Sandrine AMANALLAH, Une vraie “Prof” de danse a El Jadida

Installée a El Jadida depuis quelques années, Sandrine AMANALLAH se démarque pour avoir ouvert la première école de danse moderne et une salle de sports multiples a El Jadida. Mariée a Adnane AMANALLAH (ancien footballeur professionnel Jdidi) et mère de trois enfants, Sandrine présente le portrait d’une femme sportive de grande qualité, douée d’une pédagogie et d’un dynamisme au parcours tout simplement exceptionnel.

A l’âge de quatre ans, Sandrine débute dans la prestigieuse école de Louisette GUYONNET a Niort en France. dix ans, elle complète sa formation initiale par la danse contemporaine, le Jazz et les claquettes. Elle effectue plusieurs stages et formations en France et Allemagne, notamment a l’Opéra de HAMBOURG a l’age de 15 ans. La grande qualité de sa danse ne laisse pas indifférent le chorégraphe américain Walter NICKS qui l’intègre en tant que danseuse dans sa troupe multinationale.

En 1998, elle reprend les études supérieures et obtient au CREPS (faculté de Poitiers) ses diplômes d’ « éducateur sportif dans les métiers de la forme », spécialité musculation et fitness, qu elle passe avec brio chez Louis FERREIRA (ex champion du monde de Body Building). Elle enchaîne aussitôt avec un diplôme européen de secouriste auprès de la Croix Rouge et collabore ainsi dans de nombreux spectacles et shows en Europe, soit en tant que danseuse ou créatrice de chorégraphies.

En Mai 2001, elle ouvre son propre studio “Body s’Perfect” a El Jadida qui compte maintenant plus de 400 adhérents répartis entre plusieurs disciplines sportives et créé en 2005 la compagnie de danse “Dance Tour” en s’associant au meilleur professeur marocain de Hip hop et de danse de salon Youssef BOUHMA, le seul marocain qui participera au championnat du monde “just-debout” en février 2007.

Sandrine nous livre dans un entretien exclusif, sa vision sur la danse et les sports a El Jadida, ainsi que ses futurs projets, en perspective :

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Professeur de danse, chorégraphe, préparateur physique, coach, secouriste; Où est ce que vous vous situez le mieux?

S.A -Secouriste, je n’ai pas eu l’occasion de l’exercer vraiment si ce n’est lors de petites blessures, mais je ne peux pas faire un choix car je suis une vraie passionnée. J adore mon métier, je connais tous mes clients, et leurs attentes sont ma priorité, je ne pourrai pas travailler autrement. Lorsqu une femme a qui j ai fait perdre 37 kg me dit qu elle revit, et que son époux la regarde a nouveau, c’est une grande joie pour moi. l’idée de transformer le corps d’une personne obèse, c’est un vrai challenge, car nous soignons aussi bien l’apparence physique mais aussi le mental. Et franchement c’est regrettable que des individus ouvrent des salles comme on ouvre une épicerie, sans formation, dans le seul but de faire du business. c’est pourquoi, j ai beaucoup de mal a trouver du personnel, ce métier est difficile et demande d’être disponible, de mettre ses soucis personnels de côtés, car le client vient chercher “du bien-être”. Il faut être solide physiquement et être toujours a l’écoute.
Enfin, la formation est très longue (de 2 a 5ans après le Bac). Par contre, il est clair que je ne pourrais pas vivre sans la danse, je suis presque née avec… Chacune de mes élèves est une “de mes petites”, je les vois grandir et progresser et c’est magique. Créer est essentiel a mon équilibre, je cesserai un jour le fitness mais la danse jamais.

Ouvrir une école de danse, n’est-il pas un challenge en lui-même? Et quel impact cela a-t-il produit sur la ville d’El Jadida?

Bien sur ce n’était pas gagné d’avance, bien que j était la première, pour la petite histoire, mon beau-père m avais offert un local que nous avons transformé, j ai commencé en 2001 avec 30 élèves (que des filles) et a ce jour, nous sommes obligés d’établir des listes d’attentes, nous avons 150 élèves (filles et garçons), et 8 adultes (dont 4 de plus de 30ans) et nous ouvrons 6 nouvelles classes en janvier 2007. J ai eu beaucoup de difficultés a obtenir les autorisations, tout a été un parcours de combattant, mon mari a passé des mois de galère et j ai pensé abandonner. Mais je ne regrette pas, certaines de mes petites élèves en 2001 sont aujourd hui danseuses dans la compagnie et deux d’entre elles dansent en france. c’est la meilleure récompense. J espère que je donnerai au moins a une, l’envie d’exercer ce magnifique métier.

Vous collaborez, en marge de vos activités au sein de l’école de danse, dans des shows et spectacles dans la ville d’El Jadida ou autres villes du Maroc, cela se passe-t-il sans obstacle?

