Livre: El Jadida-Destins croisés

-Un ouvrage de l’essayiste Mustapha Jmahri
-A travers des témoignages, il dresse une tranche d’histoire de la ville
-Diversité des personnalités retenues, porteuses d’un profil et d’un parcours

Il y a l’histoire – la grande – faite par des hommes de destin et des circonstances particulières, et puis il y a tout le maillage qui l’articule: des territoires, des statuts, un mode de vie, des valeurs et des flagrances qui se cristallisent pour forcer le destin. Rien de tout cela dans le livre de Mustapha Jmahri qui, dans une quinzaine de témoignages et de récits, dresse a grands traits une tranche d’histoire de sa ville El Jadida-Mazagan, de 1900 a 1960*.

Ce qui frappe, ce sont plusieurs choses: la diversité des personnalités retenues, les unes marocaines, les autres étrangères; le large spectre de leur statut social; mais aussi le fait que chacune d’elles est porteuse d’un profil ainsi que d’un parcours. Il faut y ajouter l’expression d’un climat politique, d’une tranche d’histoire dominée par le protectorat mais où l’élan militant et nationaliste n’avait jamais fléchi. Comment s’exprimait alors ce patriotisme? Par la force des convictions et le sens aigu du devoir – une éthique de l’engagement politique passablement a la peine depuis

Des portraits sont mis en relief. Tous témoignent des qualités morales de ceux qui se sont dévoués pour les Jdidis d’alors et plus encore pour le recouvrement de l’indépendance: Abdelouahed El Kadiri, Houcine El Ayoubi, Mohamed Tibari – fondateur de l’UMT – Kacem Laraki. d’autres récits, eux, relatent les liens noués avec des résidents français, lesquels vivaient ou cohabitaient en bonne intelligence avec les Marocains.

c’est de la «micro-histoire», comme le dit Mohammed Ennaji dans sa préface. Oui, sans doute, mais tellement éclairante: sur un mode de vie, sur une société avec ses joies et ses peines, son labeur et ses loisirs, enfin sur son sens de la tolérance et de son appétence pour la vie. Il s’agit, justement ici, d’un vécu qui devrait inspirer d’autres auteurs pour emprunter la même voie a propos des villes du Royaume. De la petite histoire, diront certains? Pour nous en tout cas: adjugé!

Mustapha SEHIMI
LEconomiste