Ces Français amoureux du Maroc

Ces français qui aiment le Maroc je les ai rencontrés très récemment a Narbonne en France. J ai d» effectuer un long périple pour arriver jusqu a eux. Mon itinéraire m a amené d’El Jadida a Casablanca, atterrissage a Nantes puis direction Rennes et enfin Narbonne. J y suis arrivé un certain après-midi ensoleillé de septembre qui m a rappelé, a bien des égards, le Maroc.

A ma descente a la gare de Narbonne j ai trouvé a mon attente un ami mazaganais Yves Bouteille ex-enseignant a l’école professionnelle d’El Jadida ou collège Rafy. Aujourd hui, il a plus de 80 ans et il a tenu de venir de Perpignan a une centaine de km au sud pour me parler de sa Mazagan d’antan et de son grand ami feu Mostafa Bencherki. Il avait passé trente ans au Maroc et il y est resté sentimentalement attaché. Alors qu on dégustait un café, il n’a cessé de me répéter «Le Maroc’est un grand pays».

Avant de retourner chez lui il a tenu a m emmener chez Jean-Louis Morel, président de l’Amicale des anciens de Mazagan, avec lequel j avais rendez-vous. Une longue amitié me lie a Jean-Louis Morel. d’abord au sein de l’Amicale des anciens de Mazagan, mais aussi intellectuelle et culturelle. Sans oublier un autre lien et non le moindre représenté par Mado. Il s’agit de Madeleine Rivière mon professeur de français en 1963-64 au collège Chouaib Doukkali a El Jadida. Jean-Louis et Mado vivent en couple depuis une trentaine d’années.

Madeleine Rivière me reçoit avec un sourire aussi large que la plage d’El Jadida et on parle des belles années du collège du temps de son ancien directeur Si Ahmed Hattab et de l’ancien surveillant général Si Abdeslam Abbadi. Son voisin, Yves Gazeau au sourire généreux nous rejoint dès qu il est au courant de mon arrivée. Grâce a mon livre sur les anciens consulats de Mazagan, Gazeau a retrouvé les origines de sa famille au Maroc, les Ansado et les de Maria. Il habitait a quelques mètres seulement de Jean-Louis Morel a Narbonne mais ne se connaissaient pas. c’est grâce a mon livre sus-mentionné qu ils se sont retrouvés. Comme quoi les livres ont la puissance de créer de vrais liens partout dans le monde.

Yves Bouteille prend congé pour rentrer chez lui où il a laisséson épouse un peu souffrante et Yves Gazeau prend sa relève. Il nous emmène en voiture a l’hôtel Campanile dans la zone industrielle où se déroulera la réunion des anciens de Mazagan. Tous les présents sont des amoureux inconditionnels du Maroc. Tous sont heureux de me voir car j apporte avec moi comme ils disent «rihat lebled» (le parfum du pays). Certains y sont nés et s’y sont établis depuis deux ou trois générations. d’autres n’ont connu la France que bien plus tard. Beaucoup parmi l’assistance parlent l’arabe comme le docteur Ficini (ex-chirurgien a l’hôpital régional), Michel Rizzo (ex-enseignant au collège Rafy), Marc Sellier (gérant de ferme), J. Pierre Guilabert, Bernard Houzé, Saint-Marc de Oualidia, Pierre Bouscatier petit-fils de l’épicier Boyer et Marthe Garnier dont le livre (Passeport to English) était au programme des lycées marocains.

On boit le thé et on mange les gâteux marocains distribués abondamment par Fatima Ait-Kaci, fille de l’ancien directeur de l’école franco-musulmane (collège Rafy). On se raconte faits et souvenirs. Odile Gackiere épouse de Marc Sellier me dit avec fierté: «Mon pays c’est Chtouka». Ses parents tenaient une ferme a l’oulja d’Azemmour entre El Jadida et Bir-Jdid. William Tillet nous présente les photos témoignant de la présence de ses parents a El Jadida. Son grand-père y avait créé le premier établissement électroménager Benet en face du deuxième arrondissement urbain.

A la fin de la réunion, nous retournons chez Jean-Louis Morel, qui nous parle de ses amis jdidis. Il avait consacré deux livres a El Jadida, et me montre fièrement une carte qu il avait reçue de son ami de classe feu Tahar Masmoudi ancien ministre marocain de commerce ainsi qu une lettre de l’ancien ministre Fassi Fihri.

Certains qui n’ont pas pu assister a la réunion pour des raisons de santé ont fait savoir qu ils partagent les mêmes sentiments d’amitié. Roger Jacquet, par exemple, de son lit de maladie, me raconte au téléphone, avec respect et admiration, comment dans sa jeunesse a El Jadida, quand ils emmenaient le cercueil d’un de leurs défunts au cimetière catholique, tous les habitants musulmans, juifs et chrétiens s’arrêtaient attendant le passage du cercueil dans un respect légendaire.

Et c’est a grand regret que j ai quitté ces amoureux inconditionnels du Maroc et que chacun d’eux m a chargé de transmettre ses salutations chaleureuses a tous ses amis et a la terre marocaine.

Mustapha JMAHRI
ElJadida.com

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