Que dire…. Sur El Jadida, monsieur le pacha (ce n’est pas le cas de tout le monde) m a toujours été d’un grand soutient lorsque j avais des difficultés pour obtenir le théâtre municipal ou organiser les galas.
Malheureusement, ce théâtre est en très mauvais état, alors que c’est un lieu magnifique. Il n’y a pas de lieu sur El Jadida disposant d’une sono et d’éclairage, nous avons du en Mars dernier, louer l’éclairage, la régie et le tapis de danse d’une société spécialisée, qui a tout apporté de Casa et c’est vraiment dommage car le théâtre d’El Jadida est un vrai monument et celui de la cité portugaise est superbe sauf que le matériel fait défaut.
Sur Casablanca, nous avons été très bien accueilli au théâtre de Mâarif par une équipe de vrais professionnels (ingénieurs de son et lumière), c’est un lieu unique sur le point technique. Nous sommes aussi passé par le complexe culturel Moulay Rachid, où nous avions l’appui de monsieur Saïd Zitoune, président de l’association “le pont artistique”. Nous envisageons avec le nouveau spectacle de passer par Rabat et Marrakech.
Ombre au tableau tous les budgets sortent de nos fonds personnels, aucun sponsor, aucune subvention n’est accordée, nos demandes sont refusées ou sans réponses. Seuls quelques petites entreprises locales nous aident, comme l’imprimerie de l’étoile a El Jadida (budget pub), ou Caftan 2000 (costumière). Enfin de gros projets, tel que le premier festival des Danses reste en attente faute de soutient.

En tant que chorégraphe professionnelle, pouvez-vous nous décrire l’état des lieux et votre vision sur ce domaine au Maroc?

Le Maroc commence a bouger depuis plusieurs années, il existe de très bonnes écoles sur Casablanca (Pizagalli Sandrine, Bourdelon Micheline, Zinoune) en formation classique. Malheureusement, il s’agit toujours d’école privées, et la formation a forcement un co»t, et bon nombre de jeunes n’ont pas les moyens et doivent s’entraîner dans la rue. Certains autodidactes ont un niveau absolument incroyable, ce qui est le cas de certains danseurs de ma compagnie. La danse urbaine est devenu un vrai phénomène au Maroc, et il n’y a pas de structures pouvant accueillir tous ces jeunes. Je ne suis pas issue de la culture Hip-hop puisque j ai reçu une formation classique et jazz mais il ne faut pas oublier qu il s’agit la aussi de danse et qui demande autant d’heures de travail pour obtenir un bon niveau. Monsieur Omar Salim a évoqué ce problème dans son émission “Arts et lettres” consacrée a la chorégraphie.
S il existait un tel lieu a El Jadida, je serai prête a donner quelques heures gratuitement de mon temps, afin de permettre peut-être a un seul de sortir de la rue et peut-être vivre de son art. Une salle dans chaque grande ville… avis aux têtes pensante, il s’agit d’un projet socio-éducatif et artistique a but pédagogique. Il existe tellement d’enfants et ados qui aiment la danse, mais pour eux cela reste un rêve inaccessible car ils n’ont pas les moyens donc pas de repères, de formation et d’encadrement éducatif et artistique.

Sandrine, des projets pour l’avenir?

Actuellement nous sommes en préparation du nouveau show du “Dance-Tour” qui réserve de grosses surprises, la première doit se passer a El Jadida, sous réserve de l’état des lieux. La préparation du gala de l’école de danse qui a lieu tout les ans en juin, et qui pour la première fois sera entièrement gratuit mais sur invitation. Dans quelques mois en aout 2007, nous emmenons une dizaine d’élèves, toutes marocaines, au plus grand festival de danse européen (D.A.R.C a Châteauroux) en France, où elles suivront un stage de formation de 13 jours. Ce stage est destiné aux débutants, intermédiaires, avancés et professionnels, je vais moi-même le suivre. Grâce au soutient des parents et des autorités française, nous pouvons réaliser ce genre de projets mais aussi grâce a Monsieur Bellet le président du festival qui dirige les opérations sur place pour nous accueillir.
Si tout va bien, l’agrandissement (déja en cours) de la salle sur 300m2 supplémentaires a l’étage avec un pôle de musculation complet, un cabinet de spécialisé en diététique (ce que je fais actuellement a la salle) et une boutique sportwear. Puis la collaboration avec le Studio de Youssef Bouhma dont l’ouverture est prévu très bientôt et qui sera un centre unique pour la danse urbaine, mais ou seront dispensés aussi le jazz, le classique et la danse de salon. Par la suite, dans les prochaines années “inchallah”, la mise en place d’un centre de formation unique en Afrique pour les danseurs qui veulent obtenir un vrai statut de professionnel, avec l’obtention de diplôme d’état.


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