Des courtiers saisonniers de tout âge investissent les cités balnéaires

Avec l’avènement de chaque saison estivale, la fièvre de location des appartements et maisons affecte de nombreuses villes a vocation touristique, particulièrement El Jadida qui devient en cette période, un grand point de concentration de visiteurs aussi bien nationaux qu étrangers.

Cette fièvre est alimentée par une catégorie de personnes, de différents âges, qui deviennent, le temps d’une saison, des “courtiers saisonniers” qui proposent leurs services aux estivants en quête d’une maison ou d’un appartement de vacances.

Tout au long de l’axe routier unissant le centre de capitale de Doukkala a la station balnéaire Sidi Bouzid, en passant par la gare routière et les arrêts de taxis, des dizaines de jeunes hommes, femmes et enfants abordent, a longueur de journées, les visiteurs qui arrivent dans la ville et sont a la recherche d’un logement de vacances.

Il est devenu habituel que le visiteur fasse l’objet de grands égards de la part de ces “courtiers” qui ne reculent devant rien pour le persuader d’accepter leur offre.
En général, ce qui est proposé en guise de maison de vacances n’est qu un simple appartement, souvent peu équipé, mal situé ou insalubre.

Il se situe particulièrement dans les quartiers populaires ou ceux proches de la côte comme ceux de Berqaoui, Mellah ou Bouchrit.
“Nous sommes obligés de louer nos appartements pour subvenir a nos besoins”, a reconnu une de ces femmes qui a fait d’un petit coin de la gare routière sa propre agence immobilière.

Ce phénomène s’accentue chaque été en raison, d’une part, de l’affluence des touristes qui viennent des villes de l’intérieur et de la faible capacité d’accueil qu offre la ville a ses nombreux visiteurs.

Pour nombre de familles jdidies, surtout celles des vieux quartiers, il s’agit d’une manne. Chaïb (14 ans) représente une catégorie des mineurs qui s’adonnent au métier de courtier pendant leurs vacances d’été qui, a longueur de journée, se balade une rame de clés a la main.

A chaque été suffit sa peine

a la chasse des potentiels clients et se protéger du soleil de plomb de ce mois d’aout. “De nombreux gamins du quartier Saada et d’autres se convertissent en courtiers pour aider leurs familles et, parfois même, mettre de côté une partie du pourboire reçu en contrepartie de menus services en prévision de la prochaine rentrée scolaire”, a expliqué Chaib.

Pour ne pas verser une haute commission, la plupart des familles du quartier évitent de demander les services des agents immobiliers, et c’est pour la même raison que les clients ne recourent pas aux services des agences.
“Dans les deux cas, nous sommes les grands bénéficiaires”, a avoué le petit Chaib.

Ce que ce petit courtier en herbe a révélé en toute innocence ne plait guère aux agences immobilières agréées, qui se plaignent des effets négatifs de ce phénomène, estimant que la présence de ces mineurs sur le marché constitue une menace pour la profession et une concurrence illégale.

Ce genre d’opérations n’est pas conforme a la loi, affirment les agences, qui précisent que plusieurs procédures ne sont pas respectées, notamment la nécessité de fournir des pièces justifiant de l’identité du locataire.

El Jadida vit chaque été le même scénario dont les acteurs sont les propriétaires, les courtiers saisonniers et les agents immobiliers agréés, et la solution, de l’avis de plusieurs observateurs, serait d’augmenter la capacité d’hébergement et la mise a niveau des structures d’accueil orienté vers le tourisme intérieur.

Redouane Baakili
Menara.ma

Auteur/autrice