Doukkala-Abda, un hub énergétique

Les échos quotidien : La région de Doukkala-Abda tend de plus en plus a devenir une plateforme de production et de stockage d’énergie. Quel est l’état d’avancement de ce chantier ?

Bouchaib Erraziki : Cette région abrite déja JLEC a Jorf Lasfar, un grand opérateur de production d’énergie électrique a base thermique, dont la production permet de couvrir plus de 40% de la demande nationale. Aujourd hui, deux nouvelles unités JLEC 5 et 6 sont en construction et seront opérationnelles en 2013 et 2014 avec un investissement de l’ordre de 15,5 MMDH. La société TAQA et la société Jorf Lasfar énergie participent a hauteur de 12,7 MMDH et l’ONE a 2,8 MMDH a ces deux projets. Nous pouvons annoncer le démarrage prochain a Safi d’une centrale thermique. Elle sera construite en parallèle avec un nouveau port dédié a la réception de charbon blanc. Ce projet nécessitera des investissements de l’ordre de 4 MMDH. l’adjudicataire final sera connu sous peu et l’unité sera opérationnelle en principe dans les 3 prochaines années. Le territoire attire également les investisseurs en énergie éolienne. La faisabilité économique de l’implantation de mats de production d’énergie éolienne au niveau de Safi se confirme. Par ailleurs, plusieurs projets sont en cours d’étude ou de conception par des investisseurs nationaux et étrangers notamment a Cap Beddouza. Ceci confortera davantage le positionnement de la région en matière de production d’énergie. Pour ce qui est du stockage de gaz, la politique énergétique nationale vise a faire du site de Jorf Lasfar le plus grand lieu de stockage aérien de gaz du royaume. Les opérateurs économiques dans le domaine implantent de plus en plus les sphères de stockage de butane et de propane dans la zone de Jorf Lasfar.

Comment évaluez-vous aujourd’hui la performance du secteur de l’industrie a Doukkala-Abda ?

Du point de vue industriel, la valeur ajoutée créée est axée sur l’industrie des phosphates, l’agroalimentaire, l’industrie de poissons, l’énergie, la métallurgie et le gypse. Quelques 279 sociétés de transformation participent a hauteur de 11,2 MMDH a la valeur ajoutée industrielle nationale, soit 13% au niveau national et emploient 20.000 personnes. De ce fait, la région se positionne au 2e rang au niveau national en matière de captage des industries de transformation. La région d’El Jadida a attiré a elle seule 27% des IDE injectés dans l’économie marocaine en 2011. Le parc industriel de Jorf Lasfar (ndlr: 500 ha) qui est en phase de commercialisation, met a la disposition des investisseurs des lots de terrains adaptés a leurs projets. Jorf Lasfar connaît actuellement une grande pression en termes de demandes d’investissement, notamment en termes d’industries lourdes. Le hub phosphatier de l’OCP attire les investisseurs de plusieurs pays (ndlr: Pakistan, Inde, Allemagne, Brésil…).

Comment évaluez vous le développement du secteur agroalimentaire ?

Le potentiel de développement du secteur de l’agroalimentaire dans notre région se base essentiellement sur la richesse agricole et la richesse halieutique. La conserve de poisson est historiquement liée a Safi. En matière agricole, la valorisation des produits du terroir est très présente dans le plan régional Maroc vert. Je cite par exemple l’industrialisation de la câpre. l’arrière-pays de Safi dispose d’un potentiel de développement de la culture de ce produit. Des projets de lavage, de traitement, de calibrage et de mise en bouteilles sont en train de germer. Le développement de l’agriculture a permis a la région de se doter d’une main-d œuvre qualifiée et répondant aux exigences de ce secteur. d’ailleurs, de grands groupes nationaux et internationaux opèrent dans notre région, tels que Somadir, Nestlé et Centrale Laitière a El Jadida, Caprel et Safi Land a Safi, Cosumar a Sidi Bennour… l’avenir est très prometteur pour valoriser davantage la production agricole du Doukkala Abda. En outre, l’OCP est producteur de phosphates, mais également de fertilisants. Il compte renforcer sa production en la matière, spécialement au niveau des sites de Jorf Lasfar. Cette année, le groupe entame une stratégie d’accompagnement des agriculteurs pour booster l’utilisation des fertilisants. Cette politique permettra aux agriculteurs de la région d’augmenter la productivité, ce qui sera un avantage pour l’industrie agroalimentaire. Sur un autre volet, cette année, l’OCP démarrera également une importante unité a Safi dédiée a la production des aliments de bétail et de volailles a base de produits phosphoriques. c’est une diversification innovante de la part du groupe.

La poterie contribue énormément a l’emploi et a la création de richesse dans la région. Existe-t-il des nouveaux créneaux permettant le développement du secteur ?

Le développement du tourisme conditionne le développement de l’artisanat. Ce dernier secteur constitue aussi un pilier de l’économie régionale. La poterie a Safi, le tissage a Sebt Sais, la broderie a Azemmour et a Safi, la ferronnerie a Youssoufia, sont les branches d’activités les plus prisées. l’artisanat qui est appelé a se moderniser, présente des capacités inexploitées. Le traitement de l’argile, l’industrialisation des outils de production, le marketing des produits sont autant de créneaux porteurs de développement. Les programmes de développement des 4 provinces de la région prévoient la création de nouveaux espaces dédiés a l’artisanat. Safi, un nouveau village des potiers sera construit.

Quel bilan faites-vous cette année au CRI Doukkala-Abda ?

Le Centre régional d’investissement de la région Doukkala-Abda, malgré une conjoncture économique difficile, a enregistré durant le premier semestre 2012 des résultats encourageants qui reflètent le dynamisme que connaît la région et le niveau d’attractivité du territoire. Le bilan quantitatif fait état d’une évolution de 60% en matière du nombre de certificats négatifs accordés durant le premier semestre 2012. travers les deux représentations de l’OMPIC a Safi et a El Jadida, le CRI a délivré 827 certificats négatifs durant cette période, contre 517 au cours de la même période de l’année 2011. Par secteur d’activité, les certificats négatifs accordés dans le secteur du bâtiment et des travaux publics constituent 37%, ceux des services 26% et ceux du commerce 23%. l’industrie détient la 4e place avec 10%. Le nombre d’entreprises créées a connu également une évolution substantielle de 17% comparativement au premier semestre de l’année 2011, en passant de 672 a 787 dossiers traités. Par forme juridique, les SARL s’accaparent 54% des entités créées contre 47% durant la même période de l’année dernière. Le bilan fait état également de 42 dossiers d’investissement ayant reçu l’avis favorable de la Commission régionale d’investissement et de dérogations durant ce semestre. Ces projets engendreront l’injection de 7.086,53 MDH et la création de 4.557 postes d’emplois. Dans le cadre des pouvoirs délégués aux Walis de régions, le nombre d’autorisations délivrées durant le premier semestre de 2012 s’élève a 36 autorisations. Elles concernent les domaines de la recherche minière, le classement des établissements touristiques, la licence des débits de boissons, l’enquête commodo et incommodo, la vocation non-agricole et l’occupation temporaire du domaine public.

Mohamed Ramdani
Les Echos

Auteur/autrice