El Jadida et Azemmour honorés par le Festival de la Poésie « Voix Vives »

A quelques mètres du Quartier de Derb Berkaoui , le lieu de naissance d’Abdelkebir KHATIBI, sur l’esplanade du Jardin Mohamed V d’El Jadida, l’âme de toute une ville s’est dressée, assistée de ses sculptures en forme d’oreilles, écouter les paroles étranges et sensées de la tribu des poètes venus d’ici et d’ailleurs, célébrer la naissance du Festival de la Poésie au nom de « Voix Vives ».

Installé depuis des années a Sète, c’est la première fois que cette « fiesta » de la poésie voyage de méditerranée en méditerranée, de Sète a El Jadida, pour célébrer une nouvelle page culturelle dans la capitale des Doukkalas EL Jadida et a Azemmour.

Les poètes étaient au nombre de 60, disent-ils, selon la rumeur qui circule, et suivant les dépliants bleus qu on distribue ça et la. Personne ne les attendait dans la noble cité, sauf peut être les organisateurs du projet qui ont déplacé des montagnes d’idées et un bon paquet d’astuces organisationnelles pour la réussite de leur projet.

Un bon mois auparavant, nous avions été a l’affut via internet pour découvrir le programme. Niet, Walou !! Pas une miette de ce qui allait advenir, de ces veillées poétiques, il parait que c’était la faute de l’éditeur Marocain, c’est important a savoir, pour la suite

L’événement est grandiose a plus d’un titre. Le choix de la ville n’est pas fortuit, El Jadida est jumelée depuis 20 ans a la ville de Sète, mais c’est également la ville de naissance de Driss CHRAIBI, d’Abdelkebir KHATIBI et puis actualité oblige, El Jadida c’est aussi la cité de prédilection de Fouad LAROUI, le nouveau lauréat du prix Goncourt de la catégorie « Nouvelle » version 2013. Le nouveau mentor de l’intelligentsia locale devenue ces derniers jours une fierté nationale a vécu a El Jadida une grand partie de son enfance, revendiquant lui-même haut et fort être et avoir toujours été un vrai jdidi, il vous suffit pour vous en persuader de réécouter l’émission « Mars-Attack » de Lino BACCO a Radio Mars du Mardi 21 Mai 2013, ou de lire l’article de ET-TAYEB HOUDAIFA de l’hebdomadaire LA VIE-éco du Vendredi 14 Juin 2013 au titre évocateur : « Fouad Laroui, l’enfant prodige de Doukkala »

El Jadida bien aimée, ton quotidien, ta paisible existence a été d’un coup ébranlée, secouée même, durant ces trois jours par une poésie aux couleurs universelles (17-18 et 19 Mai 2013). Personne de nous autres héritiers du legs « Khatibien » n’avions espéré un tel déferlement, une telle invasion bienfaitrice, pas même dans le rêve !

Mais parlons vrai et parlons franchement de ces trois jours, personnellement je n’en vois que du positifJe jubile rien qu a l’idée d’avoir accueilli ces guerriers du 21ème Siècle, chus chez nous, par un heureux hasard, armés de mots nouveaux et de couplets chatoyants, débarquant de leur enclos occidental, animer la place littéraire, gouverner l’espace de la cité. J entends la voix de ma poétesse préférée, venue d’un ailleurs d’ici, au loin la-bas, a Paris. Son poème scande les stigmates d’une blessure naissante. c’était il y a deux ans, Siham BOUHLAL était l’invitée du café Littéraire d’El Jadida, nous avions marché dans les labyrinthes de la Medina quand, arrivés au niveau de la ruelle principale de la cité portugaise, notre escapade nous fit visiter l’Eglise de la cité, donnant ainsi naissance au poème ci-après, le seul qui sied le mieux a notre événement :

« Dans les entrailles de Marie
A ces morts de l’Eglise Sainte Marie de l’assomption de la cité portugaise d’El Jadida, profanés, puis remis en terre.
Ils sont morts ici.
Devant Marie qui regarde.
Tombés au sol froid. Ou chaud de prières. Nul ne le sait.
La vasque bénite.
Pour seul témoin.
Des hommes ou des femmes. Qu importe la confession ! Un soir ou un matin. Leurs cadavres. Ou bien au zénith d’un soleil. Profond dans la terre.

Ressac de Mazagan
Spiritu sancti

Ils sommeillèrent la. Dans la mémoire du Temps. Celle atrophiée de leurs frères.
Ils creusent ces autres. Les os des femmes ou d’hommes.
Qu importe la confession ! Heurtent les pioches.

Allah Akbar
Ressac de Mazagan

Que ces os impies périssent ! Sac de jute. Dans un coin jeté. Que faire de ces morts ? Anciens. Trop vieux. Aux croix défraichies. Sur le cœur. Enterrons-les encore. Ici même.
Le ciment empeste
Le sacrilège

Pas de tombe. Ni de stèle. Pour ces impies

Seuls
La vasque bénite prie encore
Et le ressac de Mazagan les pleure »
(Poème a la Page 64 – Ontologie El Jadida 2013 aux éditions du Sirocco)

Selon les mots de Maïthé Vallès-Bled, La directrice et fondatrice de ce Festival : « l’accueil de cette grande manifestation par El Jadida et Azemmour s’inscrit d’évidence dans le développement du jumelage existent depuis 20 ans entre les deux villes, El Jadida et Sète. Ces voix multiples venus de toutes les rives de la méditerranée sont autant de passerelles entre les différentes cultures les différentes langues les différents peuples ».

Sur ce, une autre facette de cet événement verra le jour prochainement, enchainant sur cette première réflexion saisie a chaud dans le feu de l’avènement de cette féerie poétique, océan de délivrances

( suivre)

Tarik BOUBIYA
Aithnitchhs.blogvie.com

Auteur/autrice