Marouane AKA Lafkih, le rap made in El Jadida

On frappe a la porte de sa maison sise a la rue Lefquih Belhaiba, son ami nous dit « Il est la, en train de faire ses ablutions », Nous attendions qu il finisse pour le voir et l’entendre dire, « bienvenue a la Zawia », derrière sa barbe très entretenue et son air bad boy, se cache un grand blagueur, un pêche-mot, qui te prends par la main pour te guider vers un rire enfouis au fond de ta poitrine, il nous explique le pourquoi de son nom : Lafkih, « Je vit dans une Dar Beldiya (maison marocaine typique), tout le monde l’appelle « zawya » car c’est une maison dont la porte ne se ferme jamais, toujours bondée de monde, je suis au centre de cette maison, je suis donc le Fquih de ma Zawia ». Question : Kifach katkteb ??? « Kankteb Belimniya », dixit notre ami avec un sourire très large.

Lafkih

Marouane est né en 1978 a El Jadida, grand passionné de rap et de culture Hip Hop, il était l’un des rares a s’aventurer – a l’époque – a prendre cette culture au sérieux, dans une ville qui ne jurait que par le Chaabi, et qui voyait d’un œil trop indifférent, toute forme de culture urbaine nouvelle. En 1995-1996 il commence avec son premier groupe « Yes-LM », formé de trois personnes qui n’a pas trop duré, mais qui lui a permis de vivre une première expérience musicale, en 2001-2002 il participa au Boulevard des Jeunes Musiciens auquel il réussissait toujours a avoir sa place au podium Le style de Marouane est unique, son flow attachant, ses paroles hard et tranchantes, et ses freestyles trop délirants, il n’a pas froid aux yeux quand il dénonce la pauvreté, le chômage, les problèmes sociaux de son entourage direct, des thèmes souvent évoqués dans tout le répertoire hip hop marocain, mais qui retrouvent une grande touche de proximité chez notre ami. Il ne freine pas non-plus quand il se lance dans un délire ou un jeu de mot humoristique, a la sauce sociale qui, en l’espace d’un freestyle, te pousse a faire travailler les neurones.

Son inspiration vient du vécu et des multiples facettes de la vie d’un jdidi, qui se veut un marocain avant tout, ses hauts, ses bas, ses rires, ses maux et ses douleurs. « Parfois je passe dans la rue, je peux avoir un texte que j enregistre sur mon téléphone portable », ses thèmes de prédilection, plutôt dans le social, sur « sa » Zaouia, Zatla, chômage, délinquance, des textes où une réplique revient souvent « 9al3a mon secteur, Jdida ma ville », témoin de son attachement a sa ville natale. Il est l’enfant d’une ville et d’un quartier « El Kalaa », qui tient beaucoup a son look décontracté et sa culture hip hop, pas trop a la cote au sein d’El Jadida, une ville où les jeunes se dirigent vers d’autres horizons culturels, loin des baggy, sweats a capuche ou tee-shirts et jeans en XXXL.

Le silence radio

Pendant plus de cinq ans, un grand silence radio hante la zawia, Marouane ne se produit plus, de rares apparitions par-ci ou par-la, sur des festivals et scènes régionales dont dernièrement la méga soirée « we love Mazagan city » organisée par les étudiants de la FPJ, la cause de cette absence selon Lafkih : « Je n’avais pas en tête, l’idée de continuer dans le rap, ou d’en faire une activité professionnelle, seules les encouragements de plusieurs membres de ma famille, dont mon cousin Kamal en France et mes oncles aux US et a Casablanca qui m ont poussé a ne pas laisser tomber cette passion ».

Le come back

Heureusement, Lafkih nous prépare un mini-album qui sera suivi par une mixtape, prévu pour cette fin d’année 2009, en auto production (normal dans le plus beau pays du monde), avec quelques featuring d’amis locaux ou étrangers.

Un come-back discret, préparé avec beaucoup de finesse au sein de son team, avant de se lancer sur un Album « Sortir un album demande beaucoup de travail et surtout beaucoup de temps… Pour l’instant on n’a pas fixé de nom pour notre mini-album, on devait l’appeller l’Hayatt Wella l’moutt, mais on verra a la sortie, je collabore avec DJ Med sur la future mixtape, qui a travaillé avec beaucoup d’artistes et groupes comme Cut Killer, Zanka Flow ou Mafia C, sur le mini album, il y aura beaucoup de featuring, c’est tout ce que je peut vous dire ».

Dans une ville où le rap et les cultures urbaines n’ont pas de place, alors qu elles fleurissent sous d’autre cieux du Royaume Chérifien, Lafkih reste une exception, face a l’absence de clubs ou d’espaces ouverts pour promouvoir les acteurs de la nouvelle scène jdidie ou marocaine, notre ami tient a son art malgré qu il peine (ainsi que d’autre acteurs jdidis) a le partager avec son public, pourtant avide de prestations de ce genre.

Big Up Lafkih on attend le come-back

Plus d’infos sur : http://www.myspace.com/lafkih

En vidéo : un petit aperçu …

Driss LEBBAT
Eljadida.com

Auteur/autrice