Sonasid doublera sa capacité en 2011

Sonasid, en pleine expansion, commence a se sentir a l’étroit sur son site de Jorf Lasfar. Entrée en service en 2002, l’usine qui se trouve a proximité d’El Jadida est le deuxième centre de production de la société après le site de Nador. Elle a la particularité de rapprocher la production des grands centres de consommation et de diversifier de fait l’activité de la société sur le segment des laminés marchands. La société de sidérurgie, filiale d’Arcelor Mittal, vient d’ailleurs tout récemment d’acquérir du foncier afin d’agrandir ses unités de production. Il s’agit d’un terrain de 20 hectares, mitoyen au site de Jorf Lasfar. «L usine s’étend a peine sur 30 hectares, or notre carnet de commandes s’allonge et la productivité doit suivre. Le but est d’augmenter la production, d’opérer l’adjonction d’une nouvelle ligne et surtout de développer la partie armature», affirme Nasr-Eddine Azzam, directeur financier de Sonasid. Le nouveau terrain a été cédé pour 300 DH/m2. «Ce qui reste un prix symbolique attribué par l’Etat et qui ne reflète d’ailleurs pas réellement la valeur du foncier», indique-t-il.

Derrière cette expansion, une productivité qui ne cesse de grandir pour la société. «La capacité de Jorf Lasfar tourne aujourd hui autour de 450.000 tonnes par an. Dans deux ans, la production du site devra dépasser les 800.000 tonnes», affirme Azzam. Déja, l’usine fonctionne a flux tendus et peine souvent a suivre une demande boostée par un secteur immobilier en plein essor au Maroc. «Pas le temps de cumuler des stocks, tout ce qui est produit est systématiquement vendu!» poursuit Azzam.

Une donne qui pose par ailleurs le redoutable problème de l’approvisionnement en matière première, notamment la ferraille de fer. «Pour 800 tonnes d’acier produit, il faut l’équivalent de 90.000 tonnes de ferraille», indique-t-on a Sonasid. Un gisement loin d’être suffisant au Maroc où la ferraille reste souvent domestique, rare et de piètre qualité. Du coup, la société se rabat sur la ferraille broyée étrangère, laquelle transite essentiellement par le port de Jorf Lasfar avant d’être acheminée vers l’usine qui se trouve a 2 km. Elle est ensuite stockée dans le parc a ferraille qui jouxte le site avant d’être transformée. Un autre point faible, et non des moindres, est l’approvisionnement en énergie. Le site consomme annuellement autant d’électricité qu une ville moyenne comme El Jadida, ce qui ne manque pas de donner du fil a retordre a l’ONE, qui n’arrive pas toujours a suivre les écarts énergétivores de la société.

Du côté des indicateurs financiers de l’entreprise, ils se maintiennent globalement au vert. Néanmoins, la société de sidérurgie n’a pas échappé a la morosité qui frappe de plein fouet les cours a l’international. Ces derniers ont subi les contrecoups d’un marché international de l’acier en pleine déroute qui, rudement impacté au second semestre 2008, avait présenté un repli de 1,2% comparativement a 2007. Néanmoins, avec la stabilisation des prix a partir du 1er trimestre 2009, la donne est en train de tourner a l’avantage de la société de sidérurgie.

De plus, la politique tarifaire orchestrée par l’entreprise a contribué a réduire l’impact des hausses successives enregistrées au niveau des matières premières, au grand bénéfice du client.

Au niveau national, les expéditions sont restées stables du fait de déstockages massifs de la part des distributeurs en fin d’année. Une situation qui a impacté les écoulements de Sonasid. Ainsi, les expéditions de la société ont enregistré un recul de 10% en comparaison avec l’année dernière. Une contre-performance qui s’explique également par l’exacerbation de la concurrence qui caractérise le secteur.

En revanche, le chiffre d’affaires s’est bonifié de 22,7% a 7,6 milliards de DH contre 6,2 milliards une année auparavant. Le résultat d’exploitation de Sonasid s’est apprécié, pour sa part, de 7,3% pour s’arrêter a 1,2 milliard de DH contre 1,1 milliard en 2007. Le résultat net, a hauteur de 897 millions de DH, s’inscrit également en amélioration de 2,9% par rapport a l’exercice précédent.
Face a ces réalisations, le conseil de la société avait proposé la distribution d’un dividende ordinaire de 115 DH par action. Soit l’équivalent de la moitié du résultat distribuable en tenant toutefois compte des investissements en cours d’évaluation. s’agissant des perspectives pour 2009, la société prévoit une baisse de la consommation des ronds a béton et de fil machine. Celle-ci devra se maintenir au Maroc a un rythme inférieur par rapport a celui de l’année précédente. Par ailleurs, la société veut renforcer sa production dans l’armature préfabriquée, notamment via sa filiale Longométal Armatures. «Comme en Europe, le BTP au Maroc commence de plus en plus a se tourner vers l’armature préfabriquée. Cela représente pour nous un débouché énorme», affirme Bérold Costa, directeur général de Sonasid.

En témoigne d’ailleurs la forte croissance de Longométal qui a réalisé pas moins de 500 millions de DH de CA en 2008, en augmentation de pratiquement 100%.

Par ailleurs, la décision de la société d’entamer des investissements de développement a l’heure actuelle en vue d’accroître ses capacités de production a longtemps été décriée par les analystes. Ces derniers considèrent la stratégie de la société comme «inadéquate dans un marché de construction en plein ralentissement». Le top management de Sonasid ne le voit pas cependant du même œil. «Nous poursuivrons sur un rythme d’investissement compris entre 200 et 300 millions de DH. Nos programmes ont d’ailleurs déja commencé a présenter un impact significatif sur la productivité de l’usine», ajoute Costa.

Mohamed MOUNADI
L’economiste

Auteur/autrice