Tu nicheras ailleurs qu en ville

Parents d’une bien jolie fille,
Ils détestent la ville maniant la coutille,
Exhalant une odeur de crime, d’espadrille
Et de déchets déversés par la flottille.
Pour eux, dès qu on écarquille la pupille,
Le regard « envieux » déshabille et fusille,
Au fur et a mesure que grossit la file
D admirateurs de leur très belle fille.

Le père dit a qui demande sa fille :
« Tu nicheras ailleurs qu en ville ».
Pour ma fille, tu seras la seule vrille
Dans un asile sacré de famille.
Tu seras, pour elle, la pastille
Et le fil dans le chas de l’aiguille.
Cette énigme est certes difficile
Mais son issue est sur une île.

La mère ajoute : « si tu veux ma fille,
Tu sauras lui prêter ta coquille ».
Elle sera ton bateau et toi sa quille.
Tu rouleras pour elle comme une bille.
En bon fidèle et joyeux drille,
Tu seras, a ses yeux, dans le mille,
A la fois la force super tranquille
Et le château de fortune sans grille.

Le père redit au fiancé de sa fille :
« Tu éviteras la fumée et tout ce qui grille ».
L’escarbille peut embraser l’escadrille.
Gare aux jaloux prêts a lancer leur torpille !
Pire, le regard de l’intrus déshabille
Et peut enfoncer rempart et grille.
Dans sa tête, tout ce qu y fourmille
Peut détruire une bonne famille.

La mère rajoute : « si tu veux ma fille,
Tu sauras que la rançon en ville titille ».
Le coq devient laid comme une chenille.
En sautillant sur un tas de grains, il gaspille.
Avec la broussaille jusqu a la cheville,
La brindille peut servir d’étrille.
Dans la paille, qui s’y entortille
Peut go»ter au rêve mais s’éparpille.

Le père dit au prétendant qui se tortille :
« Tu ne joueras point avec la coutille
Ni avec tout ce qui blesse ou fusille ».
Le bio a son charme hors de la ville.
Agrémenté de myrtille et vanille
Ou de grenadille et sapotille,
Et, a la passade, de camomille,
Le bonheur passe de dix a mille.

A la fin, les parents disent a leur fille
Cette charmante et douce apostille :
« Quand l’un de vous deux pétille,
Que l’autre se délecte et frétille
De bonheur dans un milieu tranquille ».
L’intrus est bien pire que la scille
Dont la fleur bleue attire l’abeille
Et dont le bulbe peut tuer un gorille.

* Je dédie ce poème a ma petite Lyna pour son anniversaire.

Moussa Ettalibi, Dr Sci.
Eljadida.com

Auteur/autrice