Azemmour: Un programme d’urgence pour sauver la médina

Un important programme d’urgence est enclenché pour la réhabilitation de la médina historique de la ville d’Azemmour. Les travaux viennent de démarrer pour la sauvegarde et la revalorisation de la ville fortifiée qui se dresse sur la rive près de l’embouchure de la rivière Oum Er-Rabia. Le projet, estimé a 37 millions DH, est financé exceptionnellement et dans sa totalité par le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme. A noter que des premiers travaux – d’un montant de 8,6 MDH, financés également par le ministère – ont déja été réalisés par le holding Al Omrane.

«c’est aussi un programme pour sauver un patrimoine périclitant et menaçant ruine», indique Jamal Azim, délégué provincial de l’Habitat et de l’Urbanisme. Le projet prévoit la réalisation d’infrastructures hors site et l’aménagement des abords de la médina. La restauration des murailles, le confortement des falaises, le renforcement des équipements in site et l’aménagement des places intra-muros sont prévus. La rénovation de vieilles demeures ou la destruction de celles en très mauvais état est également au programme. Le programme prévoit le relogement des ménages touchés dans le lotissement Wifak, déja réalisé par l’opérateur ERAC a l’extérieur de la Médina. De même, il est envisagé dans le plan l’aménagement de circuits touristiques ainsi que la réhabilitation et l’embellissement des constructions ayant un intérêt architectural ou culturel particulier. “D ici 18 mois, durée des travaux, l’ancienne ville retrouvera toute sa splendeur”, souligne Azim.

Actuellement, les travaux sont en cours aux abords de la cité historique. Il est d’abord question de réaliser deux voies limitant la médina intra-muros du côté est et ouest. La première mène vers le club nautique et la seconde vers la place Mineris. Rappelons que l’ancienne médina, située sur la rive gauche de l’Oum Er-Rabia, est d’une superficie d’environ 12 ha. Sa population est particulièrement défavorisée. Les chefs de familles des 1.000 ménages environ ont un revenu mensuel inférieur a 1000 DH. Le cadre bâti, essentiellement de type traditionnel, est constitué de 739 unités de logement dont 30% sont dans un état moyen et 53% dans un état dégradé. 17% des constructions sont dans un état de vétusté très avancé. Cependant, ce sont 123 demeures environ qui présentent une valeur architecturale importante.
Il faut souligner que d’importantes réalisations ont été effectuées lors de la première tranche (cf.www.leconomiste.com). Un collecteur intercepteur d’un diamètre de 600 mm et d’une longueur de 700m a été mis en place. Il permet ainsi d’intercepter les 23 rejets sauvages qui s’effectuent directement vers l’oued.
En véhiculant les eaux usées vers un point de rejet en aval, le collecteur élimine ainsi les nuisances aux populations riveraines.

Des ruines hors de prix
La valeur immobilière a l’intérieur de la médina a fortement augmenté ces dernières années. Le projet de la station Mazagan aura certainement été l’élément déclencheur.
Les maisons donnant directement sur l’oued ont dans leur grande majorité été achetées par des étrangers. Acquérir une maison au bord de la rivière est même devenu un privilège. Des maisons traditionnelles et tombant en ruine se vendaient il n’y a pas longtemps entre 80.000 et 120.000 dhs. Actuellement, il faut compter entre 800.000 et un million DH.

Un peu d’histoire
La médina d’Azemmour est une cité très ancienne caractérisée par une succession de périodes de prospérité et de décadence. Déja, au VIIIe siècle, elle passait sous le pouvoir de la dynastie Idrisside après avoir été sous l’influence directe des Berghouata qui dominaient le pays Tamesna. Ce sont des Kharijites qui menaçaient l’orthodoxie et le pouvoir Idrisside. Au XIIe siècle, sous les Almoravides, elle a connu un développement sans précédent. Car c’est a ce moment la qu il y avait l’apparition du mouvement maraboutique (zaouiats, marabouts) au Maroc. En 1120, elle est devenue l’enjeu entre les représentations des deux dynasties almohades et mérinides. Ces derniers l’ont prise en 1266, date pendant laquelle la ville passait par une période très agité. En 1513, la ville a été occupée par les Portugais. A cette époque, elle a connu une extension: la Kasbah. Et malgré l’apparition des Saadiens en 1541, elle est restée sous l’occupation portugaise jusqu en 1719. Plus tard, les Alaouites délaissèrent cette ville au profit d’El Jadida.

Mohamed RAMDANI
L’economiste

Auteur/autrice