Parcours et témoignage d’un Mazaganais

Louange a Allah ; que les éloges et la paix soient sur notre Maître, notre Prophète et bien-aimé le Messager d’Allah Sidna Mohammed Salamo Allahi Alaeh.

Bonjour tout le monde !

Ramadan Moubarak Saïd

Parcours et témoignage d’un Mazaganais (suite7)

Malgré des paroles miellées et réconfortantes dites en aparté mais écoutées avec une lucidité surprenante, les médicaments qu il m a prescrits, de ce soi-disant psychologue, que j oserais franchement qualifier de médicastre, preuves a l’appui : Ses examens hâtifs, ses analyses et ses conclusions présentèrent des erreurs et des inexactitudes significatives, puisque mon cas devait être a priori soumis a un neurologue.
Durant quelques jours de traitement, je n’ai relevé aucun changement positif ; ce fut le statuquo.

Pendant cette période fatidique des mois de Mai et Avril de l’année 1965, j ai vécu un calvaire indescriptible ; ce fut pour moi le désarroi total, je m imaginai ainsi mettre fin brusquement a ma progression ascendante vers un avenir radieux qui alla péricliter.

Se trouver dans l’incapacité d’écrire avec ma main droite, de réaliser des travaux nécessitant beaucoup de dextérité comme les dessins industriels, les schémas électriques, de répondre par écrit aux diverses questions techniques, scientifiques, littéraires posées en examens, de trouver une solution a cette situation des plus périlleuses, alors qu il ne restait qu un mois et demi aux examens finaux, constituait pour moi le plus grand défi a relever de toute ma vie scolaire.

Tellement que je perdis la boussole, sans jamais renoncer a voir avec les yeux de la foi une solution miracle, je vis tout a vau-l eau ; agir inconséquemment et être dans l’incomplétude, je me vis assurément mettre les pieds dans le plat.

Durant ces jours sombres pendant lesquels il m arrivait par moment de me reconnaître lorsque je m écoutai, je pris la courageuse et sage décision d’adopter une mesure drastique mais salvatrice qui consisterait a devenir ambidextre ; c-a-d apprendre a utiliser adroitement de ma main gauche pour écrire et réaliser des dessins industriels, et ce après avoir été droitier vingt ans passés.

Sans que j aie a l’époque, la moindre idée sur l’anatomie fonctionnelle du cerveau et selon mes modestes connaissances dans ce domaine, j estime que cette tentative eut pour but de transférer partiellement une partie du centre des mouvements de l’écriture de l’hémisphère gauche de mon cerveau, a l’hémisphère droite ; ce fut vraiment de l’utopie pure et simple.

Une fois n’est pas coutume, sans souffler un mot a quiconque parmi mes amis du « derb », ni a mes camarades de classe, du malheur qui m est arrivé, en faisant preuve d’une grande retenue avec la conviction d’éviter d’être victime d’une éventuelle poliomyélite. Je m étais donc forcé d’essayer a tout moment et a tout prix, de m entraîner intensément, en me servant beaucoup plus de ma main gauche surtout pour écrire, réaliser des dessins industriels et des schémas électriques, qui nécessitèrent infailliblement une grande dextérité, une certaine adresse et aisance dans leur exécutions, et ce dans la perspective de réussir mes examens de CETen juin 1965.

Dois-je me féliciter aujourd hui d’avoir géré avec une grande maîtrise de soi-même, pareille situation, qui allait me conduire tout droit au précipice.

Selon des témoignages concordants recueillis a l’époque, la crampe des écrivains était toujours considérée comme une maladie inguérissable ( ?) qui touche vraisemblablement le système nerveux; ce qui m a poussé ipso facto a ce moment la de consolider ma volonté de devenir gaucher « malgré moi ».

Etre toujours adéquat dans mes mesures, ceci m a permis inéluctablement a surmonter stoïquement mes angoisses, passer avec succès mes examens, décrocher mon diplôme de CET (nouvelle appellation du CAP a partir de cette année 65).

E. Abdouss
Mohammedia, le 23Juin 2014

Elmostafa ABDOUSS
Eljadida.com

Auteur/autrice