Otages marocains en Irak, tant qu il y a la vie

Abderrahim Boualem (56 ans) et Abdelkrim Mouhafidi (50 ans) travaillaient pour le compte de l’ambassade du Maroc a Bagdad. Leurs familles donnent jusque-la le sentiment de ne pas céder au désespoir, mais elles doivent être lourdement frappées par le drame.

Au regard d’une écrasante majorité de leurs concitoyens, les deux otages marocains ont fait les frais d’une situation sécuritaire chaotique en Irak, depuis l’invasion de ce pays par les coalisés en 2003.

L’histoire de MM. Boualem, chauffeur, et Mouhafidi, agent d’entretien, peut ressembler a celle de tout autre otage qui se trouverait dans leur situation, sauf dans un aspect d’une grande importance. Al-Qaïda s’est trompée de cibles.

Et, comme a son habitude, la nébuleuse terroriste ne veut pas reconnaître son erreur et relâcher deux hommes innocents dont le seul tort était de chercher a gagner honnêtement et dignement leur vie.

Que s’est-il donc passé en ce jour fatidique du jeudi 20 octobre 2005 ? En route pour Amman où ils devaient percevoir leurs salaires, les deux employés de la représentation diplomatique marocaine ont été interceptés et conduits a un endroit inconnu par les hommes d’Al-Qaïda en Mésopotamie, alors sous la houlette du tristement célèbre Abou Moussab Al-Zarqaoui, abattu en juin dernier par les forces américaines.

Il s’en est suivi toute une campagne d’intimidation et de chantage de la part du groupe, qui a menacé de les assassiner conformément a un avis d’une prétendue “commission juridique”. Contrairement au chargé d’affaires égyptien a Bagdad Ihab Al-Chérif et a deux autres diplomates algériens, lâchement tués quelques jours seulement après l’annonce de leur enlèvement, Al-Qaïda n’a pas annoncé l’exécution des menaces contre les deux citoyens marocains. Une brèche qui fait que l’espoir reste toujours de mise.

Comment vivent-ils ? Que mangent-ils ? Pourquoi sont-ils toujours détenus ? Qu est ce-qui empêche Al-Qaïda de les libérer après tout ce temps ? Tant de questions et d’autres qui doivent hanter a chaque instant la mémoire des proches de Abderrahim Boualem et Abdelkrim Mouhafidi, qui ont eu le mérite d’unifier les rangs de la Nation qui a fait montre a leur égard d’un formidable élan de solidarité.

Au pays et partout dans le monde, leurs compatriotes se sont engagés, corps et âme, pour leur exprimer solidarité et compassion et pour dire “Non” a l’arbitraire.

En cette période bénie du mois de Ramadan, l’on ne peut que prier pour le salut et la libération des deux citoyens marocains. Pour que triomphent la vie et la raison sur la terreur et la barbarie.

Jamal Chibli
Menara

Auteur/autrice