor Hugo, a “L art d’être grand-père”?”

Cette question semble, de prime abord, “aller de soi”. En effet, il est dans le (sinistre) “ordre des choses”, imposé par une dite “société” “moderne” vouant un indéfectible culte au “veau d’or” de “moins de quarante ans”, de signifier “gentiment” aux dinosaures ayant dépassé outrageusement l’age glorieux de la puberté boutonneuse triomphante, de “se ranger” sur le bas-coté de la route, pour obéir a un implacable code de la déroute, avec son pique-nique de pépère, pour laisser “la place” aux bolides tonitruants des “générations nouvelles”, toujours absolument convaincues de leur “éternelle jeunesse”.

Cette question, que les “bolides” boutonneux en question s’en persuadent une bonne fois pour toutes, cette question bouffonne, je la balaie d’un revers de main, d’un trait de plume, je la pulvérise, je la disperse, je l’atomise, je la ventile façon puzzle, pour paraphraser le génial Michel Audiard, dialoguiste a la mitrailleuse gouailleuse incomparable et imparable, de films d’une sublime franchouillardise d’anthologie comme “Les tontons flingueurs”, “Les barbouzes”, “Ne nous énervons pas”, etc, du réalisateur Georges Lautner, entre autres.

“Ce qui me prend”, mes chers amis, c’est l’absolue conviction que nous avons, tous et toutes, vous et moi, quels que soient notre age, notre “condition sociale”, notre “parcours”, notre “origine”, notre “religion”, notre “non-religion” … tous et toutes, je ne cesserai jamais de le répéter, nous avons l’IMPERIEUX DEVOIR DE TRANSMETTRE, JUSQU A NOTRE DERNIER SOUFFLE, chacun a sa manière, chacun avec les moyens, même infimes, dont il dispose, SANS JAMAIS FAIBLIR, A NOS ENFANTS ET PETITS-ENFANTS (voila qu on en revient, au bout du compte – comme ça tout le monde sera content – a “l art d’être grand-père”) … UN MESSAGE SACRE DE PAIX ET DE FRATERNITE UNIVERSELLE, quels que soient les aléas, toujours tragiques quand la tragique humanité s’en mêle, de l'”EXISTENCE”!

Bien évidemment, nous avons, c’est IMPERATIF, c’est VITAL, pour l’avenir et la sauvegarde de l’humanité, UN DEVOIR SACRE DE MEMOIRE! Comment “effacer” de la “conscience collective” et individuelle, les atroces et “inimaginables” “PULSIONS DE MORT ET DE SADISME DEPASSANT l’ENTENDEMENT DIT HUMAIN” qui ont ravagé, sans jamais la moindre trêve, et continuent, hélas, comble de la désolation implacable et infatigable, de ravager le monde pétrifié, méthodiquement, méticuleusement …
… Comment “effacer” le cri impossible d’un seul enfant terrorisé et impitoyablement livré aux meutes innombrables, toujours diaboliquement renouvelées, d'”adultes”, monstres ordinaires de cauchemars, se nourrissant insatiablement et (apparremment) impunément du sang des innocents?

Mais enfin, ces “monstres ordinaires” la, qui semblent “avoir tous les droits”, parce qu ils sont, a un moment donné, “en situation” d'”être les plus forts”, DOIT-ON ALORS SE RESIGNER, JUSQU A LA FIN DES TEMPS (qui ne saurait d’ailleurs tarder, si “les choses” devaient, par malheur, rester en l’état), A LES SUBIR, TETANISES QUE NOUS SOMMES PAR l’AMPLEUR DU DESASTRE DEJA ACCOMPLI?

Ou bien avons-nous, tous et toutes, chacun et chacune d’entre nous, BIEN GARDE EN TETE LA MEMOIRE DU DEVOIR? LE DEVOIR! LE DEVOIR!

Oui, il s’agit de cela et de rien de moins : LE DEVOIR! Et c’est justement pourquoi il ne faut pas compter sur moi pour me consacrer exclusivement a l'”art d’être grand-père” (rassurez-vous, surtout … mes petits-enfants gardent la plus grande part de moi-même … ils ne sont s»rement pas a plaindre …).

Gardons toujours en mémoire que nous avons le DEVOIR, COMME TANT d’AUTRES AVANT NOUS l’ONT FAIT SI MAGNIFIQUEMENT, de défier, DE FAIRE FACE, “pot de terre” ou “pot de fer”, aucune importance, avec nos armes (qui sont TERRIBLES, puisqu elles sont, comme dit CICERON : “LES ARMES DE VULCAIN”, c’est-a-dire LE COURAGE!), sans aucunement trembler, a ces monstres hideux aux “triomphes” hideux, voués, par la grâce de Dieu au châtiment suprême qu ils “méritent”.

Marcel Benatar


Auteur/autrice