Doukkalyates

Enfin le nouveau code de la Famille est bouclé! Les mineurs ne sont plus impliqués dans les affaires matrimoniales, l’avis du tuteur n’a plus son poids, le divorce et la polygamie ne sont plus des couteaux dans le dos… En résumé, cette récente retouche se veut conciliante entre les deux sexes afin de clore une prise de bec engagée depuis le paradis pour une pomme croquée! Mais que pensent nos J didiyates de la Moudawana Al Jadida?

Sur le terrain, le constat est flagrant; même a dix huit ans, cendrillon n’est pas pressée de convoler en noces; l’acquisition de ses bases constitue son souci majeur. Quant aux princes charmants, ils ne se bousculent plus au portillon, au grand dam des parents prêts, cerise sur le gâteau, a marier leurs protégées au premier prétendant; donc a quoi bon parler tutelle? Pour nos aïeux, la polygamie accordait une variante légale allant jusqu a quatre partenaires; de nos jours, les jeunes découvrent a leur manière une polygamie clandestine; pourquoi donc s’embarrasser d’épouses, alors que les trottoirs offrent des harems a ciel ouvert? Réciproquement, les femmes ne sont plus une chasse gardée, et gare aux compagnons molassons.

Côté libido, le principe de l’égalité n’a plus de secret pour les deux sexes; en revanche que dit-on du reste? Rien n’est encore s»r; c’est l’indépendance pécuniaire qui prédomine les réflexions. Des femmes n’hésitent pas a dénoncer une équité boiteuse qui les prive de certaines professions soi-disant masculines. Si l’Education nationale et la Santé en emploient un bon nombre, certaines audacieuses osent se frayer une voie a travers des bastions, monopoles des hommes, tout en assumant les aléas de l’égalité.

A l’exemple de la fonction Femme agent, la base de l’égalité est appliquée dans ses moindres accoutrements; pour en connaître le degré, une comparaison s’impose. En Europe, la pilule de contravention passe mieux grâce a la tenue coquette des contractuelles. Chez-nous, le contrevenant repart avec un sentiment de compassion pour ces dames qui contribent au soutien des caisses de l’Etat sans percevoir, comme prime de risque, le moindre écran solaire! Par mes remarques, je ne vise point d’immixtion dans les affaires de messieurs les galonnés, ce serait pot de terre contre pot de fer; l’idée de permettre a ces mandataires d’exercer sous une tenue féminine, c’est reconnaître a la Femme toute sa polyvalence et aider certains chauffards a ne plus considérer la fille d’Eve en tant que femelle.

Dans le Privé, les femmes ouvrières sont vouées aux tâches pénibles contre un maigre salaire qu il faut sans cesse améliorer par des heures supplémentaires en tout temps, au détriment de leurs enfants. Le plus souvent, elles sont victimes des dissensions partisanes et regagnent a nouveau le club des chômeurs, un lieu où femmes et hommes sont logés a la même enseigne. Au fil du temps, nos demandeuses d’emploi bradent petit a petit leur affaires ou partagent leurs chambres avec des locataires. Les moins pudiques osent s’abandonner a toutes les convoitises; celles qui craignent pour leur dignité, s’assument en priant pour des jours meilleurs. Côté non chômeur, dès son retour au bercail, la femme ouvrière retrouve son rôle de bobonne pour souffrir les caprices de sa famille. A propos de la participation de l’homme aux tâches ménagères, les avis sont de toutes les couleurs; le défilé s’ouvre par le cabochard pour qui la compagne compte pour une génitrice, et se clôt par le mari au rôle figuratif.

Quant a la progéniture, tout le monde s’accorde sur la difficulté de communiquer avec les jeunes. Si par ailleurs des jeunes adultes quittent prématurément leur foyer pour se forger l’esprit, ici nos rejetons tardent a voler de leurs propres ailes a cause du chômage ou l’absence du soupirant. Les mariages arrangés n’ont plus d’adeptes, seuls quelques démunis tentent cette union tout en créchant chez les parents. En ce qui concerne les adolescents, les jeunes filles préfèrent tailler un brin de causette avec leur camarades de classe, que de rentrer plus tôt pour aider au ménage. Leurs camarades garçons s’intéressent aussi au vestimentaire et considèrent leur look comme l’arme du tombeur. Désormais, les apparences trompeuses font bon ménage avec la nouvelle génération!

Si en ce moment, les droits de la Femme sont au coeur des médias, notre célèbre comédien Abderraouf en profite aussi pour donner la réplique par une pièce de théâtre où il joue le personnage d’un homme martyrisé par sa belle mère. c’est une piètre consolation pour certains hommes qui croupissent sous le joug de leurs femmes maîtresses. Une affaire a suivre.

Merci.

Abdelaziz Cherif

Auteur/autrice