Chroniques Mazaganaises #1

Cette semaine,
– Emploi: pas de chance pour le foulard…
– Bruits de factures dans la cité
– Odeurs nauséabondes au centre ville
– Il était une fois le meilleur ami de l’homme
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Emploi: pas de chance pour le foulard…

M. est une jeune fille a la fleur de l’âge, belle intelligente et mature. Du haut de ses un mètre soixante quatre, elle est diplômée : Bac+4, moderne et sobre dans sa tenue vestimentaire, seule particularité, elle porte un beau foulard multicoloreMais croyez moi, ce bout de tissu constitue pour elle ce qu elle a de plus précieux : sa dignité, sa droiture et son honneur. Son foulard, c’est sa liberté, sa fierté et sa raison d’être et ce, depuis un certain Ramadan quand elle avait décidé de lire le coran en entier pendant ce mois sacré, lecture qui lui avait permise a travers la sourate « nour » de lui tracer la voie d’une vie faite de prière, de respect et de pudeur.
En avril 2006, elle reçoit un contact par téléphone pour se rendre a un entretien d’embauche dans une Banque régionale installée a Marrakech et ce, en compagnie de 11 de ses amies, lauréates de la même école supérieure a EL JADIDA. M. est d’un excellent niveau d’études avec a son actif quatre stages dans les Banques de la place d’El Jadida et un comportement irréprochable, sans fard ni artifice.
Toutes les candidates ayant postulé pour intégrer l’organisme bancaire demandeur ont été recrutées, a l’exception des candidates voilées : M. et meryam. !! Et malgré cette exclusion, M. reste confiante et s»re de ses capacités a faire face a cette discrimination que nous souffrons de vivre dans notre pays, dit musulman !!!??
M. reste fière de son choix et va rendre visite a ses copines nouvellement recrutées au niveau du guichet bancaire, situé a quelques mètres de la Poste principale d’EL JADIDA. Moralité : La même histoire vécue par M. se passe en France, en Angleterre mais aussi en Tunisie et en Egypte ??? Alors, rassurez vous, nous n’avons pas le monopole de l’exclusion, nous restons dans le sillage des démocraties occidentales ???? Vive la démocratie et vive la liberté, d’embauche ???
M. (email) : [email protected]

Bruits de factures dans la cité

Les habitants d’El Jadida ont du mal a avaler la dernière «pilule » de la RADEEJ (quittances d’eau et d’électricité), la fracture, Heu pardon ! la dernière facture du mois de septembre est un peu salée. On vous dira : mais qui va payer l’éclairage public nocturne de la plage dont ont bénéficié les estivants, jdidis et invités durant l’été a telle point que certains se sont amusé a comparer la rue piétonne avoisinant la plage jdidie a « la promenade des anglais » de NICE !? Pas moins ? d’accord, mais l’augmentation est abusive et les autorités locales s’attendent a un sit-in de protestation devant le siège de la Régie le mardi 22 novembre 2006.Reaction spontanée, tout a fait justifié, le consommateur souffre dans son petit coin mais quand une certaine limite est dépassée, la masse silencieuse se défend comme elle peut, l’exemple est donné ces derniers temps par la grogne des petites gens a Casablanca, Rabat, Tanger…
Moralité : On va toujours chercher l’argent la où il se trouve, chez les pauvres !!!!!
Et on ne prête qu aux riches…

Odeurs nauséabondes au centre ville

Ces derniers jours le promeneur jdidi du centre ville est incommodé par une odeur nauséabonde du côté du Centre Commercial MARHABA. Un nostalgique mazaganais vous dira que c’est l’esprit de la cité qui cherche a hanter les nouveaux maîtres de la tour bleue, bâtie en lieu et place du mythique Cinéma MARHABA. Alors, les travaux d’assainissement s’éternisent et au centre-ville ça pue…
De nouveaux immeubles viennent d’être construits dans les environs, a la va vite. Vous me direz l’important pour certain c’est le tiroir caisse, le pognon rapide et inodore !!! La ville, elle, son aménagement, son esthétique, ses espaces verts, tous ces vocables sonnent creux pour nos promoteurs immobiliers, souvent des rentiers peu scrupuleux de la mémoire collective, d’un certain savoir vivre que nous ne connaissons hélas que dans nos vieux souvenirsDis moi ce que tu construis je te dirai qui tu es !!!
Je me permets de citer Abdelkebir KHATIBI, un enfant de la ville dans son recueil de poésie : « le lutteur de classe a la manière taoïste» :
« l’histoire est un mot, l’idéologie un mot, l’inconscient un mot…! »

Il était une fois le meilleur ami de l’homme

Attablé a la terrasse du café LA CHOPPE, je le vis ce jour la chétif, fatigué, harassé, abattu, squelettique, ne sachant que faire dans l’avenue déserte de la ligue arabe. Sa patte arrière gauche est blessée, elle traîne, meurtrie par un coup de pierre lancé par un de ces gamins de Derb Berkaoui ou Derb Daya. Le chien que je vous decris en ce moment n’est ni un berger allemand ni un pitbull ni un doberman ni un chien de race, élevé pour défendre son maître ou combattre dans un ring pour clebards comme le font les jeunes adolescents de certains quartiers de Casablanca ou d’ailleurs. c’est un chien tout jeune ,un bâtard comme ceux que nous rencontrons souvent dans certaines cités, peureux et malheureux faute de trouver une âme charitable pour les protéger, les élever a l’abri des inconnus qui maltraitent les clebs, les mulets, les ânes et les ânesses. Traînes, vieil ami, sans patrie, pas de pitié pour toi et tes semblables, ici on n’accepte pas les faibles, les chômeurs, les chétifs de ton genre, les vaincus, les enfants de la rue et les vieillards mal en point. Ici on meurt a petits feux, on fait des compagnes musclées pour massacrer les chiens errants a coups de crosse ou de fusils dans l’ensemble du territoire,dans le but d’éradiquer la rage et tout ce qui menace la santé des hommes .Ici, il n’y a plus de place pour le meilleur ami de l’homme.
NB : l’appel est lancé aux associations de protection des animaux pour organiser des concours pour éleveurs de chiens de race, le but : réhabiliter cet animal, vieil ami de l’homme, délaissé, affamé et a l’abandon dans la ville comme dans la compagne…

A bon entendeur écoute !

Tarik Boubiya – El jadida

Auteur/autrice