Monsieur SOIL s’exprime sur la francophonie

Entretien avec Daniel Soil, Conseiller Wallonie-Bruxelles a Rabat, en marge du Salon international de l’Edition et du Livre de Casablanca paru dans le quotidien, l’économiste du mercredi 20 février 2008.

M. Daniel Soil m autorise a le publier pour les lecteurs de notre site. Qu il soit ici très vivement remercié. Cette publication arrive tardivement sur le site pour cause d’encombrement technique. Nous nous en excusons auprès de nos lecteurs et auprès de Monsieur Daniel SOIL.

Le Maroc, riche de par sa diversité culturelle Encourage la lecture dès le plus jeune âge. De l’avis des intellectuels, la francophonie, qui sera célébrée le 20 mars, se positionne aujourd hui comme un enjeu politique plutôt que linguistique. A travers les décennies, la langue de Molière a gardé ses positions dans le monde arabe, mais sa survie dépend de sa convergence avec les autres langues.

L’Economiste : Comment peut-on promouvoir la francophonie aujourd hui?

Daniel Soil : Ce n’est pas facile. Le français se bat dans un contexte où l’anglais est hégémonique.
Les intellectuels ne doivent pas considérer la langue de Molière comme une langue concurrente. Il faut qu ils plaident pour le multilinguisme. Le Maroc’est riche de par sa diversité culturelle avec la darija, l’arabe, l’amazigh, le français et autres. Il faut cultiver cette diversité. Nous avons une situation identique en Belgique avec le flamand.
La promotion du français passe d’abord par l’appui aux créateurs culturels mais aussi aux entrepreneurs. Nous parlons aujourd hui du « français des affaires ». l’idée est de favoriser le côté commercial de la langue française. c’est une dimension où nous nous éloignons un peu de la culture mais qui reste importante pour le maintien de cette langue.

Quelle est la particularité du français dans le système éducatif ?

Nous sommes frappés par la persistance de la langue française, que ce soit en Belgique ou au Maroc. Mais le système éducatif peine a valoriser cette langue. Dans la coopération entre le Maroc et la Wallonie-Bruxelles, nous soutenons l’école publique marocaine pour qu elle soit encore plus efficace dans l’enseignement du français. La pédagogie ne doit être ni sévère ni trop académique, mais plutôt ludique. l’apprentissage du français devient, en quelque sorte, un jeu, même si nous savons, au préalable, que le résultat est très important.

Quelles sont justement vos propositions ?

Nous organisons un concours du journal scolaire qui encourage les classes a rédiger un journal en français. Le concours est déja lancé et les résultats seront dévoilés le 28 mars a Rabat. Les élèves peuvent mentionner dans ce journal leurs problèmes et tout ce qui leur tient a coeur. A la fin du concours, des prix seront accordés au meilleur journal scolaire pour les niveaux primaire, collège et lycée. Les élèves recevront, en prime, des livres tandis qu un stage sera assuré en France ou en Belgique pour le professeur qui aura coordonné le projet.

Comment faire aimer la lecture aux jeunes ?

La lecture au Maroc, me dit-on, n’est pas très développée. c’est un pays ou l’oral prédomine. Il est nécessaire d’inculquer le respect de la lecture dès le plus jeune âge. Je voudrais encourager des maisons d’édition marocaines dont les livres s’adressent aux enfants. c’est de 6 a 12 ans que nous créons le réflexe de la lecture, de la même manière que nous incitons a la lecture d’un journal. Ce réflexe se perd si nous ne faisons pas attention.
En Belgique, par exemple, nous encourageons l’opération « Ouvre ton quotidien », qui consiste a ce que les médias écrits envoient chaque jour des journaux a certaines écoles. c’est une bonne stratégie pour familiariser l’enfant a la lecture.

Mais le prix du livre peut être un frein ?

Effectivement. Le livre est cher, mais si nous le comparons a un billet de match de football ou a un ticket pour l’accès a une fête, il reste abordable. Il faut simplement se demander d’abord a quoi nous consacrons notre budget. En outre, un ouvrage peut circuler durant des années dans la famille, l’école ou l’université.

Quels sont les livres qui ont intéressé le public marocain lors du Siel 2008?

Nous avons présenté cette année des livres spécialisés en sciences humaines. Les intellectuels marocains s’intéressent de plus en plus a la sociologie, a l’économie ou encore a la psychologie. Ce dernier créneau s’est développé rapidement, vu que les Marocains sont soucieux de leur bien-être. Les lectures psychologiques les aident a mieux se connaître. Les éditeurs belges, aux côtés des Français ou des Québécois, souhaitent se positionner sur ce créneau.

Propos recueillis par
Fatim-Zahra TOHRY

Fatim-Zahra TOHRY
L’conomiste du 20/02/2008

Auteur/autrice