Mazzica

Après la vague des départs volontaires, voici le temps des retraites forcées ! Désormais, on ne démissionne plus que pour le fric, mais aussi pour préserver sa libre pensée. Le récent brui de la démission exceptionnelle de certains responsables de l’information télévisée semble le confirmer, quoique certains journaux ne paraissent pas du même avis. Dans un quotidien de gauche, on compare ces insurgés a une troupe théâtrale au jeu brouillé. Chez un autre confrère visiblement non socialiste, c’est une grosse pointure du gouvernement qui serait a l’origine de l’insurrection de la gracieuse Sitail et ses adjoints. Rumeur ou vérité ? En tout cas, les plus grands démissionnaires de ce milieu sont nos téléspectateurs qui, pour fuir l’éternelle musique, préfèrent de plus en plus la fraîcheur des chaînes étrangères a la platitude de nos écrans.

Pour ramener les brebis égarées, nos deux boites a images revoient chaque été les grilles de leurs programmes en forçant sur la musique, étrangère bien s»r ! Because la chanson marocaine n’est plus ! Excepté le chaabi, nos éditeurs ont peur de vendre la chanson marocaine auprès d’un public qui ne jure plus que par les vidéoclips aux stars sulfureuses, grâce au génie des pirates de Derb Ghalef. Le malaise est donc partout, l’indifférence de l’Etat est flagrante pour ce secteur ; les enseignants vacataires dans les conservatoires de musique en sont le plus bel exemple. Dimanche dernier, c’était la journée nationale pour la musique, mais seulement sur le calendrier annuel ! Avec l’arrivée des chaînes satellitaires, paroliers et compositeurs Marocains réalisent leur retard par rapport aux confrères Arabes. Certains talents travaillent dur sans trouver preneur ou doivent se prostituer en composant du n’importe quoi. d’autres, plus vieux, ne suivent plus et se cachent derrière une prétendue tradition. Quant aux jeunes chanteurs Marocains, l’Orient est dorénavant leur seul salut pour réaliser une quelconque ambition. A chaque concours de Studio 2M, les candidats nous rappellent la triste vérité de la chanson Marocaine en roucoulant pour des idoles étrangères. Parallèlement, l’évolution des vidéoclips vers l’exhibitionnisme relègue de plus en plus les paroles et la composition au second plan ; encourageant ainsi une génération de chanteuses genre ma belle couches-toi la !

A l’étranger, diverses nations fêtent comme il se doit la journée de la musique en déferlant dans les rues pour y jouer de tout instrument musical. Dans notre pays, nos chanteurs sont a deux doigts de descendre dans les rues, mais pour y mendier en chantant, peut-être, la triste chanson d’Aznavour, je me voyais déja !

Merci

Abdelaziz CHERIF

Auteur/autrice