Mazagan rend hommage a Driss Chraïbi

Les Jdidis seront au rendez-vous pour célébrer l’écrivain et son œuvre, après des années d’absence, Driss Chraïbi retourne a sa ville natale El Jadida qui lui rend hommage le 13 et 14 décembre. Initié par l’Association provinciale pour les affaires culturelles a El Jadida, en partenariat avec l’Association At Art et le Laboratoire d’Etudes et de Recherches sur l’Interculturel, cet hommage a l’auteur du “passé simple” aura lieu en sa présence. s’articulant sur deux journées, cette rencontre sera marquée par la signature d’un portfolio, réalisé par Driss Chraïbi et l’artiste peintre jdidi Abdellah Dibaji, le 13 décembre.

La deuxième journée sera l’occasion de revisiter et d’analyser les œuvres du père de la littérature marocaine de langue française. Universitaires et chercheurs interviendront lors de cette conférence pour faire l’autopsie d’écrits impressionnants de richesse. Né en 1926 a EL Jadida, Driss Chraïbi est l’un des grands écrivains marocains de langue française, si ce n’est le fondateur de cette section importante de la littérature marocaine. Son premier roman “Le passé simple” paru en 1954 révèle une plume acerbe, tranchante.

Dès ses débuts Chraïbi s’est forgé une identité d’enfant terrible de la littérature marocaine. Il n’hésitait pas a trancher dans le vif, a critiquer et même a fustiger la société traditionaliste d’alors. Derrière cette âme rebelle, un parcours assez mouvementé. Condamné a l’immigration, le jeune Chraïbi quitte son Mazagan natal pour rejoindre la métropole casablancaise. Après ses études secondaires, il part en France, en 1945, pour préparer un diplôme en Chimie. Il pratique plusieurs petits métiers avant de décrocher le titre d’ingénieur.

Avec la parution de son “passé simple”, le jeune écrivain s’attire les foudres de ses compatriotes qui l’accuse d’une “trahison” intellectuelle. Pour eux, il a poussé le bouchon trop loin en dénudant, sans vergogne, les imperfections de la société marocaine. Le beau temps n’arrive qu avec le premier numéro de la revue marocaine “Souffle”, en 1967. La “rancune” se fait moins féroce et l’image de l’écrivain f»t par la même occasion réhabilitée.

Les œuvres de Driss Chraïbi se font de plus en plus nombreuses et il se construit progressivement une solide carrière d’écrivain francophone qui exprime dans la langue de Molière les déboires d’Ali, son inspecteur fétiche, un personnage loufoque a l’intelligence certaine.

Sa plume vire au policier tout en gardant ce regard ironique posé sur la société. Il s’essaie également au roman historique dans une tentative de rapprochement de son pays bien aimé. l’écrivain marocain a reçu de nombreux prix littéraires tels le prix de l’Afrique méditerranéenne pour l’ensemble de son œuvre en 1973, le Prix de l’amitié franco-arabe en 1981, le prix Mondello pour la traduction de Naissance a l’Aube en Italie.

Un passé pas aussi simple

Lors de sa parution en 1954, ce livre fit l’effet d’une véritable bombe, tant en France qu au Maroc qui luttait pour son indépendance. Avec une rare violence, l’auteur projetait le roman maghrébin d’expression française vers des thèmes majeurs : poids de l’Islam, condition féminine dans la société arabe, identité culturelle, conflit des civilisations», c’est en ces termes que l’éditeur Gallimard présentait le premier né de Driss Chraïbi «Le passé simple». c’est l’histoire d’un jeune Marocain qui se rebelle contre toute forme de conservatisme.

Il s’oppose avec violence a son père et a tout ce qu il représente comme traditions «dépassées» de la société marocaine. Dans une tentative de libération, il part étudier en France.

Le roman de Chraïbi évoque les conflits de civilisations, le décalage culturel entre les générations, les problèmes et la dualité identitaires des l’individus évoluant sur les rives de deux cultures. «Le passé simple» est un roman intemporel qui reste d’actualité dans un contexte mondial régi par les courants de migration internationale. Sa parution en période de colonisation du Maroc, lui vaut un mauvais positionnement au niveau national, il est accusé, a tort, de trahison et de collaboration avec le colonisateur.

REPRES

Bibliographie

> 1954: “Le Passé simple” chez “Gallimard”
> 1955: “Les Boucs”
> 1956: “L ne”
> 1958: “De tous les horizons”
> 1961: “La Foule”
> 1962: “Succession ouverte”
> 1967: “Un Ami viendra vous voir”
> 1972: “La Civilisation ma mère !”
> 1975: “Mort au Canada”
> 1981: “Une enquête au pays”
> 1982: “La Mère du printemps”
> 1995: “L homme du livre”
> 1995: “L inspecteur Ali a Trinity Collège”
> 1998: “Lu, vu, entendu”
> 2001: “Le monde a côté”

Mlle BOUMAHDI

Auteur/autrice