El Jadida: Les agriculteurs s’instruisent sur la qualité

Une journée de sensibilisation, autour des filières de la traçabilité et qualité des produits agricoles, a été organisée a la station de conditionnement de la coopérative Chtoukia par la DPA (Direction provinciale de l’agriculture) et l’Ormva des Doukkala (Office régional de la mise en valeur agricole). La station est située a une vingtaine de kilomètres sur la route côtière d’Azemmour en allant vers Casablanca. Les fellahs sont arrivés en nombre pour écouter les explications sur des techniques scientifiques de la traçabilité garante de la qualité des produits de la terre.

L’expérience des cultures maraîchères biologiques dans l’exploitation de la société Agrior a été exposée. Depuis la saison agricole passée, des investisseurs étrangers ont opté pour la région de Chtouka pour cette activité agricole. Actuellement, la superficie réalisée en cultures biologiques s’étend sur 9 hectares. Agrior produit différents types de tomates sous serre. La tomate cerise occupe a elle seule près de 55% par rapport aux autres variétés. La société Agrior, propriétaire de l’exploitation de tomate biologique, dispose d’un service marketing performant, explique Nadia Moumene, chef de bureau des plantations fruitières a la DPA. Bureau dont la mission est la recherche des marchés et la négociation des prix de vente.

La société a déclaré qu actuellement, elle ne trouve pas de difficulté de commercialisation de ses produits. Les marchés destinataires sont essentiellement la Hollande et l’Angleterre. Au cours de cette campagne, les prix de vente de la tomate biologique varient entre 25 et 40 DH le kilo, un prix supérieur a celui de la tomate conventionnelle. Cependant, le secteur a aussi ses contraintes et ses difficultés pour lutter contre les maladies (mildiou) et les insectes ravageurs (la mouche blanche). Cela nécessite naturellement des moyens de traitement biologiques assez onéreux. l’insuffisance d’une main-d œuvre spécialisée compte parmi les autres difficultés du secteur. Autre problème, et non des moindres, la cherté du co»t de certification. l’organisme certificateur est un organisme étranger Ecocert, qui effectue des visites inopinées de l’exploitation a raison de 1 a 2 fois par mois. Autant d’exigences contraignantes mais qui donnent libre accès aux marchés extérieurs.

Dans la conjoncture actuelle, cette culture apparaît comme une alternative salutaire pour les milliers d’agriculteurs de la région de Chtouka. Ces derniers se disent sinistrés et endettés jusqu au cou. Leurs conditions se sont détériorées alors que Chtouka était la première région du Maroc exportatrice des produits maraîchers et primeurs. Aujourd hui, les superficies réservées a ces cultures sont passées de 1.200 a 500 hectares pour les tomates. La pomme de terre connaît une certaine constance car écoulée facilement dans le marché local. Les exportations de la tomate ont chuté de 37.500 tonnes en 1995 a 1.800 tonnes durant l’année écoulée. A noter qu Agrior a exporté l’ensemble de sa production, soit 495 tonnes, pour la campagne 2004-2005.
Le nombre des coopératives maraîchères a aussi spectaculairement baissé.

Elles sont passées de 38 en 1981 a 4 au cours de cette année, avec 42 adhérents seulement. Le petit fellah est écrasé par les dettes, il vend ses terres et les enfants fuient vers la ville, témoigne un agriculteur de la région. La solution? Les agriculteurs doivent s’organiser en associations et en fédération pour faire face au marché intérieur et aux marchés extérieurs avec l’avènement des accords de libre-échange (ALE), explique Ali Moulid, directeur de l’Ormvad. l’organisme annonce de fait la mise en place de mesures d’encadrement avec des techniques de proximité. Par ailleurs, l’Office compte s’atteler a la préservation de la nappe phréatique de la région menacée par une forte salinité. Le projet concerne 2.500 hectares pour un budget de 150 millions de DH.

M. R.
L’Economiste

Auteur/autrice