Regards sur la ville d’El Jadida

Par une nuit houleuse, faite de brouillard, de tempête ou quelque autre colère de la nature, un faisceau de lumière scrute dans le noir et met fin a l’angoisse du capitaine de navire venant d’ailleurs de l’ancien ou du nouveau monde.

c’est la lumière du phare d’El Jadida qui figure sur toutes les cartes marines sous le nom de Sidi Bou Afi. Au dire des Bourlingueurs, en quittant l’archipel des Açores vers les côtes atlantiques marocaines ou d’Europe méridionale, trois points de repères guident tout navigateur vers le bon port : le phare du Cap Saint Vincent au Portugal, celui de Trafalgar en Espagne et, enfin, le phare de Sidi Bou Afi au Maroc. Ces trois phares, formant un triangle – rien a voir avec celui tristement célèbre des Bermudes – permettent aux bateaux de se positionner, de corriger la dérive et, partant, de s’assurer du bon cap et de la bonne direction. On serait tenté de l’appeler «triangle des hespérides» : selon la légende, les «Nymphes du couchant», au nombre de trois, gardaient le jardin des Dieux, que la légende situe dans la vallée du Loukkos. Situé a la pointe sud du triangle, le phare de Sidi Bou Afi, qui a été construit de 1914 a 1916 par des prisonniers allemands sur le site le plus élevé du Cap d’El Jadida a une hauteur au-dessus du niveau moyen de la mer, de 67,20 mètres. La hauteur de la tour est de 46 mètres et sa portée, par temps moyen, est de 30 miles marins, avec une puissance d’éclairage équivalente a 250.000 bougies.

La révélation

Le tombeau de Sidi Bou Afi, d’où le nom du phare en question, se trouve au centre d’un quartier de la ville d’El Jadida, avant la sortie vers le port de Jorf Lasfar. La tour du phare se dresse a quelques dizaines de mètres du dôme du marabout.

Elle est de section ronde, diminuant légèrement de la base au sommet. Son feu normal est constitué par une optique d’horizon de 0,70 mètre de distance focale divisée en quatre panneaux, au foyer de laquelle, a une hauteur de 65 mètres au-dessus de la mer, est placée une lampe électrique a trois broches, alimentée par une tension triphasée. Le feu présente un caractère blanc a éclats réguliers chaque 5 secondes. Les éclats sont émis sous forme de faisceau tournant par le mouvement de rotation donné au soubassement de l’optique a une vitesse de 3 tours/minute. Le soubassement est engrené a une machine de rotation a poids. La commande d’allumage et d’extinction se fait a partir d’un organe électro-mécanique équipé d’une éclipseur a système d’horlogerie. l’hisoire du phare de Si Bou Afi se confond avec celle du port d’El Jadida.Sans vouloir remonter plus haut que les annales d’El Jadida, on peut dire que c’est une compagnie européenne ( la compagnie «Paquet») qui révéla, au siècle dernier, a l’attention du monde commercial européen et outre-Atlantique, le port d’El Jadida lorsqu elle établit la première ligne de cargos sur les côtes atlantiques marocaines.

Une rade s»re

peine qu El Jadida, fermée par ordre des autorités marocaines après le départ des Portugais en 1769, avait pu rouvrir ses portes une colonie juive d’Azemmour est venue s’y installer en 1881. Les premiers européens ne vinrent s’établir dans la ville et y commencer que quelques années plus tard. El Jadida fut l’un des premiers ports desservis par des compagnies européennes, en raison de la s»reté de sa rade qui, quoique foraine, permettait le travail en toute saison et n’était pas, comme les autres ports de la côte, gênée par les inconvénients de la barre.

El Jadida ne tarda pas a devenir le centre d’un trafic important entre Marrakech et le Sud d’une part, Marseille, Bordeaux et d’autres ports européens d’autre part. Tandis que ces dernières villes apportaient, entre autres, le sucre et la bougie, par les bateaux, ceux-ci comme fret de retour emportaient les céréales de Doukkala et Marrakech.

El Jadida fut, dans le temps, le véritable et unique port de la côte atlantique pour le transit avec l’intérieur. c’est la un fait historique rapporté par toutes les annales. Alors que les bateaux étaient réduits a faire le bouchon devant Casablanca pendant des jours et des semaines. Le débarquement s’opérait, a El Jadida, en eau calme et dans des conditions de sécurité parfaite. Cette situation est bien connue des vieux marins. Il se créa donc, a El jadida, au siècle dernier, un courant commercial et maritime des plus actifs, grâce a la nature, aux circonstances favorables et aux richesses de Doukkala. Aussi, en 1913, de par l’importance du trafic que connaissait le port d’El Jadida, la nécessité d’édifier un phare a grande portée pour la navigation, en haute mer, s’est fait ressentir. Le service des travaux publics se mit a l’œuvre en 1914 et le phare fut terminé en 1916. De nos jours, outre le rôle naturel qui lui revient, fait insolite, le phare de Sidi Bou Afi remplit une fonction thérapeutique En effet, parmi ses visiteurs, on compte nombre de femmes accompagnant leur enfant au sommet du phare pour les guérir de la «coqueluche», la hauteur, les 248 marches de la tour, et les vertus de Sidi Bouafi, aidant

Lekhiar El Mostafa
Al Bayane

Auteur/autrice