Moussem Moulay Abdellah Amghar 2008, entre le culturel, le religieux et l’artistique

Il est toujours temps de parler du Moussem de Moulay Abdellah, organisé cette année en mois de Juillet (du 18 au 25) au lieu du mois d’Aout, une date très controversée de la part de plusieurs tranches de la population, d’abord parce que la ville d’El Jadida est plus visité en mois d’Aout, ensuite et cela est un point technique, le Moussem de Moulay Abdellah cette année se tient juste après celui de Chaouia ce qui lui a co»té la non participation de quelques centaines de cavaliers, habitués de Moulay Abdellah et originaire de cette région du Maroc.

La touche religieuse et sociale de Moulay Abdellah

Le don Royal aux chorfas Amghariens constitue une preuve de l’attention Royale a cet événement et a toute cette région, la visite du Chambelan de SM le Roi Mohamed 6 que Dieu le glorifie, Mr Brahim Frej accompagné du Gouverneur de la Province d’El Jadida Mr El Yazid Zelou, a été aussi l’occasion de distribuer des paires de lunettes aux malvoyants, des aides aux orphelins et aux personnes atteintes par l’insuffisance rénale et du diabète.

Cette année encore, les organisateurs du Moussem ont tenu a marquer les 8 jours que dure l’événement, par une présence imposante du volet religieux a travers des expositions de livres a caractère religieux présentées aux visiteurs du Moussem par le ministère des Habous et des Affaire Islamiques. Des cours et fatwas ont aussi été dispensés aux femmes et aux MRE avant chaque prière d’Al Asr, consolidés par des tables rondes et conférences autours de thèmes divers.

Le concours “Moulay Abdellah” de psalmodie du Coran a vu la participation de dizaines de jeunes, sous la tutelle des conseils des Oulamas d’El Jadida, Casablanca et Rabat, des prix d’une valeur de 9.300 Dhs ont été distribués aux jeunes méritants a la fin de ce concours, une somme qui représente juste 3% de la somme des prix du Moussem qui a atteint les 357.400 Dhs selon des sources officielles, ce qui nous pousse a poser plusieurs points d’interrogation sur l’importance de cette compétition religieuse par rapport a la fantasia qui a raflé tout le reste.

L’artistique en force

Le “Congé du fellah” comme aiment le dire certains habitants de la région en désignant le Moussem de Moulay Abdellah, est l’occasion (chaque année) de rencontrer les plus grands noms de l’art populaire marocain. Cette année c’était le tour de Stati, Daoudia, Youssef Jdidi, Tagada, Omar Jdidi, Ouled Mbarek Khribgi, Khadija Margoum, Kamal Jdidi, Najat Itab, Abidat Rma, Mesnaoua, Tiqar, Lahnaouate, Khiari, Boussati Tous, ont réussi a charmer des centaines de milliers de spectateurs durant 4 nuits très chaudes, en témoigne le chiffre de 250.000 personnes présentes lors de la soirée de clôture, une soirée ou les rythmes endiablés du violon de Stati se sont mélangés aux grognements des feux d’artifices envoyés en l’air en la circonstance.

Fantasia et Fauconnerie

Communément connu sous le signe de la “Tbourida”, cette attraction représente l’activité clé du Moussem de Moulay Abdellah Amghar, les “sarbas” se relayaient sur la piste “Mehrek” du Moussem quotidiennement, mariés a des démonstrations de fauconnerie par les Chorfas Lekoussem, fidèles détenteurs de cette tradition séculaire et habitués du Moussem depuis plusieurs d’années.

Le nombre de chevaux présents au Moussem a atteint les 1073, des chevaux venus de la région de Doukkala, Dakhla, Taounate et Safi. Ce chiffre représente une nette régression si l’on le compare aux 1350 chevaux présents en 2007 et 1500 en 2006; Une diminution due, selon les responsables, a la présence des cavaliers d’autres régions de Chaouia et Marrakech sur d’autres festivals a travers le Royaume. Le nombre reste toutefois très important, pourvu qu on songe a leur réserver, ne serait-ce qu un seul vétérinaire durant les prochaines éditions.

Des prix dépassant les 350.000 Dhs ont été distribués aux participants de fantasia et de fauconnerie, le nombre de prix a été de 77 prix, répartis sur plusieurs catégories, plusieurs voix se sont élevées pour pousser les organisateurs a diminuer ce nombre afin d’avoir des prix, de nombre inférieur qui donnerait plus de qualité et de signification.

