Réclusion

Réclusion

Ils l’ont emporté, les yeux recouverts d’une bande noire, dans une chambre souterraine, sombre et humide. c’était l’hiver. Lorsqu il a pris conscience de soi, il se sentait comme faisant partie de la terre qui le portait, mais qui ne le protégeait pas.

« Si je me mettais sur l’autre côté de mon corps, ça serait mieux. Mais qu en est-il de ce nouveau visiteur ? » Il a reçu une volée de coup. Le sang coulait de sa tête. On lui a cassé le crâne ; on lui a présenté des excuses, et on lui a offert un verre de thé chaud comme on a fait avec moi lorsqu on m a déshabillé dans la salle de surveillance et quand leur capitaine m a poignardé avec une matraque qu il tenait dans sa mainLa froideur de la terre me faisait mal, et je ne savais pas où j étaisJe les ai vus. Ils étaient dix personnes dans cette chambre au moment où m a convoqué le surveillant. Quelle pourriture. Ils ne me connaissaient pas bien. Je portais la matricule (N° 11). Nous sommes, eux et moi, onze prisonniers. En fait, ils sont, eux aussi, des prisonniers comme moi.

« Le jour où j étais en tête du parti, j ai rencontré l’un d’entre eux, et j ai voulu avoir ses sentiments après être atteint par des br»lures ; il m a répondu : « j ai perdu ma conscience et j ai voyagé dans un long rêve. Il me semblait que j étais tombé dans un puit plus profond. J avais essayé de protéger ma tête avec mes mains, mais je n’ai pas pu le faire. La peur et l’état où j étais me rendait incapable de me protéger ; j ai fermé mes yeux, et lorsque j ai heurté le fond du puit, j ai senti que mon coup est brisé ; j ai crié ; je me suis trouvé, seul, dans une chambre, et certains d’entre eux sont habillés de vêtements blancs au tour de moi. J ai cru que c’étaient des anges, et que l’heure de la résurrection est venue. Ma vie défilait devant mes yeux comme un long métrage. Les événements passés m ont replongés de nouveau dans mes rêves. »

« Cette pourriture, combien son coup m a fait du mal sur ma joue. Quoi devenir si j avais reçu le coup sur ma poitrine ? Ou sur ma cuisse ? Certes ce serait plus léger, mais leur amour de la torture a fait d’eux des automates qui ne choisissent plus leur cible.

« Je ne savais plus si mon frère était au courant de ça. Il n’était pas a la maison lorsque j ai reçu la maudite annonce. Mais, qu est-ce qu il fait maintenant ? Mais qu elle heure est-il ? Ils ont cassé ma montre. Non, ils l’ont volée. Ils sont tous des voleurs. »

La difficulté de se lever était comme la difficulté de distinguer quelque chose dans l’obscurité. Son derrière heurtait a plusieurs reprises la surface de la terre humide, mais il se sentait complètement incapable de se lever. Son corps devient très dur. Il se sent fait d’un seul morceau. Il ne pourrait se lever qu en faisant un seul geste, s’il le voudraitMais il a besoin d’un accoudoir : « ah, si je pouvais toucher ce mur ! Le mur des pleurs..? » Le mur de la chambre était très loin. On l’a appelé le mur des pleurs parce que, disaient les prisonniers, les condamnés y pleurent. Cette explication est spontanée et logique, mais elle est aussi politique et religieuse. Que c’est beau de mêler le politique au religieux et le religieux au politique » Il continue a délirer a plat ventre sans que le sang cessait de couler de son corps dans cette pièce sombre de réclusion.

« Combien j ai désiré de toucher ce maudit murEt enfin je l’ai touchéCombien j ai désiré que ce mur s’approcha de moi. » Il embrasse le bas du mur de ses bras, et essaie de s’approcher malgré ses douleurs et sa souffrance. Ses doits qui saignent se collaient contre la terre. « Qui peut m aider de me lever par derrièreLa terre et ces gens complotaient de me tuer ».

Le mur s’érigeait comme un huissier dans un marché noir. Une odeur nauséabonde s’exhalait. Il voudrait revenir en arrière. Quelle odeur ? c’est l’odeur de quelqu un ? Quelqu un est mort ?…L homme est moins cher dans ce point noir. A tel point l’odeur de l’homme est-elle fétide ? Qui sait ? Dieu peut le faire entrer dans son paradis. Ils l’ont trop martyrisé

Il s’approcha du mur, et appuie son dos contre. Mais la mauvaise odeur le dégo»tait a la mort. Les cadavres des prisonniers apparaissent comme des caveaux sombres et anciens. Le temps qui régnait dans la cellule fait peur et provoque de longues questions. Il contemplait ses mains et il ne regardait rien. Il touche son visage gonflé et crie : « où sont mes yeux ? Il ne fait pas nuitLa nuit vient de mes yeuxSuis-je aveugle ? J ai perdu la vue. Il m ont frappé durement sue la tête. Où est mon nez ? Comment sont-elles mes bouches ? Mais qu est-ce que cette odeur ? »

« De l’humidité régnait dans la chambre noire. l’odeur s’approchait de plus en plus de mon nez comme si c’était la mienne. Ah, mon Dieu, c’est la mienne ! Suis-je mort ? »

MAKAN Abdeltif
Eljadida.com

Auteur/autrice