MOHAMMED MAHER: Lecteur de l’absurde

Mon père m avait dit un jour :

– Sois indulgent et gentil avec tes amis !

Cette phrase m était adressée il ya 30 ans, a un moment ou l’amitié, l’amour, la famille n’étaient pas des mots creux.

Curieusement, en lisant le recueil de nouvelles de Mohammed MAHER, j ai retrouvé la sérénité d’antan, et un sens a un combat qu on a fait nôtre, a savoir écrire.

Parler de ce recueil de nouvelles, au titre pour le moins paradoxal : « La Logique de l’absurde » (MANTIQ AL ABATH), c’est parler d’un livre petit par la taille (90 pages) mais tellement grand par la symbolique y contenue. Géantes sont ces phrases et ces paroles comprimées, marinées, condensées, simplifiées, enveloppées de mystère, mais qui donnent un sens a l’absurdité du quotidien. l’ombre de Samuel Beckett rode autour de ce texte, chaque mot et chaque expression qui se présente change de sens de la phrase et coupe avec celle qui l’a précédé et ainsi de suite

Les mots et les phrases se succédant a un rythme cadencé mais intelligible.

Le discours de Mohammed MAHER dessine avec des mots raréfiés, l’essence d’une logique qu il s’essaie a découvrir dans son vécu personnel, dans son quotidien amorphe, dans ses nombreuses aventures

Entre les lignes, entre les mots, l’auteur renouvelle sans cesse de vaines tentatives a comprendre le Monde chaotique qui nous entoure.

Prenez n’importe quelle nouvelle de ce recueil truffé de références, vous tomberez nez a nez sur une scène de la vie quotidienne, une scène normale chez le citoyen Lambda, mais tellement drôle ou tellement tragique et signifiante pour le lecteur.

L’auteur m a confié autour d’un thé a la menthe au café face a la Mer, que son texte écrit en arabe en 1996, est le résultat de ses nombreuses lectures en langue française, Camus, GARCIA MARQUEZ, le Rouge et le Noir

Et ces dédicaces, parlons en de ses dédicaces !

Deux dédicaces pour chaque nouvelle, d’étranges inscriptions, tantôt en arabe tantôt en français, offertes au début de chaque commencement, aucun maitre penseur n’y est épargné, de nombreux jdidis comme Abdelkebir KHATIBI, Maria ZAKI, Driss CHRAIBI, Noureddine SADDOUQ et Lahbib EDDAIM RABBI. Mohammed MAHER n’a épargné aucune de ses idoles, allant jusqu a dédier un texte a son supérieur et chef de Division a la Municipalité, Mme BOUHADDOU Soukaina.

Entre nous, Ces quinze nouvelles dont 13 avaient été écrites en 1996, ces bribes d’histoires sont un hymne a la réflexion, a l’autocritique, un cri strident contre tous les maux qui jalonnent notre quotidien, a l’image de la tombe de notre « ville » que l’écrivain peine a enterrer dans le dernier souffle de son recueil.

Tarik BOUBIYA

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*La nouvelle intitulée « RAISSI RAISSI » (page 25) a obtenu en 1996 le prix IHSSANE ABDELKOUDOUS avec comme Président du Jury NAJIB MAHFOUD prix Nobel de Littérature en 1988.

Tarik BOUBIYA
Eljadida.com

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