Le plus grand Camping du Maroc

Dans la mémoire de milliers de marocains, l’été conjugué a Moulay Abdellah signifie la tente, le ciel et la mer; Avec le temps, le campement a été réduit a la durée du Moussem pour des raisons sécuritaires, ce qui a conduit a avoir une nouvelle forme d’attraction a Moulay Abdellah, des tentes de part et d’autre du Moussem ont atteint le nombre de 21.700 dont 700 caïdales, un chiffre qui témoigne de l’importance de cette concentration multicolore, où les estivants ont atteint les 360.000 personnes, côtoyant en toute harmonie, les ramasseurs des algues du côté de Lamrissa de Moulay Abdellah.

L’on déplore au passage, la qualité désastreuse de quelques tentes (dont l’hygiène reste inexistante) qu on a remarqué durant notre passage au Moussem, non seulement ces tentes dérobent la beauté des campements, mais posent un souci de sécurité supplémentaire aux agents chargés du maintien de l’odre.

Une organisation exemplaire

L’organisation artistique et publicitaire de l’événement a été confiée cette année a la très dynamique agence ScoopCom, qui s’est occupée de la mise en place des affichages pub, du booking des artistes participants ainsi que de la grande scène et sa sonorisation. Un site web officiel a été aussi mis sur pieds a l’adresse http://www.moulayabdellah.ma, afin de répondre a toutes les questions relatives a l’événement. Un local a été mis a la disposition des journalistes par le comité d’organisation du Moussem, qui s’est aussi chargé de leur transport entre la localité de Moulay Abdellah et El Jadida pour leur plus grand confort.

Le volet sécuritaire a été aussi revu en qualité, le Moussem a été sécurisé par plus de 600 officiers et agents, composé des corps de la Gendarmerie Royale, Forces Auxiliaires et Autorité locale compétente. Il a été aussi divisé en 6 secteurs semi-autonomes afin de mieux cerner le flux imposant des visiteurs se comptant par dizaines de milliers et des 25.000 véhicules ayant circulé durant toute une semaine.

Une attention particulière a été réservée aux irrégularités aux niveaux des produits alimentaires, exposés a la vente au sein du Moussem, ce fléau continue a exister malgré les efforts déployés par la commission de contrôle, chargée de veiller a la qualité de ces produits; Règle a respecter lors de grands événement de ce genre: il faut être méfiant aux produits qu on achète, vérifier la validité et ne pas hésiter a refuser une marchandise douteuse; Cette commission a néanmoins réussi a détruire des centaines de kilos de viandes d’origine douteuse, de soupes, glaces, boissons etc. Les visiteurs du Moussem ont aussi bénéficié de 1442 contrôles sanitaires, 1432 soins dispensés sur place, l’équipe sanitaire composée de 5 médecins, 11 infirmiers et 6 techniciens, a aussi reçu 247 cas critiques dont 62 ont été envoyés a l’hôpital Med V d’El Jadida grâce aux 6 ambulances déployées durant la semaine du Moussem.

Un Moussem pas comme les autres

Le Moussem 2008 a été en somme une réussite sur le plan organisationnel et culturel, quelques remarques qui surgissent chaque année peinent a trouver solution. A titre d’exemple citons : l’absence de gare routière capable d’accueillir le flux importants des autocars durant le Moussem et la saison estivale en général, ou l’insuffisance des points d’eau qui ne répondent pas au nombre imposant d’estivants, ne cessant d’augmenter au fil des années.

Cette année, on a remarqué un certain professionnalisme dans la gestion et l’organisation grâce a plusieurs intervenants (privés, autorité et société civile), le Moussem garde ainsi sa renommée internationale citée dans les guides et sites internet spécialisés. Il garde ainsi la tradition d’élevage du cheval arabe et barbe et de la fauconnerie au Maroc.

“Notre Moussem reste une pierre angulaire du tourisme interne dans la région de Doukkala en général, et de la ville d’El Jadida en particulier” a déclaré l’un des participants, “le Moussem organisé habituellement en fin de période de moisson, représente non seulement la fantasia et les soirées artistiques, mais aussi l’histoire d’une région (Doukkala) et d’une tradition de culture et de résistance en la personne de Moulay Abdellah Amghar et de sa famille de moujahidines” a-t-il conclué.

A l’année prochaine.

Driss LEBBAT
Eljadida.com

Auteur/autrice